Guillaume Labelle & Anne Charbonneau
Biographie généalogique approfondie de Guillaume Labelle et Anne Charbonneau, pionniers de Montréal et de l’Île-Jésus au XVIIe siècle en Nouvelle-France. Cette page examine leurs origines en France, leur migration au Canada, leur mariage, leurs concessions de terres et la descendance qui fonde la lignée Labelle en Amérique du Nord.
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Guillaume Labelle & Anne Charbonneau
Le couple fondateur de la famille Labelle en Amérique du Nord
Guillaume Labelle, fils de Jean Labelle et de Marie Loue, naît vers 1649 dans la paroisse Saint-Éloi de Tonnetuit, en Normandie, dans le nord de la France. Aujourd’hui, Tonnetuit — historiquement aussi orthographié Tontuit ou Tontuil — fait partie de la commune de Saint-Benoît-d’Hébertot, dans le département du Calvados, en Normandie. L’ancienne église paroissiale Saint-Éloi est détruite ou démolie en 1830.
Située à environ douze kilomètres au sud de Honfleur et de la Manche, Saint-Benoît-d’Hébertot est aujourd’hui une petite commune rurale de moins de 500 habitants, appelés les Bénédictains et les Bénédictaines.
Localisation de Saint-Benoît-d’Hébertot en France (Mapcarta)
Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT (décembre 2025)
La vie à Tonnetuit est probablement marquée par l’agriculture, la routine paroissiale et le système seigneurial. La plupart des garçons contribuent aux travaux agricoles dès leur jeune âge et disposent de peu d’occasions de suivre une scolarité formelle. Le quotidien est physiquement exigeant, ancré dans la communauté locale et structuré par le calendrier liturgique. Les perspectives économiques sont limitées par la rareté des terres et par des pratiques successorales qui favorisent les fils aînés. Ayant grandi dans un contexte d’instabilité persistante et de difficultés périodiques au milieu du XVIIe siècle, Guillaume dispose de peu de perspectives d’avenir, ce qui fait de l’émigration vers la Nouvelle-France — où la terre et les possibilités sont plus accessibles — une option plausible à l’approche de l’âge adulte.
Émigration vers la Nouvelle-France
L’arrivée de Guillaume en Nouvelle-France peut être située de façon plausible en 1667. Il n’apparaît pas dans les recensements de 1666 ni de 1667, ce qui suggère une arrivée après la tenue de ces dénombrements. Il est toutefois clairement présent à Montréal le 11 mai 1668, date à laquelle il reçoit le sacrement de confirmation des mains de Monseigneur de Laval. Les traversées transatlantiques durent plusieurs semaines et dépendent de la saison estivale de navigation, ce qui rend impossible un départ de France au printemps 1668 suivi d’une arrivée à Montréal au début de mai. Sa confirmation indique donc qu’il se trouve déjà dans la colonie depuis l’année précédente, faisant de 1667 l’année d’arrivée la plus probable.
Anne Charbonneau, fille d’Olivier Charbonneau et de Marie Marguerite Garnier, est baptisée avec sa sœur jumelle Catherine le 11 avril 1657 à l’église Saint-Étienne de Marans, en Aunis, France.
Baptême d’Anne et Catherine Charbonneau en 1657 (Archives de la Charente-Maritime)
Localisation de Marans en France (Mapcarta)
Située à environ 22 kilomètres au nord-est de la ville portuaire de La Rochelle, Marans se trouve aujourd’hui dans le département de la Charente-Maritime. Il s’agit d’une commune rurale de moins de 5 000 habitants, appelés les Marandais et les Marandaises.
Carte postale de Marans, 1900 (Geneanet)
Carte postale de Marans, 1909 (Geneanet)
Un nouveau foyer en Nouvelle-France
Alors qu’elle est encore toute petite, les parents d’Anne décident de quitter la France pour le Canada afin d’y chercher un avenir meilleur. Au printemps 1659, Olivier Charbonneau et sa jeune famille quittent Marans et se rendent à La Rochelle, où ils rejoignent un groupe d’ouvriers qui espèrent traverser l’Atlantique. Incapable de payer leur passage, Olivier se tourne vers Jeanne Mance, qui avance les frais du voyage et veille à ce que les biens de la famille soient mis en sécurité dans un coffre solide. Après plusieurs semaines de retard, leur navire, le Saint-André, prend enfin la mer en juillet. La traversée est marquée par des tempêtes, des maladies, des pénuries alimentaires et de longues épreuves en mer. Au début du mois de septembre, les survivants atteignent Québec, puis se rendent peu après à Ville-Marie [Montréal], où Anne passe son enfance dans une petite colonie en pleine expansion.
