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Joseph Frye (André Frye dit Laframboise) & Marie Louise Bigras

Découvrez l’histoire captivante de Joseph Frye, un jeune Quaker de Kittery capturé en 1695 et devenu André Franche dit Laframboise, colon français à Pointe-Claire. Une biographie documentée retraçant son parcours entre la Nouvelle-Angleterre et la Nouvelle-France.

 

Joseph Frye (André Frye dit Laframboise) & Marie Louise Bigras

 

Un captif anglais devenu habitant de la Nouvelle-France

 

Joseph Frye, fils d’Adrian Frye et de son épouse Sarah, naît vers 1680, probablement à Kittery, dans le Maine. Ses frères et sœurs connus sont : Eleanor (née vers 1668), William (né en 1672), Elizabeth (née en 1675), Joanna (née en 1678), Sarah (née en 1679) et Adrian (année de naissance inconnue, mais probablement le plus jeune, né vers 1683).

 

Le nom de jeune fille de Sarah

Le nom de jeune fille de Sarah, épouse d’Adrian Frye, reste inconnu à ce jour. Les généalogistes Noyes, Libby et Davis la désignent à tort comme Hannah White, fille de Robert White. Les documents contemporains la nomment pourtant systématiquement Sarah, et non Hannah. Cela inclut des actes notariés, un testament qu’elle atteste, ainsi que les documents relatifs à sa propre succession.

Une deuxième hypothèse la relie à John White de Kittery. Dans un acte de 1701, William Frye, fils de Sarah, qualifie Francis Allen (fils de Robert Allen et d’Hannah White) de son « cousin ». Certains y voient une preuve que Sarah et Hannah White sont sœurs, toutes deux filles de John White. Les preuves sont toutefois fragiles :

  • En novembre 1678, John White lègue tous ses biens à sa « fille naturelle Hannah Allen », sans mention de Sarah ni d’héritiers Frye ;

  • Adrian et Sarah ne donnent pas les prénoms de John ni de Lucy à leurs enfants, ce qu’on pourrait attendre si Sarah était la fille de John et Lucy White ;

  • Au XVIIe siècle, le mot « cousin » désigne souvent un lien élargi, voire une relation par alliance.

Une troisième hypothèse vient du registre de mariage canadien de Joseph Frye. Sous son nom adopté d’André Laframboise, il nomme sa mère « Marie Frein ». Certains interprètent « Frein » comme une déformation de Friend. Aucun document de la Nouvelle-Angleterre ne confirme ce lien, et « Frein » semble plutôt être une transcription française du nom Frye.

En résumé, aucune preuve ne rattache Sarah aux familles White ou Friend. Son nom de jeune fille demeure inconnu.


Les origines d’Adrian Frye

Selon les manuscrits du Dr Charles Edward Banks, Adrian Frye vient d’Axbridge, en Angleterre, bien que ses parents ne soient pas identifiés. Des généalogistes plus récents fouillent les archives d’Axbridge et des environs (y compris Bristol) dans l’espoir de confirmer ses origines, mais aucun document primaire ne relie de manière concluante l’Adrian Frye de la Nouvelle-Angleterre à une famille précise du Somerset.

Quelques références à des hommes nommés Adrian Frye ou Fry apparaissent dans les sources anglaises. Elles pourraient concerner la famille d’Adrian, mais aucune ne permet de confirmer avec certitude l’identité de l’immigrant en Nouvelle-Angleterre :

  • Adrian Frye et Margaret Bryant : le 23 juillet 1627, un certain Adrian Frye épouse Margaret Bryant à Henbury, dans le Gloucestershire. Cela indique la présence d’un Adrian Frye plus ancien dans la région de Bristol. Certains récits familiaux prétendent qu’il pourrait s’agir du père d’Adrian, le colon de Nouvelle-Angleterre. Le Genealogical Dictionary of Maine and New Hampshire mentionne lui aussi ce mariage. Si cet Adrian et Margaret ont eu un fils dans les années 1630–1640, ce dernier pourrait être l’immigrant en question. Mais aucun baptême n’a été retrouvé pour appuyer cette hypothèse. Les arbres généalogiques en ligne nommant ce couple comme parents d’Adrian s’appuient uniquement sur ce mariage à Henbury et sur la mention d’Axbridge chez Banks — ils ne reposent sur aucun baptême ou preuve directe.

