Jean Perrier dit Lafleur & Marie Gaillard
Découvrez l’histoire vraie de Jean Perrier dit Lafleur, soldat du régiment de Carignan-Salières, et de Marie Gaillard, Fille du roi venue de Normandie. De la guerre aux Caraïbes à l’établissement en Nouvelle-France, suivez leur parcours, leurs mariages, leurs terres et leur contribution à la fondation du Canada.
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Jean Perrier dit Lafleur & Marie Gaillard
Un soldat dans les Caraïbes et une fille du roi de Normandie
Jean Perrier dit Lafleur, fils de Jean Perrier (ou Poirier) et de Marie Dervié, naît vers 1646 à Pau, dans le Béarn, en France. Située dans le sud-ouest du pays, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, Pau se trouve à seulement cinquante kilomètres au nord de la frontière espagnole. En 2022, la ville compte environ 79 000 habitants, appelés Palois. [Jean est parfois nommé Jean Baptiste, mais il se fait généralement appeler Jean.]
Localisation de Pau en France (Mapcarta)
Au XVIIe siècle, Pau est la capitale de la province historique du Béarn, une région semi-autonome annexée par la couronne française en 1620 sous le règne de Louis XIII. Bien qu’elle ne soit plus une principauté souveraine, Pau demeure un centre administratif et militaire important dans le sud-ouest. Sa proximité des Pyrénées lui confère une importance stratégique dans la surveillance de la frontière espagnole, notamment durant les périodes de tension comme la guerre franco-espagnole (1635–1659).
Jean exerce le métier de maître-tisserand.
En 1664, année où Jean quitte la France, Pau est pleinement intégrée au royaume, mais conserve une identité régionale distincte, façonnée par sa culture, sa langue et ses traditions juridiques béarnaises.
Carte postale de Pau, vers 1905–1910 (Geneanet)
Carte postale de Pau, vers 1912 (Geneanet)
Carte postale de Pau, vers 1902–1905 (Geneanet)
Carte postale du Château de Pau, vers 1900–1908 (Geneanet)
Expédition militaire aux Caraïbes
Bien que la date de son enrôlement soit incertaine, Jean est recruté comme soldat d’infanterie dans l’armée française, sous les ordres du capitaine Vincent de La Brisardière, d’Orléans. La compagnie de La Brisardière fait d’abord partie du régiment d’Orléans, mais en 1663–1664, elle devient l’une des quatre compagnies détachées sélectionnées pour servir sous les ordres d’Alexandre de Prouville de Tracy, nouvellement nommé lieutenant général de l’Amérique française. Les trois autres compagnies sont Berthier, La Durantaye et Monteil. C’est probablement à cette époque que Jean acquiert son nom dit, Lafleur.
Au début de l’année 1664, Tracy s’embarque pour une expédition militaire vers les Antilles et l’Amérique du Sud. La flottille des quatre compagnies, dont celle de La Brisardière, quitte le port de La Rochelle le 26 février 1664. À bord se trouvent également 650 colons destinés à l’Amérique du Sud. L’expédition a pour objectifs d’expulser les Hollandais de la Guyane française et d’assurer les intérêts français dans les Caraïbes.
En mai 1664, les navires accostent à Cayenne (capitale de l’actuelle Guyane française) et s’emparent de la ville sans grande résistance de la part des Hollandais. Les Français reprennent le contrôle de la région, et une grande partie des 650 colons débarquent et s’y installent. Souhaitant « chasser les Hollandais des Antilles », Tracy place des gouverneurs loyaux à la Martinique, à Tortuga (Hispaniola), à la Guadeloupe, à la Grenade et à Marie-Galante. Les quatre compagnies restent dans les Caraïbes pendant plusieurs mois et passent l’hiver en Guadeloupe. Durant cette période, les troupes repoussent les menaces anglaises et hollandaises dans la région.
Les îles des Caraïbes, carte de 1722 (Bibliothèque nationale de France)
En avril 1665, Tracy considère sa mission comme accomplie et reçoit de nouveaux ordres : naviguer vers la Nouvelle-France. Ce printemps-là, lui et ses quatre compagnies mettent le cap vers le nord à bord du Brézé.
