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Louis Hébert & Marie Rollet

Découvrez l’histoire de Louis Hébert et de Marie Rollet, première famille française établie de façon permanente à Québec. Suivez les premiers voyages d’Hébert en Acadie, son travail d’apothicaire et de cultivateur, ainsi que le rôle essentiel de la famille dans le développement de la Nouvelle-France. Cette biographie retrace leur arrivée en 1617, leurs contributions à la colonie et l’héritage durable transmis à leurs descendants.

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Louis Hébert & Marie Rollet

La première famille établie à Québec

 

Louis Hébert, fils de Nicolas Hébert et de Jacqueline Pageot (aussi écrit Pajot), naît vers 1575 à Paris, en France. Son père est apothicaire. Sa mère, fille du bourgeois parisien Simon Pageot et de Jeanne Guerineau, est déjà deux fois veuve lorsqu’elle épouse Nicolas. Louis a trois frères et sœurs connus : Charlotte, Jacques et Marie. Sa mère meurt vers 1579, alors qu’il n’a que quatre ou cinq ans. Il est d’abord élevé par sa sœur aînée Charlotte, puis par sa belle-mère, Marie Auvry.

Rue Saint-Honoré sur « Le plan de la ville, cité, université fauxbourg de Paris » de Derveaux & Tavernier, 1615 (Wikimedia Commons)

Louis grandit dans une maison appelée le Mortier d’Or, située au 129, rue Saint-Honoré, près du Louvre, alors palais royal. La propriété, achetée par la famille Hébert en 1572, sert à la fois de résidence et d’apothicairerie. C’est un imposant bâtiment en pierre formé d’un double corps de logis de trois étages comprenant neuf pièces. Le rez-de-chaussée donne sur la rue avec deux boutiques, et un passage voûté mène aux étages supérieurs et à une cour intérieure. La propriété inclut aussi de grands espaces de travail essentiels à la pratique de l’apothicaire, un grenier pour les plantes médicinales et un petit laboratoire. La vie dans ce quartier commercial animé place la famille au cœur des tensions économiques et politiques parisiennes.

Le père de Louis, Nicolas, gère plusieurs propriétés sur la rue Saint-Honoré, mais aucune ne lui appartient. La plupart proviennent de la succession du deuxième mari de Jacqueline et sont destinées à ses enfants. Pendant les guerres de Religion, Paris subit un siège brutal (1589–1590) qui frappe durement le commerce. Nicolas doit emprunter et finit emprisonné pendant deux ans pour dettes impayées. Après sa libération et son décès en 1600, les perspectives de Louis à Paris sont limitées. Il cède même sa part de la maison du Mortier d’Or à sa demi-sœur Renaude Maheut pour régler les obligations familiales.

 

Plaque commémorative au 129, rue Saint-Honoré, photo de VVVCFFrance (Wikimedia Commons CC BY-SA 4.0)

 

Paris, alors contrôlée par la Ligue catholique, subit la famine, la maladie et une grande violence pendant le siège de 1590. Les forces d’Henri IV encerclent la ville de mai à septembre, coupent les voies d’approvisionnement et empêchent la nourriture d’entrer. La famine est telle que les habitants mangent chevaux, chiens, rats et même racines et herbes. Les chroniqueurs contemporains rapportent que des milliers de personnes meurent de faim et de maladie. La vie quotidienne se déroule dans un climat de peur et de désordre : escarmouches près des barricades, représailles, exécutions par les deux factions, et accumulation de cadavres dans les lieux publics. Résidant rue Saint-Honoré, la famille Hébert est témoin direct de ces souffrances : marchés vides, morts de famine, affrontements violents dans les rues voisines. Une telle instabilité extrême peut influencer plus tard le jeune Louis à envisager un avenir plus sûr ailleurs. 

« Procession de la Ligue sur la place de Grève », artiste inconnu, 1590 (Wikimedia Commons)

Ce tableau représente une procession religieuse politisée organisée par la Ligue catholique sur la place de Grève pendant les guerres de Religion en France. Il montre des membres du clergé, des militants et des citoyens qui participent à une démonstration publique de ferveur religieuse servant aussi à affirmer le pouvoir politique dans un Paris contrôlé par la Ligue. De tels événements jouent un rôle crucial dans l’évolution de la situation politique, puisque la Ligue catholique utilise ces spectacles religieux publics pour mobiliser les foules et affirmer son autorité pendant cette période troublée.

Malgré ces épreuves, Louis suit les traces de son père et entreprend une formation d’apothicaire. Il fréquente l’école, où il apprend à lire et à écrire en français et en latin, puis effectue cinq années d’apprentissage chez des maîtres-apothicaires. Il étudie les usages médicinaux des herbes, plantes et racines, et apprend à préparer des remèdes à partir de ces ingrédients. En 1603, il obtient le titre de maître-apothicaire.

Le maître-apothicaire et son apprenti dans le laboratoire, image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT (novembre 2025)


Marie Rollet

Localisation de Sedan en France (Mapcarta)

Marie Rollet, fille de Jean Rollet et d’Anne Cogu, est baptisée le 7 novembre 1577 au temple huguenot de Sedan, en Champagne, France. Ses parrains sont Pierre Berger et Marie L’Huillier. [L’acte de baptême original n’existe plus, car de nombreux documents sont détruits lors d’un bombardement en 1940.] Son père est canonnier du roi, et sert aussi comme soldat et gardien du château. Elle a quatre frères et sœurs connus : Pierre, Marthe, Perrete et Claude. [Le nom de Marie est également orthographié Rolet et Raullet.]

