Jean Lefort dit La Prairie & Marguerite Françoise Moreau
Découvrez l’histoire de Jean Lefort dit La Prairie et de Marguerite Françoise Moreau, un soldat huguenot et une Fille du roi dont les parcours se rejoignent sur la rive sud de Montréal à la fin du XVIIᵉ siècle. Cette biographie détaillée retrace leurs origines à Saint-Jean-d’Angély et Paris, leur service dans les Compagnies franches de la Marine, les attaques iroquoises de 1690 à La Prairie, leur famille recomposée, leurs biens fonciers et l’héritage qu’ils ont laissé en Nouvelle-France.
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Jean Lefort dit La Prairie & Marguerite Françoise Moreau
Un soldat huguenot et une Fille du roi parisienne en Nouvelle-France
Localisation de Saint-Jean-d’Angély en France (Mapcarta)
Jean Lefort dit La Prairie, fils d’Isaac Lefort et d’Anne Thibault, naît vers 1669 dans la paroisse Saint-Jean de Saint-Jean-d’Angély, en Saintonge, France. Les Lefort sont une famille huguenote.
Située à environ 40 kilomètres à l’est de Rochefort et à environ 55 kilomètres de La Rochelle, dans l’actuel département de la Charente-Maritime, Saint-Jean-d’Angély est une petite ville de moins de 7 000 habitants, appelés Angériens.
L’enfance de Jean à Saint-Jean-d’Angély serait marquée par la vie régulière d’une petite ville de marché, mais aussi par la situation de plus en plus fragile des protestants. La région porte encore les traces de décennies de tensions religieuses. Au début du siècle, Saint-Jean-d’Angély est un important centre protestant. Mais dans les années 1670 et au début des années 1680, la Couronne intensifie sa pression : restrictions du culte, obstacles à l’avancement professionnel et présence accrue de troupes royales. Pour un jeune huguenot, les possibilités de travail et de participation à la vie civique se réduisent. Le quotidien devient incertain, marqué par des politiques royales qui grugent peu à peu les droits des protestants.
Carte postale, vers 1900-1910 (Geneanet)
Carte postale, vers 1902-1912 (Geneanet)
Carte postale, vers 1905-1914 (Geneanet)
Les tours de l’abbaye royale, carte postale, 1950 (Geneanet)
Un soldat en Nouvelle-France
Drapeau des Compagnies franches de la Marine (Wikimedia Commons)
Dans ce contexte, le service militaire dans les Compagnies franches de la Marine représente peut-être l’une des rares voies d’avenir possibles pour Jean. L’enrôlement lui assure un approvisionnement régulier, une solde stable et une échappatoire à un environnement de plus en plus hostile aux protestants en France. Bien que les huguenots fassent officiellement face à des obstacles pour servir le roi, les pratiques de recrutement ne sont pas toujours appliquées avec rigueur, surtout pour le service outre-mer. Pour quelqu’un comme Jean — confronté à des perspectives économiques déclinantes, à une pression religieuse croissante et à la menace de conversion forcée — la décision de s’engager et de partir pour la Nouvelle-France constitue à la fois une solution pratique et une chance d’accéder à un avenir plus stable, loin des restrictions de plus en plus sévères de la Saintonge de la fin du XVIIe siècle.
D’après les recherches approfondies de Jocelyne Lefort, Jean choisit vraisemblablement de s’engager dans les Compagnies franches de la Marine après la perte de ses deux parents, alors qu’il est encore adolescent. Il embarque probablement de Rochefort pour la Nouvelle-France à bord de la frégate royale La Tempête le 29 août 1683, faisant partie d’un premier détachement de compagnies de la Marine dépêché d’urgence dans la colonie sous le commandement du capitaine Claude Cahouet des Pouraux.
Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT (novembre 2025)
Peu après leur débarquement, les troupes sont cantonnées dans les paroisses autour de Québec, dans l’attente des plans militaires du gouverneur La Barre. À la mi -1684, Jean se joint à l’expédition de La Barre contre les Tsonnontouans (Sénèques). La force est composée de 130 fusiliers marins, 300 miliciens de Québec et 200 alliés autochtones. Jean quitte Québec le 9 juillet 1684, atteint Montréal le 16 juillet, puis remonte le fleuve au sein d’une armée de 1 030 hommes voyageant dans 200 canots et 15 bateaux plats. Après un portage difficile, la force arrive à La Galette, puis au fort Frontenac, le 9 août 1684, prête au combat. La campagne se transforme finalement en démonstration de force plutôt qu’en affrontement direct, des ouvertures diplomatiques incitant La Barre à négocier plutôt qu’à attaquer.
