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Régiment de Carignan-Salières

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Le régiment de Carignan-Salières

« Soldat du régiment de Carignan-Salières », dessin par Francis Back, Passerelle pour l'histoire militaire canadienne (http://www.cmhg.gc.ca/cmh-pmc/image-70-fra.aspx?page_id=49).

« Soldat du régiment de Carignan-Salières », dessin par Francis Back, Passerelle pour l'histoire militaire canadienne.

Lorsque le roi Louis XIV accéda au trône de France en 1661, la colonie de la Nouvelle-France dans la vallée du Saint-Laurent faisait face à des défis incroyables. Ses quelque 3 000 habitants faisaient face à des menaces constantes à l’égard de leur économie et leur sécurité de la part des Iroquois, en raison de leur sous-population . Louis XIV voulait protéger les intérêts économiques de la France dans le commerce des fourrures et défendre la colonie fragile, assurant non seulement sa survie, mais également sa croissance. À cette époque, les « Iroquois » faisait référence aux Cinq Nations de la Confédération iroquoise : les Agniers, Onneiouts, Onondagas, Sénécas et Cayugas. Cependant, du point de vue des colons français, seuls les Agniers étaient considérés comme des ennemis, les autres nations n’ayant participé à aucune attaque récente. [Aujourd'hui, la nation mohawk s'appelle Kanien'kehá:ka, qui signifie « le peuple des silex ».]

Afin d’accroître la population de la colonie, quelque 700 femmes surnommées « Filles du roi » sont envoyées en Nouvelle-France à partir de 1663. Puis, au cours de l’été et de l’automne 1665, environ 1 200 à 1 300 soldats et 80 officiers du régiment de Carignan-Salières sont arrivés à Québec ayant pour mission de protéger les habitants et d'éliminer la menace iroquoise au sud. Le régiment comprenait 20 compagnies venues de France et 4 compagnies des Antilles accompagnées du lieutenant-général Alexandre de Prouville de Tracy, âgé de 62 ans. Les hommes inscrits étaient tous des volontaires recrutés par les capitaines de compagnies spécifiques plutôt que dans le régiment lui-même. Les capitaines étaient chargés de veiller à ce que les soldats soient payés, vêtus et nourris. Les difficultés économiques en France à l'époque signifiaient qu'il ne manquait pas de volontaires à la recherche de meilleures opportunités.


« Tambour du régiment de Carignan-Salières, 1665-1668», dessin par Michel Pétrard, Passerelle pour l'histoire militaire canadienne (http://www.cmhg.gc.ca/cmh-pmc/image-63-fra.aspx?page_id=46).

« Tambour du régiment de Carignan-Salières, 1665-1668», dessin par Michel Pétrard, Passerelle pour l'histoire militaire canadienne.

Liste des navires arrivés à Québec :

  • Le Vieux Siméon est arrivé le 19 juin 1665 transportant les compagnies de Chambly, Froment, La Tour et Petit

  • Le Brézé est arrivé le 30 juin 1665 transportant les compagnies de La Durantaye, Berthier, La Brisardière et Monteil

  • L'Aigle d'Or est arrivé le 18 août 1665 transportant les compagnies de Grandfontaine, La Fredière, La Motte et Salières

  • La Paix est arrivé le 19 août 1665 transportant les compagnies de La Colonelle, Contrecœur, Maximy et Sorel

  • Le Jardin de Hollandeest arrivé le 12 septembre 1665 transportant des provisions pour le régiment

  • Le Saint-Sébastien est arrivé le 12 septembre 1665 transportant les compagnies de Rougemont, Boisbriand, Des Portes et Varenne

  • La Justice est arrivé le 14 septembre 1665 transportant les compagnies de La Fouille, Laubia, Saint-Ours et Naurois


Forts militaires

« Plans des forts faicts par le regiment Carignan Salieres sur la riviere de Richelieu dicte autrement des Iroquois en la Nouvelle France », plan de 1666 par François Le Mercier, BAnQ numérique (http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2247005).