Marie reçoit une éducation religieuse dans un couvent, où elle apprend à lire et à écrire, ce qui laisse croire que sa famille l’envoie dans un établissement catholique malgré ses origines protestantes.

Le Château Fort de Sedan (photo de MOSSOT, Wikimedia Commons CC BY-SA 3.0)

Située dans l’actuel département des Ardennes, Sedan se trouve à seulement dix kilomètres de la frontière belge. Elle compte aujourd’hui environ 17 000 habitants, appelés Sedanais et Sedanaises.

Carte de Sedan, vers 1695–1713 (Bibliothèque nationale de France)

Carte postale de Sedan, 1912 (Geneanet)

 

La vie à Sedan, ville protestante

Au moment du baptême de Marie en 1577, Sedan est une principauté protestante indépendante gouvernée par la famille La Marck. Après avoir adopté le calvinisme au début des années 1560, les souverains transforment la ville en refuge pour les huguenots qui fuient les guerres de Religion. Des observateurs contemporains la qualifient même de « petite Genève », en raison de ses fortifications, de ses princes protestants et de sa forte communauté réformée, renforcée par l’arrivée d’artisans réfugiés qui contribuent à développer les industries textiles locales. À la fin des années 1570, la principauté investit dans l’enseignement calviniste : un collège réformé est fondé en 1579 à l’initiative de Françoise de Bourbon, puis reconnu par le synode national comme l’Académie de Sedan, l’un des principaux centres de formation des pasteurs réformés. Dans la ville, le culte protestant, l’enseignement et la vie civique sont officiellement organisés et relativement sécurisés, alors qu’une grande partie de la France est encore plongée dans la guerre civile.

Au tournant du siècle, le paysage religieux évolue. L’édit de Nantes (1598) met fin à la phase principale des guerres de Religion et accorde aux huguenots une liberté de conscience limitée, certains lieux de culte désignés et des droits civils. Il interdit toutefois le culte protestant public à Paris.


Marie épouse le marchand François Dufeu avant 1601. Le couple vit un temps à Compiègne, à mi-chemin entre Sedan et Paris. Ils n’ont pas d’enfants connus et, à un moment donné — les circonstances exactes restent inconnues — Marie s’installe à Paris comme veuve.


Mariage de Louis Hébert et Marie Rollet

Louis Hébert et Marie Rollet se marient le 19 février 1601 dans la paroisse Saint-Sulpice à Paris. Il a environ 26 ans ; elle en a 23.  

Mariage de Louis et Marie à Paris en 1601 (Archives nationales de France)

En français moderne, l’acte se lit : « Le 18 février, Louis Hébert, apothicaire, fut fiancé avec Marie Raullet, veuve de défunt François Dufeu, vivant marchand demeurant Compiègne, et mariés le 19e dudit mois, et les proclamations commencées dès le 21 janvier. »

Le couple a au moins trois enfants, tous nés à Paris :

  1. Anne (?–1620)

  2. Marie Guillemette (vers 1604—1684)

  3. Guillaume (?–1639)

Au cours des années suivant leur mariage, Louis et Marie vivent à plusieurs adresses à Paris : dans le quartier de l’Université, rue Saint-Nicolas-du-Chardonnet, dans la paroisse Saint-Étienne-du-Mont, dans le faubourg Saint-Germain, puis de nouveau dans la paroisse Saint-Sulpice. Vers 1602, ils s’installent quelque temps dans un quartier plus pauvre, dans une petite maison délabrée rue de la Petite Seine. C’est là que Louis ouvre son propre cabinet d’apothicaire, mais ses difficultés financières persistent.


L’attrait de la Nouvelle-France

Au début du XVIIe siècle, la France cherche à étendre sa présence en Amérique du Nord. Le roi Henri IV encourage des entreprises coloniales qui réunissent marchands protestants et nobles catholiques afin de développer le commerce et la colonisation. Pierre Dugua de Mons, noble huguenot, joue un rôle central dans ces efforts. En 1604, il reçoit une lettre patente royale lui accordant le monopole du commerce des fourrures en échange de l’établissement d’une colonie permanente dans les terres neuves d’Amérique du Nord. Les expéditions de Dugua fondent une colonie à l’île Sainte-Croix (1604–1605), puis à Port-Royal en Acadie (aujourd’hui la Nouvelle-Écosse) en 1605.

Louis est lié à ce cercle par une relation familiale : son cousin maternel Claude Pajot a épousé Jean de Biencourt, sieur de Poutrincourt et de Saint-Just. Poutrincourt, noble catholique et proche collaborateur de Dugua, reçoit la seigneurie de Port-Royal à condition qu’il aide à la coloniser. Grâce à cette alliance matrimoniale, Louis est introduit auprès des principaux dirigeants de la Nouvelle-France.