La famille Charbonneau apparaît dans les recensements de la Nouvelle-France de 1666 et de 1667, vivant à Montréal. Olivier et Marie y sont répertoriés avec leurs enfants, dont Anne, âgée de neuf ans, et sont mentionnés comme possédant trois arpents de terre « en valeur », c’est-à-dire une terre défrichée ou mise en culture.
Recensement de 1666 en Nouvelle-France (Bibliothèque et Archives Canada)
Recensement de 1667 en Nouvelle-France (Bibliothèque et Archives Canada)
Âge légal pour se marier et majorité civile
En Nouvelle-France, l’âge minimum légal pour se marier est de 14 ans pour les garçons et 12 ans pour les filles. Ces seuils restent inchangés sous le Bas-Canada et le Canada-Est. En 1917, l’Église catholique modifie le droit canon et fixe l’âge minimal à 16 ans pour les hommes et 14 ans pour les femmes. Le Code civil du Québec relève cet âge à 18 ans pour les deux sexes en 1980. Durant toutes ces périodes, les mineurs doivent obtenir le consentement de leurs parents pour se marier.
L’âge de la majorité évolue également. En Nouvelle-France, il est fixé à 25 ans selon la Coutume de Paris. Sous le Régime britannique, il est réduit à 21 ans. Depuis 1972, l’âge de la majorité au Canada est fixé à 18 ans, bien que cela puisse varier légèrement selon les provinces.
Le contrat identifie Guillaume comme un habitant de l’île de Montréal, « natif de la paroisse St Eloy en Normandie proche Lysieux, fils de feu Jean Labelle et de Marie Loue ». Anne est décrite comme résidente de Montréal, fille d’Olivier Charbonneau, un habitant, et de Marie Garnier. L’acte est signé par un groupe notable de parents, de voisins et de personnalités importantes. Les témoins de Guillaume sont Jacques Leber, son épouse Jeanne Le Moyne et leur fils Louis Leber, ainsi que Jean Petit, tailleur. Les témoins d’Anne comprennent ses parents, son oncle Simon Cardinal (époux de Michelle Garnier), son oncle Pierre Goguet (époux de Louise Garnier), son cousin Jacques Cardinal, son cousin Mathurin Thibodeau (époux de Catherine Avrard), Marie Thibodeau, fille de Mathurin et Catherine, Charles Le Moyne, sieur de Longueuil, et son épouse Catherine Thierry dite Primeau, ainsi que François Dollier de Casson, prêtre sulpicien. Les témoins officiels sont Jean Gervaise et François Bailly dit Lafleur.
Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT (décembre 2025)
Le contrat suit les normes de la Coutume de Paris. Le douaire est fixé à 300 livres, et les parents d’Anne offrent au couple trois couvertes, quatre volailles et soixante livres. Plusieurs témoins signent l’acte, mais ni la mariée ni le marié ne savent signer.
La Coutume de Paris régit la transmission des biens familiaux en Nouvelle-France. Qu’il y ait ou non un contrat de mariage, un couple est soumis à la « communauté de biens », c’est-à-dire que tous les biens acquis pendant le mariage font partie de la communauté. Au décès des parents, les biens de la communauté sont partagés à parts égales entre tous les enfants, qu’ils soient fils ou filles. Si l’un des conjoints décède, le conjoint survivant conserve la moitié des biens de la communauté, tandis que l’autre moitié est partagée entre les enfants. Au décès du conjoint survivant, sa part est également répartie à parts égales entre les enfants. Le douaire désigne la part de propriété réservée par le mari à sa femme au cas où elle lui survit.