« Plans des forts faicts par le regiment Carignan Salieres sur la riviere de Richelieu dicte autrement des Iroquois en la Nouvelle France », plan de 1666 par François Le Mercier, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

La première tâche du régiment de Carignan-Salières était de construire des forts à des endroits stratégiques le long de la rivière Richelieu, utilisée comme voie par les Iroquois pour attaquer les colons français. Les forts Saint-Louis, Sainte-Thérèse et Richelieu ont rapidement été construits. Aujourd'hui, les Forts Saint-Louis (renommé Fort-Chambly) et Saint-Jean sont classés comme Lieux historiques nationaux du Canada, bien qu'aucune des fortifications d'origine ne subsiste.

Les soldats ont également construit la toute première route au Canada, le chemin de Chambly, reliant les localités de Longueuil et de Chambly. Cette route (que nous appellerions aujourd'hui un sentier) permettait aux soldats d'éviter un long détour par canot de Montréal à Sorel sur le fleuve Saint-Laurent, puis de Sorel à Chambly sur la rivière Richelieu.


Uniformes et armes

Les soldats du régiment de Carignan-Salières avaient un mélange de vêtements et d'accessoires français et autochtones. Leur armement consistait en une épée pour le combat corps à corps, un fusil pour tirer sur de longues distances, un pistolet pour de courtes distances, une baïonnette, une hache (pour le combat et la construction) et une corne de bœuf ou une pochette pour transporter la poudre à fusil. L’uniforme du soldat était brun avec une doublure grise et des rubans noirs décorant un chapeau en feutre et l’épaule droite. Il portait des bottes en cuir noires et brunes, et avait une pipe pour le tabac. En hiver, les soldats portaient des mukluks et des mocassins, ainsi que des chapeaux, des manteaux et des jambières de fourrure.

« Officier et soldats du régiment de Carignan-Salières, 1665-1668 », dessin par Francis Back. “Cette reconstitution montre un officier et des hommes du régiment de Carignan-Salières pendant leur service en Nouvelle-France (1665-1668). Les simples so…

« Officier et soldats du régiment de Carignan-Salières, 1665-1668 », dessin de Francis Back. « Cette reconstitution montre un officier et des hommes du régiment de Carignan-Salières pendant leur service en Nouvelle-France (1665-1668). Les simples soldats à gauche et à droite portent des mousquets. À leurs bandoulières pendent les flacons de poudre appelés “les douze apôtres”. L'officier au centre porte une demi-pique et, autour de sa taille, l'écharpe blanche de l'officier français ». (Passerelle pour l'histoire militaire canadienne)


Échecs des pourparlers de paix et une expédition désastreuse

À la fin de 1665, le général Tracy tenta de négocier un traité de paix avec les Cinq Nations de la Confédération iroquoise. Prévoyant une bataille avec les Français qui ne pouvait pas être gagnée, quatre des nations ont accepté l’entente. Les Agniers, cependant, ne se sont pas montrés à la réunion et Tracy ne voulait pas signer un traité sans l’accord de toutes les nations iroquoises. Il abandonna les négociations et autorisa le gouverneur Daniel de Rémy de Courcelle à lancer une attaque sur les Agniers.

« Guerrier Iroquois », dessin d’environ 1795 par Jacques Grasset de Saint-Sauveur, Bibliothèque et archives Canada, http://www.bac-lac.gc.ca).

« Guerrier Iroquois », dessin d’environ 1795 de Jacques Grasset de Saint-Sauveur, Bibliothèque et archives Canada.