Cueillette de plantes en Acadie, image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT (novembre 2025)

Le 24 mars 1606, Louis signe un engagement d’un an avec Dugua de Mons pour servir comme apothicaire en Nouvelle-France, pour un salaire de 100 livres, dont 50 livres payées d’avance, plus la nourriture et l’entretien. Le même jour, il accorde une procuration générale à son épouse Marie. L’acte, signé devant les notaires Mathieu Bontemps et Guillard à Paris, identifie Louis comme maître-apothicaire épicier, demeurant rue de la Petite Seine. Quelques mois plus tard, le 8 août, devant les mêmes notaires, Marie vend la maison familiale de la rue de la Petite Seine à la duchesse Marguerite de Valois pour 2 160 livres, celle-ci prévoyant construire un château dans cette rue. L’acte confirme les noms des parents de Marie et indique que sa mère réside alors rue Haute-Feuille, à Paris, près de l’école de médecine.

Au début de mai 1606, Louis se rend à La Rochelle pour embarquer à bord du Jonas. Après des retards causés par des tempêtes, le navire part le 13 mai 1606. À son bord se trouve un groupe illustre : Dugua de Mons, Poutrincourt, l’explorateur Samuel de Champlain et l’avocat devenu historien Marc Lescarbot, entre autres. Ils arrivent à Port-Royal le 26 juillet 1606.

De la fin juillet à novembre 1606, Louis joue un rôle actif dans la création d’une colonie durable à Port-Royal. Sous la direction de Poutrincourt, il effectue des tests de fertilité des sols en semant des parcelles expérimentales de blé, de seigle, de chanvre et d’autres graines. Il identifie les plantes locales ayant un potentiel médicinal ou nutritionnel et veille à la santé des colons.

Au début de septembre 1606, Louis accompagne Poutrincourt, Champlain et un petit équipage dans un voyage d’exploration le long des côtes de l’actuel Maine et du Massachusetts. Leur objectif est d’identifier de nouveaux sites potentiels pour une implantation plus au sud. Le groupe fait escale à l’île Sainte-Croix avant d’atteindre un endroit que Champlain baptise Port Fortuné (Stage Harbor, à Cape Cod) le 2 octobre. Ils rencontrent des communautés almouchiquoises — des groupes autochtones du sud de la Nouvelle-Angleterre comprenant probablement les Nausets et d’autres peuples algonquiens — avec lesquels ils vivent à la fois des échanges pacifiques et des épisodes hostiles. Une attaque nocturne entraîne la mort de quatre des cinq Français restés à terre. Louis soigne alors les blessures de Robert Gravé, fils de François Gravé du Pont, un associé de longue date de Champlain, gravement blessé. Gravé finit par se remettre grâce aux soins de Louis. Le groupe retourne à Port-Royal le 14 novembre 1606.

« Figure du Port-Royal en Nouvelle-France », carte dessinée en 1609 par Marc Lescarbot, compagnon de voyage de Louis (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

« Figure de la Terre Neuve grande rivière de Canada et costes de l’océan en la Nouvelle-France », carte dessinée en 1612 par Marc Lescarbot (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)


Les premiers voyages de Louis en Acadie

Au cours de l’hiver 1606–1607, Louis participe pleinement à la vie quotidienne de la colonie de Port-Royal. Avec une population de moins de cinquante personnes et des contacts très limités avec l’extérieur, la colonie dépend fortement de ses compétences. Il gère les réserves alimentaires, soigne les cas de scorbut et entretient probablement les jardins et les champs de céréales semés plus tôt dans l’année. À l’été 1607, les colons doivent se retirer après que la Couronne française révoque le monopole de Pierre Dugua de Mons sur le commerce des fourrures, qui finance l’aventure acadienne et lui confère le contrôle légal du commerce côtier. Sans ce monopole, Dugua ne peut plus financer ni approvisionner la colonie, et Port-Royal doit être abandonnée. Les colons récoltent leurs céréales et leurs graines pour les rapporter en France comme preuve du potentiel agricole du pays, quittent Port-Royal à bord du Jacques le 3 septembre 1607 et atteignent Saint-Malo environ un mois plus tard. Louis reste en France jusqu’en 1611.

Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT (novembre 2025)

Fin 1610 ou début 1611, Poutrincourt cherche de nouveaux investisseurs pour réapprovisionner Port-Royal, notamment deux prêtres jésuites. En apprenant que l’Acadie pourrait être relancée, Louis décide d’y retourner. Le 26 janvier 1611, il quitte Dieppe à bord d’un navire commandé par le fils de Poutrincourt, Charles de Biencourt, alors âgé de vingt ans. Parmi les passagers se trouvent les pères jésuites Pierre Biard et Ennemond Massé, envoyés pour établir une mission en Acadie. Après une traversée exceptionnellement longue, près de quatre mois, le navire arrive à Port-Royal en mai 1611. Entre 1611 et le milieu de l’année 1613, Louis vit et travaille à Port-Royal comme auparavant : il cultive la terre, cueille des plantes sauvages et soigne les malades. Il soigne notamment Actodin, fils du chef mi’kmaq Membertou.

Les tensions politiques internes s’intensifient rapidement. Poutrincourt étant retourné en France, Biencourt, désormais à la tête de la colonie, entre en conflit avec les missionnaires jésuites concernant l’autorité et la répartition des ressources. Les Jésuites veulent un soutien matériel pour leur mission ; Biencourt, qui peine déjà à nourrir la colonie, voit d’un mauvais œil ces exigences supplémentaires. Louis se retrouve pris entre les deux camps. En mars 1612, il tente une médiation entre Biencourt et les Jésuites. Après environ trois mois de conflit, les missionnaires choisissent de se déplacer plus au sud et quittent Port-Royal le 24 juin 1612.