Le mariage a lieu le lendemain, le 23 novembre 1671, dans la chapelle Notre-Dame de Montréal. Charles Le Moyne, sieur de Longueuil, et Jacques Leber y agissent comme témoins, en compagnie de nombreux parents et amis.
Mariage de Guillaume et Anne en 1671 (Généalogie Québec)
Guillaume et Anne ont au moins douze enfants :
Antoine (1674–après 1681)
Marie Françoise (1676–1678)
Marie (1678–1702)
Charles (1679–1740)
Marie Madeleine (1681–1760)
Pierre (1684–1769)
Joseph (vers 1686–1750)
Jacques (1688–1748)
Jean François (vers 1690–1742)
Catherine (1692–1767)
Joachim (vers 1695–1764)
Marie Angélique (1697–1772)
Transactions foncières
Seulement six jours après son mariage, Guillaume achète pour 150 livres une concession de 60 arpents située au lieudit « Bois-Brûlé », sur l’île de Montréal, de Louis Marié dit Sainte-Marie. La concession mesure trois arpents de front, face au fleuve Saint-Laurent, sur une profondeur de 20 arpents. Elle borde les concessions du menuisier Claude Raimbault et d’un homme nommé Lamothe. Guillaume s’engage à payer aux seigneurs un cens annuel de six deniers pour chacun des 60 arpents, ainsi qu’une rente d’un minot et demi de blé, payable le jour de la Saint-Martin. L’accord est rédigé dans l’étude du notaire Bénigne Basset dit Deslauriers le matin du 29 novembre 1671. Les témoins officiels sont Jean Gervaise et François Bailly dit Lafleur. [Bois-Brûlé est un ancien nom de lieudit situé sur la côte Saint-François, à l’extrémité est de l’île de Montréal (plus tard associé à Longue-Pointe), qui tire son nom des terres défrichées par le brûlage. En termes modernes, il correspond globalement au secteur Longue-Pointe/Anjou de Montréal.]
Guillaume participe à deux autres transactions foncières l’année suivante. L’après-midi du 30 novembre 1672, il achète une autre concession de 60 arpents sur la côte Saint-François du chirurgien René Sauvageau, sieur de Maisonneuve. Guillaume est alors décrit comme un habitant résidant sur l’île de Montréal. La concession mesure trois arpents de front, face au fleuve Saint-Laurent, sur 20 arpents de profondeur, et borde la concession de Claude Desjardins. Le terrain comprend « une cabane couverte de planches et un hangar de pieux en terre ». Guillaume s’engage à payer aux seigneurs un cens annuel de six deniers par arpent, ainsi qu’une rente de trois chapons, payable le jour de la Saint-Martin. Le prix d’achat est fixé à 500 livres, dont 55 livres doivent être payées en « un cent de bonnes planches à couvrir ». Le notaire Basset rédige l’acte à Montréal. Sauvageau signe l’acte ; Guillaume ne peut le faire.
Quatre jours plus tard, le 4 décembre 1672, Guillaume et Louis Marié dit Sainte-Marie annulent leur accord précédent concernant la concession du lieudit Bois-Brûlé. La résiliation est enregistrée par le notaire Basset à Montréal.
Guillaume retourne à l’étude du notaire Basset le 21 octobre 1674, accompagné de René Sauvageau, dont il a acheté une concession deux ans plus tôt. N’ayant pas réussi à honorer ses obligations financières, Guillaume risque l’expulsion. Il propose alors de défricher trois arpents de terre appartenant à Sauvageau, en face de Pointe-aux-Trembles. Les deux hommes concluent un accord permettant à Guillaume de demeurer sur la propriété jusqu’en 1676, à condition qu’il continue à abattre des arbres comme convenu.
À l’Île-Jésus
Les liens entre la famille Labelle et l’Île-Jésus remontent à 1675. Le 29 octobre de cette année-là, Guillaume et son beau-père, Olivier Charbonneau, signent un bail de trois ans pour la ferme seigneuriale de l’Île-Jésus, un accord rédigé par le notaire Thomas Frérot au nom de Monseigneur de Laval. À cette époque, la ferme comprend déjà 45 arpents de terres défrichées et cultivées. En échange du bail, Guillaume et Olivier s’engagent à livrer chaque année 60 minots de blé et 20 minots de pois, tandis que le seigneur fournit quatre bœufs de trait et des poules. Les deux hommes exploitent la ferme jusqu’à l’expiration du bail, en octobre 1678.