Tracy est chargé d’assister le régiment de Carignan-Salières, une unité militaire française envoyée en Nouvelle-France en 1665 pour renforcer les défenses de la colonie contre la Confédération des Haudenosaunee, que les Français appellent les Iroquois. Alors que le régiment de Carignan-Salières compte vingt compagnies, les quatre compagnies supplémentaires dirigées par Tracy se joignent à l’expédition et sont intégrées aux opérations dès leur arrivée en Nouvelle-France.
Un soldat en Nouvelle-France
En raison de sa taille, Le Brézé ne peut accoster directement à Québec. Il jette l’ancre à Percé, à l’extrémité est de la péninsule gaspésienne, et les soldats sont transférés sur des bateaux plus petits. La flottille de Tracy arrive finalement à Québec le 30 juin 1665.
« Officier et soldats du régiment de Carignan-Salières, 1665-1668 », dessin de Francis Back. « Les simples soldats à gauche et à droite portent des mousquets. À leurs bandoulières pendent les flacons de poudre appelés “les douze apôtres”. L’officier au centre porte une demi-pique et, autour de sa taille, l’écharpe blanche de l’officier français ».(Passerelle pour l’histoire militaire canadienne)
Peu après son arrivée, la compagnie de La Brisardière remonte le Saint-Laurent et participe à la construction d’une série de forts le long de la rivière Richelieu, une initiative stratégique visant à freiner les incursions iroquoises. Les soldats érigent trois forts en 1665 — le fort Sainte-Thérèse, le fort Saint-Louis de Chambly et le fort Sorel — puis un quatrième en 1666 : le fort Sainte-Anne, situé sur le lac Champlain. Ces fortifications jouent un rôle crucial dans la sécurisation de la frontière sud de la colonie.
« Plans des forts faicts par le regiment Carignan Salieres sur la riviere de Richelieu dicte autrement des Iroquois en la Nouvelle France », plan de François Le Mercier, 1666 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Lors du recensement de 1666 en Nouvelle-France, effectué durant l’hiver 1665–1666, Jean n’apparaît pas comme soldat, mais comme engagé domestique, vivant dans le ménage de Jean Nault, dans la division de recensement de Saint-Jean, Saint-François et Saint-Michel, près de Québec. Cette situation n’est pas inhabituelle pour les membres du régiment de Carignan-Salières. Après leur arrivée en 1665, plusieurs soldats sont logés chez des colons en raison du manque de logements militaires. Durant cette période de paix relative, ils prêtent souvent main-forte aux tâches domestiques ou agricoles, tout en demeurant sous l’autorité militaire. Le recensement énumère les individus selon leur rôle au sein du ménage à ce moment-là, plutôt que selon leur statut militaire officiel. L’inclusion ultérieure de Jean dans le registre de 1668 des soldats ayant choisi de rester dans la colonie confirme son lien continu avec le régiment et sa transition de soldat à colon. Il n’apparaît pas dans le recensement de 1667, probablement parce qu’il est en service militaire actif.
Recensement de 1666 de la Nouvelle-France pour le ménage de Jean « Neau » (Bibliothèque et Archives Canada)
Perrier ou Poirier ?
Le nom de famille de Jean apparaît comme Poirier dans le recensement de 1666, ainsi que dans son contrat et son acte de mariage de 1669. Dans tous les autres documents connus, il est enregistré sous le nom de Perrier, ou une variation phonétique. Ses descendants adoptent le nom Perrier, plutôt que Poirier ou son nom dit, Lafleur. Jean ne sait ni lire ni écrire, ce qui peut expliquer pourquoi certains écrivains notent son nom de façon incorrecte.
Les Français lancent des expéditions pour soumettre les Iroquois, qui attaquent les colons et leurs alliés autochtones en Nouvelle-France. La compagnie de La Brisardière participe à plusieurs incursions en territoire iroquois (dans l’actuel État de New York) sous le commandement de Tracy. Au cours de l’été et de l’automne 1666, les soldats français marchent vers le sud, en direction des terres mohawks. La compagnie de La Brisardière fait probablement partie des troupes qui avancent dans le territoire mohawk en octobre 1666. La force rase quatre villages mohawks évacués et détruit leurs réserves de nourriture pour l’hiver. Ces actions portent un coup important aux Iroquois, les incitant à envisager des négociations de paix.