L’hiver 1611–1612 entraîne de graves pénuries alimentaires à Port-Royal, forçant un rationnement strict dès la fin novembre. Au début de l’année 1613, Biencourt conduit plusieurs hommes à l’intérieur des terres pour chercher de la nourriture, tandis que Louis reste au poste avec seulement deux compagnons. En mai 1613, une lettre royale parvient en Acadie, précisant que les Jésuites — brièvement revenus à Port-Royal après l’échec de leur tentative d’établissement — sont libres de repartir. Ils retournent en France peu après.

Peu après, un désastre frappe la colonie. À l’automne 1613, le capitaine Samuel Argall, un corsaire anglais de Virginie, attaque Port-Royal. Ses hommes pillent tout ce qu’ils peuvent et incendient la colonie. Avec si peu de défenseurs, Louis et les colons survivants ne peuvent offrir qu’une faible résistance. En octobre 1613, ils n’ont d’autre choix que de retourner en France. Louis obtient une place à bord du navire Grâce de Dieu et arrive à La Rochelle vers la fin du mois.

De retour en France, la situation politique entourant la Nouvelle-France continue d’évoluer. Poutrincourt, resté au pays, affronte de sérieuses difficultés juridiques et financières et est même emprisonné à Paris en 1613 à la suite de différends avec des marchands concernant les profits du commerce des fourrures. Après sa libération, il tente de rallier de nouveaux soutiens à l’Acadie, se tournant vers de riches marchands tels que Georges et Macain (peut-être Macquin), mais l’intérêt s’essouffle. Durant cette période, Poutrincourt nomme Louis procureur de son fils Biencourt en France, lui confiant les affaires notariales, la préparation des voyages et les transactions commerciales liées à Port-Royal et au commerce des fourrures.

À partir de 1613, la rivalité commerciale en Acadie provoque des conflits répétés avec d’autres marchands français. En mai 1614, les hommes de Biencourt s’emparent d’une cargaison de fourrures appartenant à des marchands concurrents sur le fleuve Saint-Jean, déclenchant des poursuites judiciaires en France. Au cours des années suivantes, les tribunaux de Rouen, Saint-Malo, La Rochelle et Paris entendent une série de litiges opposant les partisans de Biencourt à ses rivaux. Louis se retrouve inévitablement impliqué dans ces procédures. Le 28 avril 1618, les opposants à Biencourt obtiennent des mandats d’arrêt contre lui et Louis. Mais Louis échappe à ces accusations : il a déjà quitté la France et vit alors dans la colonie de Champlain à Québec.


La première famille européenne établie au Canada

En 1617, l’intérêt colonial français se tourne vers la vallée du Saint-Laurent, où Samuel de Champlain fonde Québec en 1608. Après l’effondrement du monopole de Dugua, un nouveau consortium commercial, la Compagnie des Marchands de Rouen et de Saint-Malo, administre le commerce des fourrures à Québec. Champlain, déterminé à bâtir une colonie durable, recherche des colons expérimentés capables de cultiver la terre et de soutenir une population française grandissante. Louis Hébert, ayant déjà fait ses preuves en Acadie, est le candidat idéal.

Le 6 mars 1617, Louis signe un engagement avec la Compagnie des Marchands pour servir en Nouvelle-France. Encouragé par Dugua, il accepte un salaire de 600 livres pour trois ans, plus la nourriture. Toutefois, quelques jours avant son départ, le contrat est modifié : la durée passe à deux ans ; il doit soigner gratuitement ; il lui est interdit de faire la traite des fourrures avec les Autochtones ; et les récoltes de ses terres doivent être vendues à la Compagnie.

Louis et Marie vendent la plupart de leurs biens et, avec leurs trois enfants et Claude, le frère de Marie, quittent Paris pour Honfleur, en Normandie. Ils embarquent pour le Canada le 13 mars, probablement à bord du Saint-Étienne. Après une longue et difficile traversée de trois mois, la famille débarque à Tadoussac le 14 juin 1617. Quelques semaines plus tard, au début de juillet, Louis Hébert, Marie Rollet et leurs enfants arrivent à Québec, devenant ainsi la première famille européenne à s’établir définitivement en Nouvelle-France.

« Port de Tadoucac », carte de Samuel de Champlain en 1613 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

À Québec, Louis reçoit une grande terre semi-boisée au cap Diamant, sur les hauteurs qui dominent l’Habitation, le poste de traite français au bord du fleuve. Avec son beau-frère Claude, il construit rapidement une maison en bois d’environ six mètres de côté, avec un plancher en bois et un âtre. Après leur premier hiver canadien, la famille constate que cette construction est insuffisante. Vers 1618, avec le soutien de Champlain et l’aide des ouvriers de la Compagnie, ils bâtissent une maison en pierre, l’une des premières habitations en pierre du pays. En 1620, ils disposent d’un enclos avec du bétail, des cultures et des arbres fruitiers. Louis cultive des pois, des haricots, des choux, des poires et divers autres légumes et herbes ; dans son verger, il entretient des pommiers et des vignes. Il devient ainsi le premier colon de la Nouvelle-France à vivre principalement de l’agriculture.

