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Barthélémy Verreau dit Le Bourguignon & Marthe Quitel

Découvrez l’histoire de Barthélémy Verreau dit Le Bourguignon, taillandier de Dijon, et de Marthe Quitel, Fille du roi originaire de Rouen, qui s’établissent à Château-Richer au XVIIe siècle. Ce couple fondateur est à l’origine de tous les Verreau d’Amérique du Nord.

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Barthélémy Verreau dit Le Bourguignon & Marthe Quitel

Un maître-taillandier et une Fille du roi en Nouvelle-France

 

Localisation de Dijon en France (Mapcarta)

Barthélémy Verreau dit Le Bourguignon, fils de Michel Verreau et de Claudine Roche, naît vers 1631 dans la paroisse Saint-Jean de Dijon, en Bourgogne. Située à 263 km au sud-ouest de Paris et à 175 km au nord de Lyon, Dijon appartient aujourd’hui au département de la Côte-d’Or, dans la région Bourgogne–Franche-Comté. En 2022, la ville compte quelque 250 000 habitants, appelés Dijonnais.

Dijon, capitale historique du duché de Bourgogne et surnommée « ville aux cent clochers » sous l’Ancien Régime, est au début du XVIIe siècle une cité provinciale prospère. Elle joue un rôle administratif et judiciaire majeur au sein du royaume de France et se distingue par une forte activité intellectuelle et religieuse, portée par de nombreuses paroisses, couvents et écoles.

 

La paroisse Saint-Jean

L’église Saint-Jean de Dijon, où Barthélémy Verreau a probablement été baptisé (Geneanet)

L’église paroissiale Saint-Jean de Dijon a une histoire riche et mouvementée. Elle remplace une basilique beaucoup plus ancienne, construite au Ve siècle, et devient l’une des principales églises paroissiales de la ville au XIIe siècle. L’édifice actuel, de style gothique, est construit entre 1448 et 1470, après la démolition de la structure précédente. Devenue collégiale à la fin du XVe siècle, elle demeure un lieu de culte actif, avec des rénovations et des inhumations qui se poursuivent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Elle est fermée pendant la Révolution française, ses tours sont démantelées, et le bâtiment est réaffecté à plusieurs reprises : marché, dépôt de fourrage, entrepôt de vin, puis logement militaire.

Aux XIXe et XXe siècles, l’édifice fait l’objet d’importantes restaurations et retrouve temporairement un usage religieux avant d’être définitivement déconsacré en 1973. Depuis, il sert de lieu culturel et abrite aujourd’hui le Théâtre Dijon-Bourgogne.


Dijon, carte du 17e siècle de Jean Crépy (Bibliothèque municipale de Bordeaux)

« Description de la ville de Dijon siège du parlement de Bourgogne », carte de 1647 de Jean Boisseau (Bibliothèque nationale de France)


Arrivée en Nouvelle-France

Barthélémy est instruit : il sait signer son nom. À Dijon, il apprend également le métier de forgeron et celui de taillandier. Les détails de son départ de France demeurent inconnus, aucun contrat de travail n’ayant été retrouvé. On suppose qu’il arrive en Nouvelle-France en juin 1662, probablement à bord du navire L’Aigle Blanc ou du bâtiment commandé par Peré, tous deux partis du port de La Rochelle.

L’atelier du taillandier (« Le taillandier = Der Zeugschmied »), dessin ou peinture de 1847 de Jean Frédéric Wentzel (Bibliothèque nationale de France)

Barthélémy signe un engagement le 5 novembre 1662 pour travailler pendant un an chez le marchand et taillandier Jean Milot, à Montréal. L’année suivante, un inventaire des biens de Milot indique que ce dernier lui doit 246 livres pour une année de salaire et « la fourniture de marchandises d’acier ».

En 1663, Barthélémy sert dans le cinquième escadron de la milice de la Sainte-Famille à Montréal, sous les ordres du caporal Jean Gasteau.