Le 10 juillet 1667, la paix est déclarée entre les Français et les Cinq-Nations iroquoises. La trêve dure dix-huit ans. Une fois la paix établie, les soldats du régiment de Carignan-Salières ont le choix de retourner en France ou de rester dans la colonie. Les autorités offrent des incitatifs à ceux qui choisissent de rester, notamment des concessions de terres le long du fleuve Saint-Laurent et des mariages avec des Filles du roi.
« Rolle des Soldats du Regiment de Carignan Salière qui se sont faits habitans de Canada en 1668 » (Bibliothèque et Archives Canada)
Sur les 1 200 à 1 300 soldats du régiment de Carignan-Salières arrivés en Nouvelle-France, y compris les troupes de Tracy, environ 350 meurent, 350 autres retournent en France en 1668, et au moins 446 choisissent de s’établir dans la colonie. Une centaine d’autres continuent de servir dans l’armée coloniale. La décision de s’installer est probablement d’ordre économique : la possibilité de posséder une terre et de fonder un foyer est rarement offerte aux hommes des classes inférieures en France.
Jean est l’un des trois seuls soldats de la compagnie de La Brisardière à rester en Nouvelle-France.
L’établissement en Nouvelle-France
Le 10 décembre 1668, Jean reçoit sa première concession de terre du seigneur Joseph Giffard. Située « sur une ligne qui fait séparation du village de Sainct Joseph d’avec le village de Sainct Michel en la seigneurie de Beauport », la terre mesure deux arpents de front. Jean s’engage à verser annuellement cinquante sols de rente seigneuriale à la fête de la Saint-Martin, en novembre, plus un sol de cens par arpent de front, ainsi que deux chapons vifs. Il s’engage également à faire moudre son grain au moulin seigneurial.
La concession de Jean en 1668 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Marie Gaillard (ou Daire), fille de Pierre Gaillard (ou Daire) et de Marie Gaillard (ou Martin), naît vers 1647 à Ernemont, en Normandie — aujourd’hui Ernemont-sur-Buchy, dans le département de la Seine-Maritime. Située à environ dix-sept kilomètres au nord-est de Rouen, cette commune rurale compte moins de 300 habitants, appelés les Ernemontois.
Gaillard ou Daire ?
La confusion entourant le nom de famille de Marie provient de ses contrats et actes de mariage. Lors de son premier mariage, elle est identifiée comme Marie Daire, fille de Pierre Daire et de Marie Gaillard. Dans tous les autres documents postérieurs à ce mariage, elle est nommée Marie Gaillard. Dans son deuxième contrat de mariage, ses parents sont indiqués comme étant Pierre Gaillard et Marie Martin. Son acte de baptême en France n’a pas été retrouvé, ce qui permettrait de clarifier son nom à la naissance.
« L’arrivée des filles françaises à Québec », aquarelle de Charles W. Jefferys (Wikimedia Commons)
Au XVIIe siècle, la vie à Ernemont est essentiellement agraire. Les habitants pratiquent l’agriculture, l’élevage et l’artisanat local. La proximité de Rouen, important centre urbain, offre des possibilités de commerce et d’accès à des marchés plus vastes. Les activités sociales et économiques sont étroitement liées aux rythmes du calendrier agricole et à l’observance des fêtes religieuses.
Après la mort de son père, Marie quitte son pays natal pour la Nouvelle-France. Elle arrive en 1669 en tant que Fille du roi, probablement à bord du Saint-Jean-Baptiste, le 30 juin 1669.
Mariage et famille
Le 22 septembre 1669, le notaire Romain Becquet rédige un contrat de mariage entre Jean « Poirier », habitant de la côte de Beauport, et la Fille du roi Marie « Daire », nouvellement arrivée. Il est âgé d’environ vingt-trois ans, elle d’environ vingt-deux. Le contrat est conforme aux normes de la Coutume de Paris. Jean doue sa future épouse d’un douaire préfix de 300 livres. De son côté, Marie apporte des biens d’une valeur d’environ 200 livres, qui sont ajoutés à la communauté de biens. Aucun des deux ne peut signer le contrat.
Jean et Marie se marient le 6 octobre 1669 dans la paroisse Notre-Dame de Québec. Marie est décrite comme étant originaire de « la paroisse de Clermont Sainte Croix dans l’archevêché de Rouen ». [Le PRDH (Programme de recherche en démographie historique) indique qu’il s’agit d’Ernemont.]