Québec, carte de Samuel de Champlain en 1613 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT (novembre 2025)

Parallèlement à l’agriculture, Louis reprend son travail d’apothicaire de la colonie. Munis de quelques livres rapportés de France, il étudie la flore locale pour identifier les herbes et les racines utiles. Il apprend aussi du savoir autochtone : Louis noue des relations avec des membres des nations Huronne-Wendate et Algonquine, échangeant des connaissances sur les plantes médicinales. Il expérimente des cultures inconnues des Européens et réussit à cultiver du blé d’Inde (maïs) — un aliment qui devient rapidement essentiel pour les Français grâce à l’enseignement autochtone. La famille adopte aussi les aliments du Nouveau Monde, chassant ou troquant de l’orignal, de l’ours, des oies, des canards, des pigeons, des anguilles et du castor, et récoltant des citrouilles, des bleuets, des framboises et de la sève d’érable pour en faire du sucre.

Marie se montre tout aussi adaptable. Elle apprend sans doute des techniques de préparation et de conservation des aliments auprès de femmes autochtones et aide Louis à tester de nouvelles recettes et de nouveaux remèdes.


Événements marquants de l’histoire familiale

Peu après leur arrivée, les Hébert s’enracinent au Canada par des alliances matrimoniales. Avant 1619, Anne épouse Étienne Jonquest, un interprète normand. Anne tombe enceinte, mais ni elle ni l’enfant ne survivent à l’accouchement. Ce drame précoce compte parmi les premières pertes familiales recensées chez les colons français au Canada.

La deuxième fille des Hébert, Marie Guillemette, épouse Guillaume Couillard le 26 août 1621 à Québec, en présence de Samuel de Champlain. Guillaume, charpentier et matelot pour la Compagnie des Marchands, a 32 ans et arrive dans la colonie vers 1613. Louis accorde au jeune couple une parcelle de terre voisine afin qu’ils puissent y établir leur foyer. Guillemette et Guillaume ont au moins dix enfants, et leurs nombreux descendants forment une lignée marquante dans l’histoire canadienne.

Guillaume, le seul fils de Louis et Marie, grandit à Québec et aide son père sur la ferme familiale. En octobre 1634, plusieurs années après la mort de Louis, il épouse Hélène Desportes, considérée comme la première enfant d’origine européenne née au Canada. Le couple s’établit à Québec et a trois enfants. La vie de Guillaume est brève : il meurt en septembre 1639, seulement cinq ans après son mariage, laissant Hélène veuve avec trois jeunes enfants. Par sa descendance, Guillaume assure néanmoins la continuité de la lignée des Hébert au sein de la génération suivante de colons qui façonnent les débuts de Québec.


Concessions de terre

Le 28 février 1626, Henri de Lévy, duc de Ventadour et vice-roi de la Nouvelle-France, confirme et ratifie officiellement en faveur de Louis Hébert la concession que le duc de Montmorency lui accorde en 1623. Ventadour lui reconnaît la pleine propriété — tenue en fief noble — de toutes les terres labourées et closes qu’il a défrichées autour de sa maison sur le fleuve Saint-Laurent, ainsi que des bâtiments qui s’y trouvent. Il lui concède aussi une lieue française de terre le long de la rivière Saint-Charles, déjà bornée par Champlain et de Caën, à défricher et à habiter selon les mêmes conditions.

En français moderne, le document se lit :

 

« Faisons que Louis Hébert l’un des sujets et habitants au susdit pays de la Nouvelle-France nous a fait dire et remontrer que depuis plusieurs années, il a souffert de longs et pénibles travaux, périls et dépenses supportés sans intermission à la découverte des terres en Canada, et qu’il est chef de la première famille qui ait habité depuis l’an mil six cens [sic] jusque à présent, laquelle il conduit, et même, avec tous ces biens et moyens qu’il avait à Paris, ayant quitté ses parents et amis pour donner ce commencement à une colonie et peuples chrétiens en ces lieux et contrée qui sont privés de la connaissance de Dieu pour n’être éclairés de sa sainte lumière, auxquels fins s’étant ledit Hebert arrêté près le grand fleuve Saint-Laurent au lieu de Quebec, joignant l’habitation qui est entretenue par la société autorisée par Sa Majesté et par nous confirmée, il aurait par son travail et industrie, assisté de ses serviteurs domestiques, défriché certaine portion de terre comprise dans l’enceinte d’un clos, et fait bâtir et construire un logement pour lui, sa famille et son bétail ; desquelles terres, logements et enclos il aurait obtenu de Monsieur le duc de Montmorency, notre prédécesseur, vice-roi, le don et octroi à perpétuité par les lettres expédiées le samedi quatrième février mil six cent vingt-trois ;