 

La milice de la Sainte-Famille

En 1663, face aux attaques répétées et meurtrières des Iroquois, les habitants de Montréal durent assurer eux-mêmes leur défense, faute de soutien militaire adéquat. Paul de Chomedey de Maisonneuve, fondateur de la ville, décida alors de créer la première milice canadienne. Il convoqua les hommes de la colonie et leur demanda de s’organiser en escouades de sept, chacune dirigée par un caporal élu parmi eux. Placée sous le patronage de la Sainte-Famille — Jésus, Marie et Joseph — cette milice prit le nom de milice de la Sainte-Famille. Le rôle final comptait 139 hommes, probablement la totalité des hommes valides du petit établissement, dont la population avoisinait les 500 habitants.


Au cours des deux années suivantes, Barthélémy quitte Montréal pour la côte de Beaupré.

Établissement à Château-Richer

Le 27 juin 1665, Barthélémy achète de Jacques Cauchon de Lamothe et de Barbe Delphine Letardif un emplacement situé en la côte et seigneurie de Beaupré, au lieu-dit Château-Richer. Le terrain mesure quarante pieds en carré et ne comprend aucun bâtiment. Le prix de vente est de 30 livres. Barthélémy s’engage à verser au seigneur une rente de 15 sols par an, le jour de la Saint-Martin. L’acte de vente, rédigé par le notaire Claude Auber, le désigne comme maître-taillandier.

 

Première page de l’achat de terre en 1665 par Barthélémy Verreau (FamilySearch)

 

Localisation de Rouen en France (Mapcarta)

Marthe Quitel, fille de Denis Quitel et de Louise Bénard, naît vers 1638 à Rouen, en Normandie. Rouen, qui compte aujourd’hui environ 114 000 habitants, est située dans le département de la Seine-Maritime, à 120 kilomètres au nord-ouest de Paris et à environ 50 kilomètres au sud de Dieppe. Son nom de famille apparaît sous diverses formes phonétiques dans les documents historiques : Quintel, Quitelle, Guitel, etc.

Rouen en 1660, gravure de Hendrick Focken (Bibliothèque nationale de France)

Fille du roi, Marthe quitte la France par le port de La Rochelle le 10 mai 1665 à bord de La Marie Thérèse. Parmi les passagers se trouvent Jean Bourdon, procureur général au Conseil Souverain, sept autres femmes et une douzaine de chevaux. Le navire arrive à Québec le 16 juillet 1665.

 

« L’arrivée des Françaises à Québec », aquarelle de Charles W. Jefferys (Wikimedia Commons)

 

L’arrivée de Marthe en Nouvelle-France s’accompagne d’une complication : elle est huguenote, c’est-à-dire protestante française. Or, la couronne ayant désigné le catholicisme romain comme seule religion autorisée dans ses colonies, les protestants ne peuvent ni s’y établir, ni s’y marier, ni y posséder des terres, à moins de se convertir.

Ainsi, le 17 juillet 1665, soit le lendemain de son arrivée, Marthe renonce à sa foi calviniste dans une « abjuration d’hérésie » à l’église paroissiale Notre-Dame de Québec.

Elle est ensuite envoyée chez Nicolas Marsolet, également originaire de Rouen, et son épouse Marie Barbier, qui résident au Coteau Sainte-Geneviève à Québec.


Mariage et famille

Le 31 août 1665, Barthélémy Verreau dit Le Bourguignon et Marthe Quitel font établir leur contrat de mariage par le notaire Duquet de Lachesnaye dans la maison des Marsolet. Parmi les témoins de Barthélémy figurent Denis Derôme (un autre taillandier bourguignon) et sa femme Jacqueline Roulois, Jean Gervaise et Étienne Lessard. Du côté de Marthe, les témoins sont le « noble homme » Nicolas Marsolet, Marie Barbier, ainsi que plusieurs de leurs enfants et leurs conjoints. Le contrat respecte les normes de la Coutume de Paris. Le douaire préfix — soit la part de propriété réservée par le mari à sa femme en cas de survie de celle-ci — est fixé à 400 livres.