Les marques de Guillaume et Olivier sur le bail de 1675 (FamilySearch)
Trois ans après s’être établi sur l’Île-Jésus, le 7 août 1678, Guillaume reçoit une concession de 60 arpents dans la seigneurie du Bon Pasteur. L’acte est rédigé par le notaire Thomas Frérot au nom de Marguerite Bourgeoys et de la Congrégation Notre-Dame de Montréal, propriétaires de la seigneurie. La concession boisée mesure trois arpents de front sur la rivière des Prairies et vingt arpents de profondeur. Elle est bordée par la terre de son beau-frère Joseph Charbonneau. Guillaume s’engage à payer une rente annuelle de trois livres, ainsi que deux sols de cens et vingt-deux minots de blé, exigibles le jour de la Toussaint (1er novembre).
En 1681, un autre recensement est effectué en Nouvelle-France. Il montre que seules quatre familles habitent sur l’Île-Jésus : celles de Guillaume Labelle, d’Olivier Charbonneau, de Michel Buisson et de Léonard Éthier. Guillaume, âgé de 32 ans, et son épouse Anne, âgée de 25 ans [sic], vivent sur l’île avec leurs trois enfants : Antoine, Françoise et Guillaume [sic ; probablement Marie]. Le ménage possède quatre arpents de terre « en valeur », ainsi qu’un fusil et deux bêtes à cornes.
Les ménages de l’Île-Jésus dans le recensement de 1681 (Bibliothèque et Archives Canada)
Conflit avec les Iroquois
À la fin du XVIIe siècle, les établissements français de Montréal, de l’Île-Jésus et des régions environnantes vivent dans un climat d’insécurité marqué par des relations tendues avec la Confédération iroquoise, en particulier avec les Mohawks. Après une période de calme relatif dans les années 1660 et au début des années 1670, les tensions reprennent graduellement dans les années 1680. La concurrence pour le contrôle du commerce des fourrures et des territoires stratégiques dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent entraîne une augmentation des raids contre les établissements français et leurs alliés autochtones. Ces attaques, souvent imprévisibles, visent surtout des fermes isolées et des établissements peu défendus, ce qui crée un climat de peur et pousse plusieurs familles à se déplacer ou à se regrouper dans des lieux jugés plus sécuritaires.
L’un des épisodes les plus marquants de cette période est le massacre de Lachine, en août 1689, lorsque des guerriers mohawks attaquent une colonie agricole près de Montréal, causant de nombreuses victimes, des prises de captifs et la destruction de plusieurs habitations. Même si de telles attaques ne surviennent pas chaque année, la menace constante de violence façonne le quotidien des habitants tout au long des années 1690. À la fin de la décennie, toutefois, la situation commence à évoluer. L’évolution du contexte politique européen, notamment la paix de Ryswick en 1697, ainsi que l’épuisement causé par des décennies de conflit, favorisent le retour aux négociations. Ces démarches aboutissent à la Grande Paix de Montréal, signée le 4 août 1701, qui met fin aux hostilités majeures dans la vallée du Saint-Laurent et ouvre une période de stabilité relative, propice à la reprise du peuplement, de l’agriculture et des échanges.
« Massacre de Lachine », œuvre de Jean-Baptiste Lagacé (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Au cours des années 1690, la famille Labelle quitte probablement l’Île-Jésus en raison du conflit avec les Iroquois et des dangers liés au fait de demeurer dans une petite seigneurie sans défense. La plupart des autres habitants de l’Île-Jésus semblent avoir fait de même. En octobre 1692, Guillaume passe tout le mois à l’Hôtel-Dieu de Québec, ce qui laisse supposer que la famille vit probablement dans la région à cette époque.
Le nom de Guillaume apparaît également comme employé dans les livres comptables du clergé qui exploite une ferme à Saint-Joachim, près de Beaupré, à l’est de Québec. Il s’agit du même clergé, le Séminaire de Québec, qui possède la seigneurie de l’Île-Jésus. Après la Grande Paix de Montréal en 1701, la famille Labelle revient s’installer sur ses terres de l’Île-Jésus.