Après l’expédition, Jean sert probablement dans la garnison de Montréal et de Pointe-aux-Trembles, où les soldats sont logés chez les habitants et souvent loués pour des travaux comme la coupe de bois, le défrichage et le battage du grain — un arrangement qui lui assure un salaire et lui permet de s’acclimater à la colonie.
Le 15 avril 1685, Jacques Poissant dit La Saline et « Daniel Fore » renoncent formellement au calvinisme lors d’une abjuration d’hérésie à Pointe-aux-Trembles. On ne trouve aucune trace d’un Daniel Fore/Fort au Canada à cette époque, et les parents mentionnés dans l’abjuration correspondent à ceux de Jean Lefort. Il s’agit très probablement d’une erreur de plume, ou bien Daniel serait un autre prénom que Jean utilise rarement.
Dans des actes notariés postérieurs, Jean est identifié comme soldat de la Compagnie de Noyan, servant au sein de la garnison royale du Canada sous les ordres du capitaine Pierre Payen de Noyan, arrivé au pays en 1687. Stationnés un temps à La Prairie, en face de Montréal, les soldats de la Compagnie de Noyan gardent le corridor de la rive sud, escortent les convois et assurent la surveillance des petits postes frontaliers. Ils participent également aux opérations offensives durant les guerres franco-britanniques des années 1690, dont de longs raids hivernaux contre les colonies anglaises. Dans ce rôle, un soldat de la Compagnie de Noyan partage son temps entre les tâches de garnison autour de Montréal et de La Prairie, les patrouilles, les missions d’escorte et les campagnes occasionnelles en territoire iroquois et en Nouvelle-Angleterre.
Établissement à La Prairie
Le 27 juillet 1694, Jean reçoit une concession de terre à La Prairie, dans le lieudit « La Tortue », accordée par la Compagnie de Jésus (les Jésuites). Il est décrit comme soldat de la Compagnie de Noyan. La terre mesure deux arpents de front sur cinquante arpents de profondeur.
Un an plus tard, le matin du 16 juillet 1695, Jean achète la concession attenante à la sienne auprès de son compagnon d’armes Louis Bertrand Laramée et de son épouse Marie Dumas, pour 38 livres. Ce terrain boisé mesure lui aussi deux arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent et cinquante arpents de profondeur. Jean déclare ne pas savoir signer.
Marguerite Françoise Moreau
Marguerite Françoise Moreau, fille de François Moreau et de Françoise Gardien, est baptisée le 7 août 1654 dans la paroisse Saint-Sulpice à Paris. Son père est gagne-deniers. Ses grands-parents maternels sont Jean Gardien, ouvrier à la monnaie, et Marguerite Laurens. [Son acte de baptême n’existe plus, mais il est mentionné dans un inventaire de 1693 qui comprend des documents importants.]
Référence de 1693 concernant le baptême de Marguerite Françoise Moreau
Paroisse Saint-Sulpice
À l’origine simple église rurale rattachée à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, Saint-Sulpice devient une paroisse importante à mesure que le faubourg Saint-Germain s’urbanise au XVIIe siècle. Dès 1642, Jean-Jacques Olier, figure majeure de la Contre-Réforme, lance la construction d’une nouvelle église, vaste et lumineuse, en accord avec les idéaux spirituels de son temps. La première pierre est posée en 1646 par la régente Anne d’Autriche et le jeune Louis XIV. Conçue dans un style classique sobre et monumental, l’église devient, au fil du temps, la plus vaste église de Paris, marquée par une grande cohérence architecturale malgré des travaux étalés sur plus d’un siècle.