Au début de 1666, Courcelle et ses hommes tentèrent d'attaquer des villages Agniers au sud de Québec, accompagnés d’« indiens sympathiques » et de volontaires canadiens. Cette expédition fut un échec complet, les tempêtes de neige empêchant les soldats de retrouver même les villages. La plupart de ces hommes nouvellement arrivés n'avaient jamais connu les rigueurs de l'hiver canadien et devaient maintenant faire face à une neige d'un mètre de profondeur, probablement sans raquettes. Courcelle a perdu des dizaines d'hommes mal préparés à cause du climat froid et inhospitalier et des escarmouches avec les Agniers à Schenectady. Tirant des leçons de cette catastrophe, le régiment retrouva leur ancienne tradition judicieuse consistant à ne pas lancer de campagnes militaires en plein hiver.

À la fin du printemps, les pourparlers de paix étaient de nouveau sur la table. Les Sénécas furent les premiers à signer un traité d'amitié avec la France. Les Onneiouts ont fait de même en juillet. Cependant, en septembre, il était clair que les Agniers n'allaient pas participer encore une fois, et une autre attaque était prévue.

Cette deuxième expédition a eu lieu à l'automne 1666. Le général Tracy a dirigé lui-même environ 1 300 soldats et volontaires. Cependant, les Agniers ont compris qu'ils étaient beaucoup moins nombreux et ils ont fui sans combat. Le régiment a incendié sept villages agniers, ainsi que leurs champs de maïs et leurs réserves de nourriture. Tracy a proclamé que le territoire appartenait dorénavant au Roi de France.


« Régiment de Carignan-Salières - 1665 », peinture de 1932 par A. d’Auriac, BAnQ numérique (http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3121319).

« Régiment de Carignan-Salières - 1665 », peinture de 1932 par A. d’Auriac, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Une paix fragile

Quelques mois plus tard, les pourparlers de paix ont repris à Québec, cette fois en présence des Agniers. Le 10 juillet 1667, la paix est déclarée entre les Français et les Cinq Nations des Iroquois. Cette paix durera 18 ans.

Une fois la paix fragile établie, les soldats Carignan-Salières avaient le choix de rentrer en France à la fin de leur service ou de rester dans la nouvelle colonie. Les autorités ont offert aux soldats plusieurs incitations à rester, comme des terrains le long du fleuve Saint-Laurent ou des mariages avec les Filles du roi.

Sur les 1 200 à 1 300 soldats arrivés en Nouvelle-France, environ 350 hommes sont morts, environ 350 sont rentrés en France en 1668, au moins 446 ont décidé de s’installer et 100 autres soldats sont restés dans l'armée de la colonie. La principale raison de cette implantation était probablement de nature économique : la possibilité de posséder un petit terrain à cultiver près d’une maison, ce qui serait pratiquement impossible pour les soldats appartenant à la classe inférieure en France. Les hommes savaient qu'ils pouvaient aussi gagner un revenu supplémentaire en hiver en tant que coureur des bois.

Le régiment de Carignan-Salières renvoya six compagnies en Nouvelle-France en 1670 en renfort : cinq furent envoyées à Québec et une en Acadie. Démantelés un an plus tard, ces soldats ont été encouragés à rester. En 1676, le régiment est renommé « Régiment de Soissons », marquant la fin officielle du régiment de Carignan-Salières.



Un passé glorifié ?

« Tricentenaire des Trois-Rivières, 1634-1934 - Trois Siècles de Fière Histoire », carte postale de 1934 par l’Orphelinat Saint-Dominique à Trois-Rivières, BAnQ numérique (http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3263528).

« Tricentenaire des Trois-Rivières, 1634-1934 - Trois Siècles de Fière Histoire », carte postale de 1934 par l’Orphelinat Saint-Dominique à Trois-Rivières, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Certains historiens et auteurs du début du XXe siècle, notamment le prêtre catholique et nationaliste québécois Lionel Groulx, avaient tendance à conférer un statut légendaire au régiment de Carignan-Salières. Ils laissaient entendre que les soldats étaient motivés par la religion et que ceux qui sont restés en Nouvelle-France souhaitaient mener une vie simple et spirituelle. 