Nous, pour les considérations sus-alléguées et pour encourager ceux qui désireront ci-après peupler et habiter ledit pays de Canada, avons donné, ratifié et confirmé, donnons, ratifions et confirmons au susdit Louis Hébert et ses successeurs et héritiers et, suivant le pouvoir à nous octroyé per Sa Majesté, toutes les susdites terres labourables défrichées et comprises dans l’enclos dudit Hébert, ensemble la maison et bâtiments ainsi que le tout s’étend et comporte audit lieu de Québec, sur la grande rivière ou fleuve de Saint-Laurent, pour en jouir en fief noble pour lui ses hoirs et ayant cause à l’avenir, comme de son propre et loyal acquêts et en disposer pleinement et paisiblement comme il verra bon être, le tout relevant du fort et château de Quebec aux charges et conditions qui lui seront ci-après par nous imposées et pour les mêmes considérations, avons de plus fait don audit Hebert et à ses successeurs, hoirs et héritiers de l’étendue d’une lieue française de terre située proche le dit Québec sur la rivière Saint Charles qui a été bornée et limitée par les sieurs de Champlain et de Caen pour les posséder, défricher, cultiver et habiter ainsi qu’il jugera bon être aux mêmes conditions de la première donation, faisant très expresses inhibitions et défenses à toutes personnes de quelque qualité et conditions quelles soient de le troubler, ni empêcher en la possession et jouissance d’icelles terres, maisons et enclos, enjoignant au sieur de Champlain notre lieutenant général en la Nouvelle-France de maintenir le dit Hébert en sa susdite possession et jouissance envers tous, et contre tous, car telle est notre volonté. »

 

Par ce document, Louis devient effectivement seigneur, avec un fief sur la hauteur du cap Diamant (appelé plus tard Sault-au-Matelot) et un autre près de la rivière Saint-Charles (appelé plus tard le fief Saint-Joseph ou fief Lespinay).

Première page de la concession et ratification de 1626 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

En exécution de la concession royale que le duc de Ventadour confirme à Louis le 28 février 1626, Samuel de Champlain installe officiellement Louis en possession de son fief le 8 août 1626. Lieutenant de Ventadour en Nouvelle-France, Champlain se rend à environ une lieue de Québec, sur la rive nord de la rivière Saint-Charles, en face du couvent des Récollets. Il y délimite la concession : une étendue d’un quart de lieue de large sur quatre lieues de long, composée de bois, de pâturages et de petits cours d’eau. Champlain fait consigner l’acte sur place, confirmant ainsi la prise de possession par Louis, conformément aux dispositions de la patente royale.


Décès de Louis Hébert

En 1626-1627, Louis Hébert a environ 52 ans et mène une vie éprouvante à Québec. Il meurt probablement à Québec le 25 janvier 1627, des suites d’une chute mortelle, peut-être sur la glace. 

Samuel de Champlain note le décès dans son Journal ès découvertes de la Nouvelle-France :

« Le 25 de janvier Hébert fit une cheute qui lui occasionna la mort ; ç’a esté le premier chef de famille résident au pays, qui vivoit de ce qu’il cultivoit. »

Le récit de Champlain de 1632 constitue la source la plus ancienne et la plus fiable. Des auteurs postérieurs, tels que Sagard (1636) et Le Clercq (1691), attribuent la mort de Louis à une maladie, mais ces versions tardives ne concordent pas avec la brève notice contemporaine de Champlain. Louis est inhumé au cimetière des Récollets à Notre-Dame-des-Anges, vraisemblablement le 25 janvier ou dans les jours qui suivent. Les détails précis de son inhumation demeurent inconnus, puisque les archives des Récollets sont détruites et que l’acte original a disparu à jamais. Le témoignage ultérieur de sa fille Guillemette confirme toutefois son inhumation au cimetière des Récollets.

Le père Le Caron administre les derniers sacrements. Sagard ajoute — probablement de façon apocryphe — que plusieurs amis autochtones, hurons et montagnais, se réunissent au chevet de Louis dans ses dernières heures. Selon Sagard, Louis bénit sa femme et ses enfants, exhorte les personnes présentes à s’entraider et à poursuivre l’œuvre de Dieu en Nouvelle-France, puis meurt paisiblement après avoir donné une dernière bénédiction.

Marie, veuve à 49 ans, a deux enfants survivants à Québec (Guillemette et Guillaume) ainsi que plusieurs petits-enfants. Selon la coutume française, la moitié de l’héritage de Louis revient à Marie comme part de veuve, tandis que l’autre moitié doit être partagée entre les enfants. Pour assurer l’avenir de sa famille, Marie envisage bientôt de se remarier — mais seulement après avoir traversé une période tumultueuse qui s’annonce en Nouvelle-France.


Guerre et occupation

Dès l’arrivée de Louis et Marie en 1617, la petite colonie de Québec est en proie à de multiples tensions. L’évolution des monopoles du commerce des fourrures — d’abord la Compagnie des marchands de Rouen, puis le groupe Montmorency–de Caën, et enfin la Compagnie des Cent-Associés, nouvellement créée par Richelieu — plonge la colonie dans une instabilité administrative quasi permanente. Ces compagnies privées privilégient le profit plutôt que l’établissement d’une colonie durable. Champlain, chargé par la Couronne de bâtir une colonie viable, doit lutter contre les intérêts marchands qui refusent d’assumer les responsabilités liées à l’agriculture, à la défense et à la croissance démographique. Les enjeux religieux et politiques accentuent encore les tensions : les Récollets fondent les premières missions, mais l’arrivée des Jésuites en 1625, appuyée par l’influence montante de Richelieu, crée une nouvelle concurrence pour l’autorité spirituelle, tandis que la famille de marchands dominante, les de Caën, est huguenote.