Dans l’après-midi du 7 février 1707, Guillaume et Anne renoncent à leurs droits sur une portion de terre située sur l’Île-Jésus, héritée par Anne de son père, et la cèdent à son frère Jean Charbonneau. En échange, Jean accepte de prendre en charge les dettes impayées de leurs parents ainsi que toutes les obligations seigneuriales futures liées à cette terre. L’accord est rédigé par le notaire Nicolas Senet dit Laliberté dans la maison de Guillaume et d’Anne.
Décès de Guillaume Labelle
Guillaume Labelle décède à l’âge d’environ 61 ans le 1er janvier 1710, à Pointe-aux-Trembles. Il est inhumé le lendemain dans le cimetière paroissial de Saint-Enfant-Jésus. Ses fils Charles, Joseph et Jean François assistent à l’inhumation, de même que ses gendres Louis Filiatrault dit St-Louis et Jean Simon dit Léonard, parmi de nombreux parents et proches. L’acte de sépulture indique que Guillaume est âgé d’environ 60 ans et l’identifie comme un ancien habitant de l’Île-Jésus.
Inhumation de Guillaume en 1710 (Généalogie Québec)
Deuxièmes noces d’Anne Charbonneau
Dans l’après-midi du 15 février 1711, le notaire Nicolas Senet dit Laliberté rédige un contrat de mariage entre Anne Charbonneau et Pierre Guédon (ou Guindon), au domicile d’Anne, sur l’Île-Jésus. Pierre est le veuf de Catherine Bresa dite Lafleur, âgé de 48 ans, et, comme Anne, réside sur l’île. Anne est alors âgée de 53 ans. Le témoin de Pierre est Pierre Nadon. Les témoins d’Anne comprennent ses enfants Pierre, Joseph, Jacques et Marie Madeleine (accompagnée de son mari Louis Filiatrault dit St-Louis), ses belles-filles Jeanne Boulard et Marguerite Lamoureux, sa sœur Élisabeth (accompagnée de son mari Joseph Barbeau), ainsi que sa nièce Marie Cyr (accompagnée de son mari François Coron).
Le contrat respecte les normes de la Coutume de Paris. Le douaire est fixé à 150 livres. Les témoins officiels sont Léonard Simon et Pierre Drouillard, qui signent l’acte, de même que Filiatrault dit St-Louis et le notaire. Les mariés, ainsi que les autres témoins, déclarent ne pas savoir signer.
Dans l’après-midi du 3 juin 1716, Anne et son fils Pierre échangent leurs terres voisines sur l’Île-Jésus. L’acte est rédigé par le notaire Michel Lepailleur de LaFerté dans son étude de Montréal.
Le 8 mars 1724, Anne et Pierre cèdent une terre située sur l’Île-Jésus aux enfants survivants d’Anne, à son petit-fils Jean Migneron et à Jacques Desnoyers, veuf de sa petite-fille Marie Anne Migneron. La terre mesure trois arpents de front sur 20 arpents de profondeur et borde les terres de Pierre Labelle et du notaire François Coron. Elle provient de la communauté de biens d’Anne et de son défunt mari, Guillaume Labelle. En contrepartie, les enfants et petits-enfants s’engagent à fournir à Anne 15 minots de blé par année, à compter de l’année suivante et jusqu’à son décès. À sa mort, ils s’engagent également à faire dire quatre messes chacun pour le repos de son âme. L’accord est rédigé par le notaire François Coron dans son étude à l’Île-Jésus.
Carte du gouvernement de Montréal montrant l’île-Jésus, 1722 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Décès d’Anne Charbonneau
Anne Charbonneau décède à l’âge de 72 ans le 11 avril 1729. Elle est inhumée le lendemain dans le cimetière paroissial de Saint-François-de-Sales, sur l’Île-Jésus. Ses fils Charles et Pierre assistent à l’inhumation. [L’acte de sépulture indique à tort qu’elle était âgée de 75 ans.]