Dans son livre de 1991, The Good Regiment, l'auteur Jack Verney tente de donner un aperçu plus fidèle du régiment de Carignan-Salières :

« Quant aux hommes qui ont servi dans les rangs, on espère qu’ils […] sortiront aussi de la brume, non pas comme des chevaliers en armure brillante peut-être, mais comme de vrais soldats d’infanterie - quelques-uns d’entre eux des saints, quelques-uns des pécheurs, mais la plupart d’entre eux des fantassins ordinaires, qui ont affronté le péril, la privation et l’incompétence aussi stoïquement que leurs antécédents depuis des temps immémoriaux ». [traduction de l’auteure de cet article]

En ce qui concerne les motivations religieuses, les archives montrent que des soldats huguenots se sont convertis au catholicisme et que des catholiques non confirmés ont été ramenés dans le giron de l'église. Cependant, ils n’avaient pas le choix, et Verney soutient qu’il n’existe aucune preuve démontrant qu’ils ont mené une vie particulièrement pieuse par après.

La contribution majeure du régiment a été l’augmentation de la population de la colonie - pas nécessairement dans un sens direct, en se mariant et en ayant des familles eux-mêmes, mais en instaurant la paix avec les Iroquois, ce qui a permis aux unions et aux familles de s’épanouir. Au cours de leur présence en Nouvelle-France, la population a doublé pour atteindre plus de 6 000 personnes.

Cliquez ici pour écouter un épisode d’Aujourd’hui l’histoire intitulé « Quand les renforts sont enfin arrivés en Nouvelle-France » au sujet du régiment de Carignan-Salières, avec Jean-François Lozier, conservateur de musée.


Officier et hommes du régiment de Carignan-Salières (« Officer and Men of the Carignan-Salieres Regiment »), dessin par Charles William Jefferys, Bibliothèque et Archives Canada, http://www.bac-lac.gc.ca).

Officier et hommes du régiment de Carignan-Salières (« Officer and Men of the Carignan-Salieres Regiment »), dessin de Charles William Jefferys, Bibliothèque et Archives Canada.

Trouver votre ancêtre Carignan-Salières

Votre ancêtre était-il un soldat du régiment de Carignan-Salières ? La plupart des Canadiens ayant d'anciennes origines françaises (avant 1700) trouveront au moins un soldat parmi leurs ancêtres (un nombre plus probable se situe entre 50 et 100). Le Fichier Origine a une base de données interrogeable que vous pouvez accéder ici, ainsi qu'une liste alphabétique de tous les soldats.

Pour consulter la liste originale des soldats du régiment qui sont restés en Nouvelle-France, cliquez ici.

Pour consulter un guide de recherche approfondi sur le régiment, consultez le Guide thématique des sources manuscrites aux Archives nationales du Canada ayant trait au Régiment de Carignan-Salières par les Archives nationales du Canada.

 


Pour une vidéo plus longue et amusante au sujet du régiment, visionnez cette capsule :

Dans cette vidéo, Raconte-moi mes ancêtres accueille l’auteur Paul Lavigne, qui raconte l'histoire de son ancêtre André Poutré dit Lavigne, soldat du régiment de Carignan-Salières.

 

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Bibliographie et lectures complémentaires :

  • DuLong, John P. 1997. « Carignan-Salières Regiment Lineage, 1636-1816 », diagramme publié en ligne, http://habitant.org/cschart.htm.  

  • Fichier Origine. « Le régiment de Carignan-Salières ». Site web et base de données des soldats, https://www.fichierorigine.com/soldat-regiment.  

  • Lacoursière, Jacques. 2002. Une histoire du Québec. Sillery : les éditions du Septentrion.

  • Quillivic, Bernard. « Histoire du Régiment de Carignan-Salière des origines à 1671 ». http://www.migrations.fr/histoireduregiment.htm.

  • Verney, Jack. 1991. The Good Regiment:The Carignan-Salières Regiment in Canada, 1665-1668. Montréal: McGill-Queen’s University Press.