Consacrée en 1745, Saint-Sulpice joue un rôle central dans la vie religieuse et intellectuelle du quartier. Elle abrite un célèbre orgue Cavaillé-Coll, un gnomon astronomique du XVIIIe siècle et d’importantes fresques, notamment celles de Delacroix. Malgré les profanations de la Révolution française, l’église retrouve sa grandeur au XIXe siècle grâce à de nombreuses restaurations. Elle demeure aujourd’hui un symbole du classicisme religieux français, intimement lié à l’histoire spirituelle de Paris.
Église Saint-Sulpice, dessin du XVIIIe siècle de Jean Baptiste Lallemand (Bibliothèque nationale de France)
Après la mort de son père, Marguerite décide de quitter son pays natal. En 1670, vers l’âge de 15 ans, elle arrive en Nouvelle-France comme Fille du roi.
Après une première escale à Québec, Marguerite remonte le Saint-Laurent et arrive à Montréal. Elle est logée à la Maison Saint-Gabriel.
La Maison Saint-Gabriel sert de logement temporaire à de nombreuses Filles du roi à leur arrivée à Ville-Marie (l’actuelle Montréal). Construite en 1668, cette ferme historique de Pointe-Saint-Charles est l’une des plus anciennes fermes encore existantes au Canada. La Congrégation de Notre-Dame-de-Montréal, fondée par Marguerite Bourgeoys, exploite la ferme pendant plus de trois siècles.
« La ferme Saint-Gabriel », peinture à l’huile de Henry Richard S. Bunnett en 1886 (Musée McCord Stewart)
Mariage de Marguerite Françoise Moreau et Mathieu Faille dit Lafayette
Le 27 septembre 1670, le père Gilles Perrot rédige à Montréal un contrat de mariage privé entre Marguerite et Mathieu Faille dit Lafayette (également appelé Faye ou Delafaye), ancien soldat du régiment de Carignan-Salières et fils de Claude Faille et de Marie Sulière. Mathieu naît vers 1641 à Saint-Jean-d’Aubrigoux, en Auvergne. Il a environ 29 ans lors du mariage ; Marguerite en a 16.
Le couple se marie trois jours plus tard dans la paroisse Notre-Dame de Montréal. Mathieu est domicilié à La Prairie. Parmi leurs témoins figurent le gardien du magasin du roi Jacques Lemoyne, le maître-tailleur Pierre Caillé, Antoine Barrois, Pierre Lefebvre, la Fille du roi Françoise Gobillon, Antoine Gardien (cousin de Françoise) et de nombreux autres amis. Françoise Gobillon agit comme mère de la mariée, l’ayant accompagnée depuis la France. Mathieu et Françoise Gobillon ne peuvent signer, mais Marguerite et les autres témoins signent l’acte.
[Dans ses signatures, Marguerite orthographie son nom de famille de plusieurs façons différentes — Moreau, Moreaux et Morro. Elle écrit systématiquement Margueritte avec deux T et utilise rarement le prénom Françoise.]
Mariage de Marguerite Françoise et Mathieu en 1670 (Généalogie Québec)
Mathieu et Marguerite s’installent sur les terres de Mathieu à La Prairie, sur les rives de la rivière Saint-Jacques. Ils ont au moins onze enfants : Anne, Marie Marguerite, Marie, André, Jean, Marie Angélique, Marie Jeanne, Anne, François, Marie Anne et Marie Élisabeth.
En 1681, le couple est recensé en Nouvelle-France, à La Prairie, avec leurs quatre enfants. Ils possèdent un fusil, huit bêtes à cornes et huit arpents de terre « en valeur » (défrichée ou cultivée).
Recensement de 1681 pour le ménage « Faye » (Bibliothèque et Archives Canada)
Le 17 mars 1686, Mathieu et Marguerite vendent une terre à la Prairie Saint-Lambert à Charles Denaux [Denault] et son épouse Madeleine Clément pour 250 livres, payables en [peaux de] castors. Mathieu est alors décrit comme habitant de La Prairie. La terre mesure deux arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent et vingt arpents de profondeur. Cependant, Denault ne paie jamais le prix convenu, et Mathieu et Marguerite reprennent possession du terrain plus tard dans l’année avant de le revendre à leur neveu Claude Faille.