Inhumation d’Anne en 1729 (Généalogie Québec)
De la France à l’Île-Jésus : une lignée enracinée
Guillaume Labelle et Anne Charbonneau se trouvent à l’origine d’une lignée familiale qui s’étendra à travers l’Amérique du Nord au fil des siècles. Leur parcours reflète les réalités de la Nouvelle-France naissante : la migration transatlantique, l’établissement sur des terres encore disputées, des années marquées par le travail, les responsabilités familiales et l’incertitude, ainsi qu’un engagement constant à bâtir un avenir dans une colonie en construction. Par leur mariage, l’accès à la terre et l’élevage d’une nombreuse famille, ils posent des bases durables à Montréal et sur l’Île-Jésus. De ce seul foyer naissent des générations de descendants, faisant de Guillaume et d’Anne non seulement des pionniers de la Nouvelle-France, mais les ancêtres communs de tous les Labelle d’Amérique du Nord.
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Bibliographie :
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« Recensement du Canada, 1666 », images numérisées, Bibliothèque et Archives Canada (https://recherche-collection-search.bac-lac.gc.ca/fra/accueil/notice?idnumber=2318856&app=fonandcol : consulté le 18 déc. 2025), ménage d’Ollivier Charbonneau, 1666, Montréal, page 125 (du PDF), instrument de recherche MSS0446, MIKAN 2318856 ; citant les données originales : Centre des archives d'outre-mer (France) vol. 460.
« Recensement du Canada, 1667 », images numérisées, Bibliothèque et Archives Canada (https://www.bac-lac.gc.ca/eng/CollectionSearch/Pages/record.aspx?app=fonandcol&IdNumber=2318857&new=-8585951843764033676 : consulté le 18 déc. 2025), ménage d’Olivier Charbonneau, 1667, Montréal, page 176 (du PDF), instrument de recherche MSS0446, item 2318857 ; citant les données originales : Centre des archives d'outre-mer (France) vol. 460.
« Recensement du Canada fait par l'intendant Du Chesneau », images numérisées, Bibliothèque et Archives Canada (https://www.bac-lac.gc.ca/eng/CollectionSearch/Pages/record.aspx?app=fonandcol&IdNumber=2318858&new=-8585855146497784530 : consulté le 19 déc. 2025), ménage de Guillaume Label, 14 nov. 1681, Île-Jésus, page 128 (du PDF), instrument de recherche MSS0446, MIKAN 2318858 ; citant les données originales : Centre des archives d'outre-mer (France) vol. 460.
Université de Montréal, base de données du Programme de recherche en démographie historique (PRDH) (https://www-prdh-igd.com/Membership/fr/PRDH/Famille/3815 : consulté le 18 déc. 2025), entrée du dictionnaire pour Guillaume LABELLE et Anne CHARBONNEAU, union 3815.
Gérard Lebel, Nos Ancêtres 10 (Ste-Anne-de-Beaupré, Revue Sainte Anne de Beaupré, 1985), 39-44.
Gérard Lebel, Nos Ancêtres 14 (Ste-Anne-de-Beaupré, Revue Sainte Anne de Beaupré, 1987), 116-119.
Archange Godbout, Les passagers du Saint-André : La Recrue de 1659 (Société généalogique canadienne-française, Montréal, 1964), page 9.
Cornelius J. Jaenen et Andrew McIntosh, « Great Peace of Montreal, 1701 », The Canadian Encyclopedia (https://thecanadianencyclopedia.ca/en/article/peace-of-montreal-1701 : consulté le 19 déc. 2025), article publié le 7 févr. 2006, dernière mise-à-jour le 13 nov. 2019.
Jacqueline Sylvestre, « L’âge de la majorité au Québec de 1608 à nos jours », Le Patrimoine, février 2006, volume 1, numéro 2, page 3, Société d’histoire et de généalogie de Saint-Sébastien-de-Frontenac.
François Plourde, « Le ruisseau Molson au début de la colonisation de la Longue-Pointe, deuxième partie », Patrimoine naturel de l’est de Montréal (https://ruisseaumolsonreferences.blogspot.com/2018/06/le-ruisseau-molson-au-debut-de-la_11.html : consulté le 19 déc. 2025).