 Après la mort de Louis en 1627, Québec demeure un petit avant-poste français sous-approvisionné sur le Saint-Laurent, de plus en plus vulnérable après le déclenchement de la guerre entre la France et l’Angleterre la même année. La Compagnie des Cent-Associés est censée revitaliser la colonie, mais à l’été 1628, une flotte anglaise commandée par David Kirke s’empare des abords du fleuve. L’escadre de Kirke remonte jusqu’à Québec, exige la reddition de Champlain et se retire seulement devant son refus, puis intercepte les navires français à la remontée du fleuve. Le 17 juillet 1628, Kirke capture le convoi dirigé par Claude de Roquemont, chargé de provisions, de munitions et de centaines de colons. Québec perd ainsi le secours vital qu’elle attend. Durant l’hiver qui suit, la colonie endure une faim et une maladie croissantes, sans aucune perspective de ravitaillement. Ces conditions ouvrent la voie à la capitulation sans effusion de sang de Québec aux frères Kirke en 1629 — des années difficiles que Marie et ses enfants vivent sur les terres que Louis avait défrichées.


Les troisièmes noces de Marie

À 51 ans, Marie épouse son troisième mari, Guillaume Huboux. La cérémonie a lieu le 16 mai 1629 à Québec, célébrée par le prêtre récollet Joseph Caron, en présence de Samuel de Champlain et d’Olivier Le Tardif comme témoins. Le couple s’installe sur la propriété des Hébert.

Mariage de Marie et Guillaume Huboux en 1629 (Généalogie Québec)


Une occupation anglaise de courte durée

« Champlain quittant Québec, prisonnier », dessin de Charles W. Jefferys en 1942

Le 19 juillet 1629, Québec capitule devant Louis et Thomas Kirke. Les Anglais prennent possession de l’Habitation, des quelques canons et des maigres provisions restantes. Champlain et une vingtaine de Français, principalement des employés de la Compagnie, sont faits prisonniers et déportés en Angleterre. Toutefois, les familles et colons qui souhaitent rester sont autorisés à demeurer sous domination anglaise, selon les termes de la reddition. Marie et sa famille comptent parmi ceux qui choisissent de rester à Québec malgré l’occupation anglaise. Ils font partie des rares familles françaises qui restent durant toute la période d’occupation.

Durant ces années sous le contrôle des frères Kirke, Marie et Guillaume continuent de vivre sur leurs terres, tout comme leurs enfants : Guillaume et sa sœur Guillemette, ainsi que le mari de celle-ci, Guillaume Couillard, et leurs enfants. Les Kirke imposent leur autorité, mais laissent les familles résidentes relativement tranquilles. Lorsque Champlain quitte Québec en 1629, il est contraint d’abandonner ses deux filles autochtones adoptives, Espérance et Charité. Marie et sa fille Guillemette prennent immédiatement en charge leur bien-être. Des récits jésuites des années 1630 décrivent d’ailleurs la maison de Marie comme un lieu où de jeunes filles autochtones sont logées et où l’on enseigne le français et le christianisme.  

Un jeune garçon africain est également laissé derrière durant l’occupation. Capturé à Madagascar ou sur la côte guinéenne, il est acheté par David Kirke. Connu sous le nom d’Olivier Le Jeune, il est considéré comme le premier Africain réduit en esclavage dont l’existence est documentée en Nouvelle-France. Kirke le vend à Québec, et il se retrouve chez les Couillard : d’abord vendu ou transféré à Olivier Le Tardif, puis donné à Guillaume Couillard et à Guillemette Hébert, chez qui Marie vit alors.

« Marie Hébert, la mère du Canada », dessin de Charles W. Jefferys en 1934

Dans Canada’s Past in Pictures, l’artiste Jefferys explique : « Sur l’image, on voit Marie observer, depuis l’un de ses champs au bord de la falaise, le départ du dernier navire anglais qui emporte les colons français. Au pied de la falaise, on distingue le quai et les bâtiments de l’Habitation, tandis qu’au loin s’étire la rive de Beauport sur le Saint-Laurent. Marie porte le fichu, la veste courte et épaisse, la jupe lourde et les sabots de bois des pionnières de l’époque. La pioche ou la houe rudimentaire, utilisée pour travailler la terre, et le champ caillouteux parsemé de souches évoquent le dur labeur auquel elle s’est consacrée ».


Le retour du pouvoir français

L’occupation imposée par Kirke s’avère finalement temporaire. À l’insu de Kirke, l’Angleterre et la France ont déjà signé le traité de Suse en avril 1629, avant même la prise de Québec ; ce traité prévoit que toute conquête réalisée après sa signature doit être restituée. Lorsque Champlain arrive à Londres en 1630, libéré sur parole, il l’apprend et plaide activement pour la restitution de Québec. Le traité de Saint-Germain-en-Laye (1632) rend officiellement la Nouvelle-France à la France. En juillet 1632, les frères Kirke évacuent Québec, et Champlain y revient au printemps 1633, de nouveau nommé gouverneur.


Les dernières années de Marie

Le 15 septembre 1634, Marie Rollet, son second mari Guillaume Hubou, ainsi que les enfants Hébert — Guillemette et Guillaume — accompagnés de Guillaume Couillard, mari de Guillemette, se présentent devant la juridiction de Québec pour régler définitivement le partage des terres, maisons et bestiaux défrichés et acquis par la famille Hébert–Rollet depuis leur établissement. Afin d’éviter tout conflit entre héritiers, ils nomment deux estimateurs, Henri Pinguet et Nicolas Priort, qui visitent et arpentent le fief du Sault-au-Matelot, puis divisent les biens en deux parts égales : l’une destinée à Guillaume Couillard et Guillemette Hébert ; l’autre à Guillaume Hubou, Marie Rollet et Guillaume Hébert.