Attaques sur La Prairie
Les événements de la fin de l’été 1690 à La Prairie se déroulent rapidement. En août, la milice d’Albany de John Schuyler et ses alliés autochtones mènent un raid surprise près du village, incendiant bâtiments et provisions avant de se retirer. Quelques semaines plus tard, le 4 septembre 1690, une force composée de guerriers iroquois et de miliciens d’Albany revient attaquer la région, visant cette fois les champs en période de moisson, où habitants et soldats travaillent en petits groupes dispersés. Lors de cette seconde attaque, Mathieu et Marguerite sont faits prisonniers. Plusieurs hommes sont tués et d’autres capturés, les assaillants avançant dans les terres agricoles environnantes pour affaiblir les établissements de la rive sud, s’emparer des provisions et emmener des captifs en territoire iroquois.
Mathieu et Marguerite sont emmenés dans un village oneida en territoire iroquois, où ils restent prisonniers pendant plusieurs années.
Conflit avec les Iroquois
L’attaque de La Prairie en 1690 survient durant l’une des phases les plus instables du long conflit entre la Nouvelle-France et la Confédération iroquoise, exacerbée par la guerre franco-anglaise. Depuis les années 1680, des bandes iroquoises — agissant parfois de concert avec les intérêts anglais de New York — mènent des attaques répétées contre les établissements français, les routes commerciales et les alliés autochtones. Leur objectif est d’affaiblir la colonie et de détourner le commerce des fourrures vers Albany. La Prairie, située le long du corridor du Richelieu, au sud de Montréal, se trouve en plein cœur de cette frontière et sert à la fois de poste défensif et de base pour les expéditions françaises et autochtones alliées. En 1690, la région subit depuis des années des raids, des représailles et des contre-raids. Les autorités françaises tentent d’instaurer la paix par la diplomatie et la pression militaire, mais sans succès durable. Le raid de Schuyler s’inscrit dans un contexte plus large où les rivalités européennes et les tensions entre Iroquois et Français transforment la région de Montréal en une zone frontalière contestée où les fermes, les petits villages et leurs habitants sont exposés à des attaques soudaines et souvent brutales.
Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT (novembre 2025)
En Nouvelle-France, Mathieu et Marguerite sont présumés morts en captivité. Un inventaire de leurs biens est dressé par le notaire Antoine Adhémar de Saint-Martin le 8 octobre 1693, à la demande de Pierre Bourdeau, leur gendre et époux de Marie Delafaye. En l’absence de Mathieu, Pierre gère la ferme et les affaires familiales. Il est également nommé tuteur des enfants mineurs de la famille Faille.
Extrait de l’inventaire de 1693, qui indique que Mathieu et Marguerite sont « pris des Irokois le quatriesme Septembre mil Six Cent quatre vingt dix et quon Croit morts nen ayant aucune nouvelle certaine » (FamilySearch)
Parmi les vêtements recensés dans l’inventaire figurent ceux de Mathieu : un justaucorps, une paire de culottes neuves, une vieille camisole de cresseau blanche et sept chemises, dont deux neuves ; et ceux de Marguerite : neuf chemises, dont deux neuves, une paire de brassières noires, une chemisette, un manteau noir, un tablier à demi usé et une jupe neuve de serge rouge. Lors de la réunion de famille tenue le même jour, les proches conviennent que, plutôt que de louer la terre, Pierre aurait la jouissance de tous les biens laissés par Mathieu et Marguerite, à condition qu’il subvienne aux besoins des enfants jusqu’à leur majorité, ou, pour les filles, jusqu’à leur mariage. En contrepartie, les enfants doivent travailler pour lui selon leurs capacités, sans salaire. Pierre reçoit une compensation pour les dépenses engagées pour l’entretien des enfants entre 1690 et 1693.
Le retour de Mathieu et Marguerite… et des Iroquois
Mathieu et Marguerite sont libérés au milieu des années 1690, lors de la reprise des efforts de paix. Les chefs oneidas commencent alors à envoyer des émissaires à Montréal pour manifester leur volonté de négocier et de libérer les captifs français. Ces délégations, qui s’inscrivent dans une tentative plus large de rétablir le dialogue diplomatique après des années de conflit, ramènent plusieurs prisonniers dans la colonie au cours des années 1693 et 1694. Parmi les personnes libérées durant cette période se trouvent Mathieu et Marguerite, qui retournent enfin à La Prairie et retrouvent leurs enfants après des années de captivité.