Mariage de Jean et Marie en 1669 (Généalogie Québec)
Le couple s’installe sur la terre de Jean à Beauport, où il aura au moins six enfants :
Marie (1670–1740), jumelle
Marie Marthe (1670–1750), jumelle
Jacques (1672–1737), devient voyageur et capitaine de milice
Marie Madeleine Josèphe (1674–après 1740)
Marie Marguerite (vers 1677–1755)
François Madeleine (1680–après 1704), devient voyageur et s’installe à Mobile (Alabama)
Recensement de 1681 de la Nouvelle-France pour la famille Perrier (Bibliothèque et Archives Canada)
Le 20 novembre 1671, Jean et Marie vendent leur concession de deux arpents à Michel Accos. Il s’agit de la terre que Jean a reçue du seigneur Giffard en 1668. Ils sont alors inscrits comme résidents du « village de Saint-Michel en la côte et seigneurie de Beauport ». En échange, Accos s’engage à payer 80 livres en argent, cinq livres en pots-de-vin, et une paire de souliers français.
Le 23 octobre 1675, Jean loue pour cinq ans une terre située à la Petite-Rivière [la rivière Saint-Charles] au maître-chirurgien Timothée Roussel, en échange de la moitié du rendement en grains.
Jean et Marie figurent dans le recensement de 1681 de la Nouvelle-France, vivant à Beauport avec leurs six enfants. La famille possède un fusil, mais ni terre « en valeur » ni animaux.
Décès de Jean Perrier
Jean Perrier décède à l’âge d’environ trente-cinq ans, entre le 14 novembre 1681 (date du recensement) et le 22 septembre 1682 (date du second mariage de Marie). Son acte de sépulture n’a pas été retrouvé.
Veuvage et remariage
Dans l’environnement difficile de la Nouvelle-France, les mariages durant plus de vingt ans sont rares. Lorsqu’un conjoint décède, le survivant se remarie souvent rapidement. La plupart des familles sont nombreuses, et élever seul plusieurs enfants représente un défi important. Les veuves rencontrent plus de difficultés que les veufs à trouver un nouveau mari, car elles ont souvent plusieurs enfants et peu de ressources. Leur jeunesse accroît toutefois leurs chances de se remarier. En moyenne, les veuves se remarient dans un délai de trois ans, tandis que les veufs retrouvent une épouse en moins de deux ans. Dans les premières décennies de la colonie, avant 1680, environ la moitié des veufs et des veuves se remarient dans l’année suivant le décès de leur conjoint.
Les secondes noces de Marie
Marie épouse le laboureur Jean Sabourin le 22 septembre 1682 à Beauport. Tous deux sont veufs et ont des enfants. Marie a environ trente-cinq ans, Jean, environ quarante et un. Ils n’ont pas d’enfants ensemble, mais regroupent les cinq enfants survivants de Jean et les six enfants survivants de Marie.
Le 27 septembre 1684, Marie et Jean décident d’officialiser leurs affaires juridiques. Deux ans après leur union, le notaire Paul Vachon rédige leur contrat de mariage. Une fois de plus, le contrat suit les normes de la Coutume de Paris. Jean doue Marie d’un douaire de 500 livres. Le préciput est fixé à 200 livres. [Le préciput, sous le régime de la communauté de biens entre époux, est un avantage conféré par le contrat de mariage à l’un des époux — généralement au survivant — consistant dans le droit de prélever, lors de la dissolution de la communauté, avant tout partage, certains biens déterminés ou une somme d’argent.] Aucun des deux ne sait signer le contrat.
Vers 1683, Marie et Jean déménagent vers l’ouest, dans la région de Montréal. C’est là que leurs familles s’entrelacent davantage lorsque la fille de Marie, Madeleine, alors âgée de quatorze ans, épouse Pierre Sabourin, fils du premier mariage de Jean, âgé d’environ vingt-deux ans, le 24 mai 1688, dans la paroisse Notre-Dame de Montréal.