L’acte décrit minutieusement les limites des parcelles, les chemins communs, l’usage partagé d’une fontaine et de certains bâtiments — dont la brasserie — ainsi que la répartition des jardins, logis et dépendances. Toutes les parties jurent de respecter l’entente devant témoins, dont Champlain.

Cette division permet de bien cerner le domaine Hébert–Rollet. À l’intérieur de l’enclos familial, on trouve :

  • une maison en pierre avec une brasserie

  • trois bâtiments principaux, dont un de 38 pieds sur 19 pieds avec une cheminée, et deux autres abritant une grange et une écurie.

  • un moulin à eau, un four à chaux et une fontaine

Des sentiers relient les différentes structures à la fontaine et à l’Habitation. 

Leurs terres comprennent le fief de Sault-au-Matelot de 18 arpents, une parcelle de 100 arpents s’étendant de Sault-au-Matelot jusqu’à l’ouest du fort, et un quart de lieue sur la rive gauche de la rivière Saint-Charles.

Durant ces années, Marie continue d’accueillir et d’éduquer les jeunes filles autochtones que les Jésuites lui confient. Le collège jésuite pour garçons et le couvent des Ursulines pour filles n’étant fondés qu’en 1635 et 1639, la maison de Marie sert d’espace d’apprentissage essentiel pour les jeunes converties autochtones. Les archives jésuites des années 1630 la mentionnent souvent comme marraine d’enfants baptisés hurons et innus.


Décès de Marie Rollet

Marie Rollet meurt à 71 ans et est inhumée le 27 mai 1649 au cimetière paroissial Notre-Dame de Québec.

Sépulture de Marie Rollet en 1649 (Généalogie Québec)

Marie passe plus de trois décennies en Nouvelle-France — de 1617 à 1649, à l’exception de la brève occupation anglaise — et, au moment de son décès, elle jouit d’une grande estime au sein de la communauté.


Commémoration

Louis Hébert et Marie Rollet sont considérés comme la première famille du Canada français, et leur contribution est honorée de nombreuses façons. En 1917, le Québec prévoit célébrer le tricentenaire de leur arrivée. Bien que la Première Guerre mondiale retarde les célébrations, un imposant monument à Louis Hébert, conçu par le sculpteur Alfred Laliberté, est finalement inauguré le 3 septembre 1918 dans le jardin de l’hôtel de ville de Québec (place de l’Hôtel-de-Ville). Le monument en bronze représente Louis Hébert debout sur un piédestal, tenant une gerbe de blé et une faucille. À ses côtés se trouve une figure représentant son gendre, Guillaume Couillard, appuyé sur une charrue. De l’autre côté est assise Marie Rollet, un livre ouvert à la main, entourée de ses trois enfants — un symbole de son rôle dans l’éducation et l’épanouissement de la jeunesse en Nouvelle-France. Le piédestal porte également la liste des premiers colons du Québec, de 1617 à 1638.

Le monument Louis Hébert devant l’Hôtel-de-Ville, vers 1920 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

À la fin des années 1970, le monument est déplacé au parc Montmorency, sur le cap Diamant, sur un terrain correspondant approximativement à l’emplacement de la ferme Hébert d’origine.

Le monument tel qu’il apparaît aujourd’hui, dans le parc Montmorency à Québec (© La Généalogiste franco-canadienne)

Le monument tel qu’il apparaît aujourd’hui, dans le parc Montmorency à Québec (© La Généalogiste franco-canadienne)

Aujourd’hui, l’héritage du couple est visible dans toute la région. Une rue du Vieux-Québec porte le nom de rue Hébert, et une autre, la rue Couillard, se trouve sur ou près de terres ayant appartenu à la famille. De l’autre côté du Saint-Laurent, à Lévis, la rue Marie-Rollet rappelle la présence de Marie. Des parcs, des écoles et divers édifices publics — dont l’édifice fédéral Marie-Rollet à Ottawa — perpétuent également leur nom. En 1984, Postes Canada émet un timbre représentant Louis Hébert semant des graines.

L’histoire de Louis Hébert et de Marie Rollet continue d’être enseignée comme faisant partie du patrimoine canadien, mettant en lumière leur résilience, leur foi et leur collaboration avec les peuples autochtones.


Une famille fondatrice au cœur de l’histoire

Louis Hébert et Marie Rollet figurent parmi les tout premiers colons français permanents au Canada, non pas comme des figures mythiques, mais comme des gens ordinaires qui bâtissent leur vie grâce à leur persévérance, leur savoir-faire et leur foi. Leurs années à Québec — marquées par les épreuves, les expérimentations, les alliances et les renouvellements — contribuent à jeter les bases d’une communauté qui continue de croître longtemps après leur mort. À travers leurs enfants et leurs nombreux descendants, leur héritage perdure aujourd’hui au sein de milliers de familles canadiennes-françaises, rappelant que l’histoire de la Nouvelle-France ne s’écrit pas uniquement avec des gouverneurs et des explorateurs, mais aussi avec des familles déterminées à s’établir et à prospérer sur une terre nouvelle.

 
 

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