La tragédie frappe l’année suivante. Le 29 août 1695, alors qu’il moissonne du blé avec son fils André, Mathieu est de nouveau attaqué par un groupe d’hommes Oneidas et Mohawks. Tous deux sont tués dans leurs champs. Mathieu a environ 54 ans ; André en a 17. [L’acte de sépulture indique que Mathieu a environ 48 ans.]
Marguerite, tout juste rentrée après quatre ans de captivité, doit enterrer son mari et son fils adolescent. Elle se retrouve veuve, avec quatre jeunes filles à charge.
Veuvage et remariage
Dans l’environnement difficile de la Nouvelle-France, les mariages qui durent plus de vingt ans sont rares. Lorsqu’un conjoint décède, le survivant se remarie souvent rapidement. Les familles sont nombreuses, et élever seul plusieurs enfants représente un défi considérable. Les veuves rencontrent plus de difficultés que les veufs à trouver un nouveau mari, car elles ont souvent plusieurs enfants et peu de ressources. Leur jeunesse augmente toutefois leurs chances de se remarier. En moyenne, les veuves se remarient dans un délai de trois ans, tandis que les veufs retrouvent une épouse en moins de deux ans. Dans les premières décennies de la colonie, avant 1680, environ la moitié des veufs et des veuves se remarient dans l’année suivant le décès de leur conjoint.
Le 9 octobre 1695, Marguerite obtient le bail d’un banc dans l’église paroissiale de La Prairie pour douze livres, avec une rente annuelle de deux livres et dix sols.
Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT (novembre 2025)
Mariage de Jean Lefort dit La Prairie et Marguerite Françoise Moreau
Avant de pouvoir se remarier, Marguerite doit régler ses affaires légales. Le 5 novembre 1696, elle demande l’élection d’un tuteur et d’un subrogé-tuteur pour ses enfants mineurs. Le lendemain, elle est élue tutrice, et Nicolas Boyer est nommé subrogé-tuteur.
Le 7 novembre 1696, le notaire Antoine Adhémar de Saint-Martin établit l’inventaire définitif des biens communs de Marguerite et de son défunt époux, Mathieu. Cet inventaire lui permet de régler la succession et de répartir l’héritage de chaque enfant avant son prochain mariage.
L’inventaire de 1696 décrit un foyer modeste. Le mobilier se compose principalement d’articles de cuisine usés, d’une table rudimentaire, d’une vieille huche et de deux vieux coffres, pour une valeur totale de 87 livres et 10 sols. La véritable valeur se trouve dans les biens agricoles. La grange contient environ 150 minots de blé, répartis entre les filles de Marguerite, les besoins du ménage, les semences pour l’année suivante, ainsi que les frais d’inventaire et l’entretien de ses quatre filles mineures. Les titres de propriété confirment deux concessions de 50 arpents chacune, de part et d’autre de la rivière Saint-Jacques, comprenant une maison, une grange et une étable, toutes décrites comme étant en mauvais état. La famille possède également un emplacement au village avec une petite maison et des dépendances.
Le bétail représente une part importante du patrimoine : deux bœufs, deux vaches, trois taureaux, deux taures, six poules et un coq, ainsi qu’une charrette et une charrue. Le bétail est évalué à 450 livres, et l’équipement à 76 livres. Marguerite détient aussi 400 livres auprès du marchand montréalais Soumande, et Pierre Bourdeau doit 138 livres à la communauté pour l’achat d’une terre effectué en son nom. Au total, les biens meubles, le bétail, les outils et les économies s’élèvent à 1 155 livres en argent du pays.
Le même jour, le notaire Adhémar rédige l’acte de mariage de Jean et Marguerite, à la maison de celle-ci à La Prairie. Jean a environ 28 ans ; Marguerite, environ 42. L’acte indique que Jean demeure à La Prairie, est originaire de Saint-Jean-d’Angély et est le fils de feu Isaac Lefort et d’Anne Thibaud. Marguerite habite également La Prairie et est veuve de Mathieu Faille dit Lafayette. Les témoins de Jean sont Pierre Billeron dit La Fatigue et Jean Cusson ; ceux de Marguerite sont ses filles Marguerite et Marie, Nicolas Boyer et Jean Cailloud dit Baron. En tant que soldat, Jean obtient l’autorisation de Frontenac pour se marier.