Au cours des deux décennies et demie suivantes, Marie et Jean sont impliqués dans plusieurs transactions immobilières, toutes enregistrées par le notaire Antoine Adhémar de Saint-Martin :
16 août 1688 : Marie et Jean achètent une terre en l’île de Montréal, au lieu-dit de la rivière Saint-Pierre, de Barbe Lefebvre, veuve de Mathurin Goyer. La terre mesure trois arpents de front sur vingt arpents de profondeur. Les époux s’engagent à payer dix livres en argent et douze minots de blé. Ils sont inscrits comme résidents de la ville de Villemarie. [Un minot est une ancienne mesure de capacité pour les matières sèches (grains, farine), équivalant à la moitié d’une mine. Une mine correspond à environ 78,73 litres.]
14 décembre 1688 : Marie et Jean reçoivent une concession de terre en l’île de Montréal, à la rivière Saint-Pierre, du Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal, seigneur de l’île. La terre mesure trois arpents de front sur vingt arpents de profondeur. Ils sont inscrits comme résidents de l’île de Montréal.
25 septembre 1690 : Marie et Jean délaissent la terre reçue du Séminaire de Saint-Sulpice deux ans plus tôt. Ils sont inscrits comme résidents de la ville de Villemarie.
6 août 1694 : Marie et Jean achètent une concession de terre de René Drouillard, charpentier de navire, pour cinquante livres en argent comptant. La terre est située « au-dessous du coteau qui va le long du lac Saint-Pierre, en la censive de la seigneurie de l’île de Montréal ». Elle mesure trois arpents de front sur vingt arpents de profondeur. Ils sont inscrits comme résidents de la rivière Saint-Pierre.
10 octobre 1695 : Marie et Jean vendent la terre achetée l’année précédente à Honoré Dasny [Danis] pour soixante-douze livres et dix sols. Ils sont inscrits comme résidents de la rivière Saint-Pierre.
12 août 1709 : Marie et Jean louent une terre aux religieuses de l’Hôtel-Dieu de Montréal. Cette terre, qui comprend une maison, mesure quatre arpents de front et fait partie du domaine Saint-Jouachin. En échange, le couple s’engage à défricher à la charrue au moins deux arpents boisés par année.
Rivière Saint-Pierre et Lac Saint-Pierre
Au XVIIe siècle, la rivière Saint-Pierre et le lac Saint-Pierre sont des voies navigables situées sur l’île de Montréal, aujourd’hui en grande partie disparues en raison du développement urbain. La rivière Saint-Pierre est un petit cours d’eau qui traverse le centre de l’île jusqu’au fleuve Saint-Laurent, longeant l’ancien village de Ville-Marie (lieu de fondation de Montréal) et se jetant près de l’actuelle Verdun ou de Pointe-Saint-Charles. Elle sert alors de repère géographique important lors des premières concessions foncières, et figure sur d’anciennes cartes, comme celles présentées ci-dessous.
Le lac Saint-Pierre désigne un léger élargissement de cette même rivière, situé plus à l’ouest sur l’île de Montréal. Dans les actes fonciers, l’expression « au-dessous du coteau qui va le long du lac Saint-Pierre » désigne probablement un terrain en pente vers l’embouchure ou une portion élargie de la rivière, ce qui influence les schémas de peuplement dans la région.
Montréal de 1645 à 1652 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Plan de partie de l’Isle de Montréal, vers 1720-1730 (Bibliothèque nationale de France)
Deaths of Marie Gaillard and Jean Sabourin
Jusqu’à leur décès, Marie et Jean disparaissent des archives publiques.
Jean Sabourin décède vers l’âge de quatre-vingts ans. Il est inhumé le 28 septembre 1721 au cimetière Saint-Joachim de Pointe-Claire.
Marie Gaillard décède le 12 juillet 1736, à l’âge d’environ quatre-vingt-neuf ans. Elle est inhumée le lendemain au cimetière des Saints-Anges, à Lachine. Son acte de sépulture indique qu’elle avait « environ 93 ans ».
Sépulture de Marie Gaillard en 1736 (Généalogie Québec)
L’histoire de Jean Perrier dit Lafleur et de Marie Gaillard illustre le parcours de nombreux pionniers venus s’établir en Nouvelle-France au XVIIe siècle. Soldat du roi devenu colon, Jean participe à la défense et à la construction du territoire, tandis que Marie, Fille du roi, incarne le rôle central des femmes dans l’enracinement des familles dans la colonie. Ensemble, ils traversent guerres, mariages et deuils, tout en contribuant à la mise en valeur des terres et à la fondation de communautés durables.
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