La Coutume de Paris régit la transmission des biens familiaux en Nouvelle-France. Qu’il y ait ou non un contrat de mariage, un couple est soumis à la « communauté de biens », c’est-à-dire que tous les biens acquis pendant le mariage font partie de la communauté. Au décès des parents, les biens de la communauté sont partagés à parts égales entre tous les enfants, qu’ils soient fils ou filles. Si l’un des conjoints décède, le conjoint survivant conserve la moitié des biens de la communauté, tandis que l’autre moitié est partagée entre les enfants. Au décès du conjoint survivant, sa part est également répartie à parts égales entre les enfants. Des inventaires étaient dressés après le décès afin de répertorier tous les biens de la communauté.

Les signatures de Barthélémy et Marthe sur leur contrat de mariage en 1665

Le couple se marie le 22 septembre 1665 dans la paroisse de La-Visitation-de-Notre-Dame à Château-Richer. Barthélémy est inscrit comme forgeron, âgé d’environ 34 ans. Marthe a environ 27 ans. Les témoins sont le notaire royal Pierre Duquet de Lachesnaye, Louis Levasseur dit L’Espérance, Gilles Esnard et Louis Bantaville.

Barthélémy et Marthe s’installent à Château-Richer et ont au moins neuf enfants :

  1. Antoine (1667–1667)

  2. Jeanne (1668–1711)

  3. Joseph (1671–1671)

  4. Marie (1672–1703)

  5. Marguerite (1674–1749)

  6. Prisque (1676– avant 1681)

  7. Barthélémy (1678–1718)

  8. François (1682–1754)

  9. Anne (1684–1749)


La famille Verreau dans les recensements  

En 1666, Barthélémy et Marthe figurent au recensement de la Nouvelle-France, vivant sur la côte de Beaupré (à Château-Richer). Barthélémy est inscrit comme taillandier habittant. Un domestique également nommé Barthélémy, boulanger de métier, vit avec eux.

Recensement de 1666 pour la famille Verreau (Bibliothèque et Archives Canada)

L’année suivante, un autre recensement est effectué. Barthélémy et Marthe résident toujours à Château-Richer. Ils ne possèdent ni animaux ni arpents de terre « en valeur » (c’est-à-dire défrichée ou cultivée).


Patrimoine foncier à l’Île-d’Orléans

Bien que Barthélémy possède une terre à l’Île-d’Orléans, la famille Verreau n’y habite jamais :

  • Le 14 avril 1668, Barthélémy reçoit du seigneur Jean Paul Maheu une concession de terre à Sainte-Famille, à l’Île-d’Orléans.

  • Le 6 mai 1668, il échange cette parcelle avec Noël Rose dit Larose.

  • Le 10 novembre 1676, Barthélémy et Marthe vendent la concession à Nicolas Patenostre et Marguerite Lebreton pour 630 livres. Cependant, la terre est restituée en 1679 pour défaut de paiement.

  • Le 1er juillet 1682, le couple échange la terre de l’Île-d’Orléans contre une concession à Château-Richer avec Jean Charet et Marie Bourdon.


Acquisitions de terre à Château-Richer

Le 1er décembre 1669, Barthélémy agrandit ses terres à Château-Richer en acquérant, de Zacharie Cloutier (agissant au nom des enfants mineurs d’Olivier Letardif en tant que tuteur), une concession adjacente à la sienne, « près du moulin ». Sa terre mesure alors 47 pieds de front (face au chemin du Roi) par 90 pieds de profondeur.  

Le 27 mars 1677, Barthélémy et Marthe achètent une habitation à Château-Richer du prêtre missionnaire François Fillion (agissant au nom de François de Laval, évêque de Québec) pour 1 000 livres. La terre mesure environ trois arpents et demi de front sur le fleuve Saint-Laurent. Ils s’engagent à payer trois livres et dix sols de rente, trois sols et six deniers de cens, plus deux chapons vifs annuellement pour toute la concession, dus à chaque fête de la Saint-Martin.