Les signatures sur le contrat de mariage de 1696, comprenant celle de Marguerite et la marque de Jean
Marguerite déclare que tous ses biens meubles, estimés à 577 livres et 10 sols, entreront dans la nouvelle communauté, tandis que ses biens immeubles resteront sa propriété et celle de ses enfants issus de son premier mariage. Conformément à l’édit des secondes noces, elle accorde à Jean une part d’un enfant de sa succession, le maximum permis pour un second époux, afin de protéger les droits de ses enfants avec son premier mari. Ses filles doivent travailler selon leurs capacités, sans rémunération, tant qu’elles sont mineures. Jean accepte de subvenir aux besoins des quatre jeunes filles, âgées d’un à treize ans. Le contrat respecte les normes de la Coutume de Paris. Le douaire est fixé à 200 livres et le préciput à 150 livres.
La Coutume de Paris régit la transmission des biens familiaux en Nouvelle-France. Qu’il y ait ou non un contrat de mariage, un couple est soumis à la « communauté de biens », c’est-à-dire que tous les biens acquis pendant le mariage font partie de la communauté. Au décès des parents, les biens de la communauté sont partagés à parts égales entre tous les enfants, qu’ils soient fils ou filles. Si l’un des conjoints décède, le conjoint survivant conserve la moitié des biens de la communauté, tandis que l’autre moitié est partagée entre les enfants. Au décès du conjoint survivant, sa part est également répartie à parts égales entre les enfants. Des inventaires sont dressés après le décès afin de répertorier tous les biens de la communauté.
Le douaire désigne la part de propriété réservée par le mari à sa femme au cas où elle lui survit. Le préciput, sous le régime de la communauté de biens, est un avantage conféré par le contrat de mariage, généralement au conjoint survivant, lui accordant le droit de réclamer une somme d’argent ou un bien déterminé à la communauté avant le partage du reste.
Jean et Marguerite se marient le 21 novembre 1696 dans l’église paroissiale de La Prairie, en présence de Pierre Gangnier [Gagné] « et de plusieurs paroissiens qui n’ont pas signé ».
Le couple s’installe sur la terre de Marguerite à La Prairie, où ils ont deux fils :
Jean (1697–1760)
Pierre (1699–1723)
Le 14 août 1701, Jean et Marguerite vendent une concession de terre à La Prairie à leur gendre Pierre Bourdeau pour 15 livres. La terre mesure deux arpents de front sur vingt-cinq arpents de profondeur. Le fils défunt de Marguerite, André, avait obtenu cette concession en 1695.
Jean et Marguerite n’apparaissent qu’occasionnellement dans les archives au cours des quinze années suivantes, principalement lors des mariages de leurs filles et en tant que parrains et marraines.
Décès de Marguerite Françoise Moreau
Le 8 septembre 1718, Marguerite dicte son testament au notaire Guillaume Barette dit Courville. Elle y est décrite comme résidant à La Tortue, à La Prairie, « gisant au lit malade saine touttefois Desprit memoire et entendement ». Elle ouvre son testament selon l’usage, confiant son âme à Dieu et invoquant la Vierge Marie et sa sainte patronne pour obtenir réconfort dans sa maladie. Elle précise ensuite ses volontés concernant ses funérailles et les messes à célébrer pour le repos de son âme.
Marguerite exprime le désir ferme de récompenser ses deux fils, Jean et Pierre Lefort, pour le soutien qu’ils lui ont apporté au fil des ans, particulièrement durant sa maladie, ainsi que pour le travail consacré à l’amélioration de la ferme familiale. Elle leur lègue à chacun 225 livres et insiste pour que son exécuteur testamentaire applique cette disposition malgré toute opposition. Elle précise que les frais funéraires, les messes et les legs particuliers à ses fils doivent être payés sur ses biens meubles ; le reste de ses biens meubles et immeubles doit être partagé équitablement entre tous ses enfants ayant droit à l’héritage. Elle nomme son voisin, René Dupuy, comme exécuteur testamentaire. Trop faible pour signer, elle déclare ne plus pouvoir écrire. Malgré son insistance, Jean et Pierre ne reçoivent finalement jamais leurs legs de 225 livres, en raison des objections de leurs demi-sœurs et des restrictions imposées par la Coutume de Paris.
Marguerite Françoise Moreau meurt « après une longue maladie » à l’âge de 64 ans, le 16 octobre 1718, à La Prairie. Elle est inhumée le lendemain dans l’église paroissiale, conformément à ses dernières volontés.
Sépulture de Marguerite en 1718 (FamilySearch)
Le 18 février 1719, Jean est élu tuteur de ses enfants mineurs, et René Bourassa est nommé subrogé-tuteur.
Le 23 février 1719, le notaire Michel Lepailleur de La Ferté dresse l’inventaire des biens de la communauté de Jean et Marguerite. Le document, long de onze pages, recense l’ensemble des possessions du couple : ustensiles et outils de cuisine, linge et vêtements, meubles, importante quantité de céréales récoltées, animaux de ferme, dettes et papiers importants. L’inventaire décrit également les bâtiments de la propriété Lefort : une maison de pièces sur pièces de vingt-cinq pieds de long sur vingt de large, avec deux cheminées, ainsi qu’une grange, une boulangerie et une écurie.
Le mois suivant, les 7 et 8 mars 1719, le notaire Pierre Raimbault rédige un accord entre Jean, ses fils et ses beaux-enfants (et leurs conjoints) pour « éviter à tous proces ni contestations au sujet du partage et reglement » de la succession de feue Marguerite Moreau, de Mathieu Faille dit Lafayette et de la communauté de biens de Jean et Marguerite.
Mariage de Jean Lefort dit La Prairie et Marguerite Bourgis
Le notaire Marien Tailhandier dit La Beaume rédige un contrat de mariage entre Jean et Marguerite Bourgis (ou Bourgery) le 7 août 1719, à la maison de Gilles Papin à Boucherville. Jean a environ 51 ans. Marguerite, âgée de 38 ans, est la fille de Pierre Bourgis (ou Bourgery) et de Marguerite Boutard. Les témoins de Jean sont ses amis Joseph Bénard et Gilles Papin. Les témoins de Marguerite sont ses frères Léger et Denis, ainsi que son cousin Joseph Robert. Le contrat suit les usages de la Coutume de Paris. Jean ne peut toujours pas signer, mais sa future épouse le peut.
Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT (novembre 2025)
Le couple se marie une semaine plus tard, le 14 août 1719, dans l’église Sainte-Famille de Boucherville, paroisse de la mariée. Leurs témoins sont Gilles Papin, René Alexandre Lemoine, René Dupuy, Pierre Roy, Isaac Brien dit Desrochers et Jacques Gauthier.
Jean et Marguerite s’installent sur les terres de Jean à La Prairie et ont au moins trois enfants entre 1720 et 1723 : une fille anonyme, Marie Marguerite et Marie Josèphe.
Des années de litige
Entre 1722 et 1726, Jean est impliqué dans plusieurs affaires judiciaires. Après le décès de Marguerite Moreau, il doit gérer la succession issue de son premier mariage avec Mathieu Faille. Celle-ci comprend les terres, les dettes familiales et les droits des enfants Faille/Delafaye survivants. Comme la succession n’a jamais été entièrement réglée, des conflits opposent les filles mariées, leurs époux et Jean. L’accord de 1719, rédigé pour « éviter à tous procès ni contestations », n’a manifestement pas permis de résoudre les problèmes de fond.
10 avril 1722 — Élisabeth Delafaye contre Jean Lefort dit Laprairie
Élisabeth, épouse de Pierre de St-Cosme, intente une action contre Jean, domicilié à la côte de la Tortue à La Prairie, pour une dette. Dans le cadre de la procédure, le tribunal dresse un état détaillé des sommes dues par l’aubergiste Raphaël Beauvais à Jean Lefort, probablement afin d’établir le solde exact des comptes et de déterminer si les créances ou demandes reconventionnelles de Lefort peuvent réduire la somme réclamée par Élisabeth.