En 1681, la famille Verreau figure au recensement de la Nouvelle-France, vivant sur la côte de Beaupré (à Château-Richer). Barthélémy est inscrit comme taillandier. Quatre enfants vivent dans le ménage : Jeanne, Marie, Marguerite et Barthélémy. La famille possède quatre bêtes à cornes et six arpents de terre en valeur, mais aucun fusil.

Recensement de 1681 pour la famille Verreau (Bibliothèque et Archives Canada)


Un taillandier respecté

Au fil des ans, plusieurs institutions religieuses font appel aux services de Barthélémy. En 1694, l’église Sainte-Anne du Petit-Cap (plus tard Sainte-Anne-de-Beaupré) consigne la dépense suivante : « payé au bourguignon pour rasage des outils dont on ses servy à tailler la pierre Vingt Cinq livres pour faire Rasserer Trois marteaux ». Barthélémy est également engagé à plusieurs reprises par le Séminaire de Québec. Le 2 juin 1700, le Séminaire lui propose de régler ses dettes en lui cédant un terrain convoité. Il accepte, ajoutant ainsi à son patrimoine foncier. Ce terrain mesure quatre arpents de large.


Décès de Barthélémy Verreau

Barthélémy Verreau dit Le Bourguignon décède à l’âge d’environ 69 ans, le 17 décembre 1700. Il est inhumé deux jours plus tard dans le cimetière paroissial de La-Visitation-de-Notre-Dame à Château-Richer.

Sépulture de Barthélémy Verreau en 1700 (Généalogie Québec)

Quelques mois plus tard, le 28 février 1701, Marthe demande au notaire Étienne Jacob de dresser l’inventaire de la communauté de biens qu’elle partageait avec son défunt mari. Le document, relativement bref, énumère tous les biens du couple, bien que plusieurs pages semblent manquer.

Le 31 mai 1702, Marthe vend la forge de son défunt mari à son fils Barthélémy pour 120 livres, « garny de tous les outils de taillandier, savoir : une enclusme, un soufflet, marteaux et tenailles et limes ». Le prix de vente correspond à la valeur estimée de la forge dans l’inventaire dressé en 1701.

Le 4 mai 1706, Marthe répartit ses biens mobiliers et son héritage entre ses enfants survivants et leurs conjoints. La terre familiale est concédée à François, avec l’accord de ses frères et sœurs. En contrepartie, François s’engage à prendre soin de sa mère, dans la maladie comme dans la santé, jusqu’à sa mort.


Décès de Marthe Quitel

Marthe Quitel décède à l’âge d’environ 84 ans. Elle est inhumée le 26 décembre 1722 dans le cimetière paroissial de La-Visitation-de-Notre-Dame à Château-Richer. L’acte de sépulture indique qu’elle est « morte subitement, ayant cependant donné durant sa vie des marques de Catholicité ». [La date précise du décès ne figure pas sur l’acte.]

Sépulture de Marthe Quitel en 1722 (Généalogie Québec)


L’héritage Verreau

Barthélémy Verreau dit Le Bourguignon et Marthe Quitel sont profondément enracinés dans la colonie naissante de la Nouvelle-France. Lui, maître-taillandier, est un artisan compétent dont les services sont prisés tant par les colons que par les institutions religieuses ; elle, l’une des Filles du Roi, fait partie des femmes envoyées par le souverain pour contribuer à peupler et à stabiliser la jeune colonie. Ensemble, ils établissent une présence durable à Château-Richer, un lieu qui devient la terre d’origine de la famille Verreau en Amérique du Nord. De cet établissement modeste sur la côte de Beaupré, leurs enfants et leurs descendants se dispersent, faisant de Barthélémy et Marthe le couple ancestral de tous les Verreau d’Amérique.

 
 


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Bibliographie :