27 juillet 1722 au 24 juillet 1724 — Pierre Roy et Marie Angélique Delafaye contre Jean Lefort dit Laprairie
Ce procès d’envergure concerne le partage de l’héritage de la famille Faille. Pierre Roy, agissant au nom de son épouse Marie Angélique, poursuit Jean, le beau-père des enfants Faille. Le litige porte sur la répartition équitable des biens de Mathieu Faille et de Marguerite Moreau. L’affaire s’étend à plusieurs héritiers : Joseph Bénard dit Carignan (veuf de Marguerite Faille/Delafaye), Pierre Bourdeau (époux de Marie Delafaye), Pierre Roy, Angélique Delafaye et Jeanne Delafaye, veuve d’Antoine Rougier dit Lafrance. Elle comprend également des documents liés à une action connexe intentée par Jean Lefort (père et fils) contre les héritiers Faille. Cette procédure constitue en réalité la première tentative sérieuse d’obtenir un état complet de la succession.
20 juillet au 4 août 1724 — Jean Lefort (père et fils) contre Joseph Bénard dit Carignan
Dans ce procès, introduit par les deux Jean Lefort, les Lefort cherchent à obtenir un règlement formel de la succession de Marguerite Moreau, veuve de Mathieu Faille. Le dossier comprend des dépositions et des pièces justificatives déposées à l’appui de leurs demandes, ainsi qu’une attestation confirmant que Mathieu Faille s’était établi sur ses terres à La Prairie avant d’épouser Marguerite Moreau — un détail important pour distinguer les biens appartenant à la succession de Mathieu de ceux de Marguerite.
16 avril 1726 — Jean Lefort (père et fils) contre Joseph Bénard dit Carignan et tous les héritiers Faille/Delafaye-Moreau
Ce dernier procès réunit la quasi-totalité des héritiers restants de la succession Faille-Moreau. Jean Lefort et son fils Jean poursuivent de nouveau Joseph Bénard dit Carignan et les héritiers de Mathieu Faille et Marguerite Moreau. Le dossier contient le jugement définitif (dictum de sentence) fixant le partage final de la succession.
Décès de Jean Lefort dit La Prairie
Jean Lefort dit La Prairie meurt à l’âge d’environ 58 ans le 1er novembre 1726. Son acte de sépulture n’a pas été retrouvé, mais sa date de décès est confirmée dans un inventaire dressé plus tard ce mois-là.
Le 19 novembre 1726, une assemblée de proches et d’amis élit Marguerite Bourgis tutrice des enfants mineurs Lefort, et nomme René Dupuy, leur voisin, subrogé-tuteur.
Quatre jours plus tard, le 23 novembre, le notaire Barette dit Courville dresse l’inventaire des biens de la communauté appartenant à Jean et Marguerite. Ce document de dix pages recense les terres et les bâtiments du couple, leurs meubles, armes, animaux et outils agricoles, articles ménagers, récoltes de céréales, vêtements et linge de maison.
Extrait de l’inventaire de 1726, montrant les biens et les bâtiments de Jean (FamilySearch)
Une vie ancrée à La Prairie
À La Prairie, Jean Lefort dit La Prairie et Marguerite Françoise Moreau construisent une vie marquée par le service militaire, la mise en valeur de la terre et les réalités parfois dures d’une région frontière. Lui, jeune soldat venu de Saintonge ; elle, Parisienne arrivée comme Fille du roi — leurs parcours différents se rejoignent dans une famille recomposée qui s’enracine sur la rive sud de Montréal. Les documents qu’ils laissent — concessions, inventaires, contrats et procès — témoignent autant de leurs épreuves que de leur capacité à rebâtir après chaque rupture. Leur histoire, faite de résilience et d’attachement à leur communauté, se poursuit à travers les descendants Lefort et Faille-Moreau, qui façonnent la région au fil des générations.
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Bibliographie :
Jocelyne Lefort, « L’audacieuse et courageuse Margueritte-Françoise Moreau, ma première ancêtre paternelle en Nouvelle-France », L’Ancêtre, volume 46, numéro 328, automne 2019, pages 25-38.
Jocelyne Lefort, « Margueritte-Françoise Moreau, ma première ancêtre paternelle en Nouvelle-France, une femme résiliente (1re partie) », L’Ancêtre, volume 49, numéro 340, automne 2022, pages 33-44.
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