  • Famille Frye à Axbridge : les registres paroissiaux d’Axbridge contiennent de nombreuses entrées pour les noms Fry, Frye et Frie aux XVIe et XVIIe siècles, ce qui confirme la présence d’au moins une famille de ce nom dans la région. Un testament est homologué en 1615 pour un « Nicholas, gentilhomme, Axbridge, Somerset, 35 Rudd ». Certains y voient le père ou le grand-père d’Adrian. D’après certaines reconstructions, Nicholas Fry (né vers 1569) aurait épousé une certaine Mary Betterton (ou Batherton) et aurait eu un fils prénommé Adrian, né vers 1604 à Axbridge. Ce dernier serait alors l’homme ayant épousé Margaret Bryant à Henbury en 1627. Toutefois, aucun baptême n’a été trouvé à Axbridge autour de 1604, et le prénom « Adrian » n’apparaît même pas dans l’index des registres entre 1562 et 1640. De même, aucun baptême vers 1640 (période probable de naissance de l’Adrian Frye de Nouvelle-Angleterre) n’est retrouvé à Axbridge ou dans les paroisses voisines (Cheddar, Winscombe, Banwell, etc.), malgré l’affirmation de Banks. En résumé, si le nom Frye est bel et bien présent à Axbridge, rien ne permet à ce jour de rattacher Adrian à une famille précise de cette localité.

  • Autres sources : le Genealogical Dictionary of Maine and New Hampshire signale également qu’un Adrian Frye vit à « Hooke », dans le Wiltshire, en 1601, et un autre à Lydiard-Millicent (dans le même comté) en 1603. Il s’agit probablement de références à des documents juridiques ou fonciers. Lydiard-Millicent se trouve à environ 60 kilomètres à l’est d’Axbridge. Il n’existe toutefois aucun lien prouvé entre les Frye du Wiltshire et ceux d’Axbridge, et aucune de ces mentions n’identifie clairement l’Adrian Frye qui s’installe en Nouvelle-Angleterre.

Malgré ces différentes pistes, les origines anglaises d’Adrian Frye demeurent incertaines. Aucun document découvert à ce jour ne relie de manière explicite un Adrian Frye d’Angleterre à celui établi dans le Maine colonial.


Les racines de la famille Frye à Kittery

Représentation d’un fermier quaker dans le Maine du XVIIe siècle (image générée par intelligence artificielle par l’auteure avec ChatGPT, juillet 2025)

Adrian Frye, le père de Joseph et un planteur quaker, est mentionné pour la première fois à Kittery en 1663. Il habite la propriété familiale des Frye, également appelée Frye’s Point, à l’embouchure du ruisseau Sturgeon, à côté de la famille Frost. Les terres de ce secteur sont rapidement mises en valeur grâce au développement de moulins à eau sur les ruisseaux Cammock et Sturgeon. Deux types de moulins dominent : les moulins à farine, servant à moudre le maïs et les grains, et les scieries, qui transforment les billots en planches, utilisées sur place ou exportées vers l’Angleterre. La région compte même quatre ordinaries (auberges où l’on sert des repas à prix fixe).

En choisissant de s’installer aux limites du sud du Maine, Adrian Frye échange les restrictions religieuses de l’Angleterre contre les dangers de la vie coloniale — affrontant à la fois les conflits avec les Autochtones et une grande incertitude quant à la propriété foncière et à l’autorité gouvernementale. En effet, la colonisation de cette région au milieu du XVIIe siècle est marquée par des concessions contradictoires, une confusion juridique généralisée et un phénomène répandu d’occupation sans titre.


La province du Maine

En 1620, le roi Jacques Ier accorde une charte au Council of Plymouth, lui conférant des droits sur de vastes portions de la Nouvelle-Angleterre, allant du fleuve Saint-Laurent jusqu’à Philadelphie. Le 10 août 1622, le conseil délivre une concession majeure à Ferdinando Gorges et au capitaine John Mason, couvrant le territoire situé entre les rivières Merrimac et Kennebec — une région baptisée la province du Maine. En 1629, Gorges et Mason se partagent leurs terres : Mason reçoit les terres comprises entre la Merrimac et la rivière Piscataqua (aujourd’hui le New Hampshire), tandis que Gorges conserve la bande allant de la Piscataqua à la Kennebec.

Carte de la côte de la province du Maine, de la rivière Piscataqua à la rivière Kennebec. Inclut aussi le Massachusetts et la concession de Mason. Cartographe et date inconnus (Maine State Archives)

Les choses se compliquent davantage lorsque le Council of Plymouth émet plusieurs concessions mineures se chevauchant, créant ainsi un désordre de revendications foncières contradictoires. Certains historiens avancent que Walter Neal, un agent des propriétaires, vend toutes les terres de Kittery entre 1632 et 1634. Toutefois, les documents conservés ne mentionnent qu’un seul acte officiel — une vente à Thomas Cammock, incluant ce qui deviendra plus tard la ferme Shapleigh à Eliot. Les autres ventes supposées de Neal ne sont pas documentées, et les concessions ultérieures accordées par Gorges laissent entendre que les pouvoirs de Neal étaient soit limités, soit ignorés.

Après la mort du capitaine Mason en décembre 1635, ses héritiers ne parviennent pas à faire valoir leurs droits sur les terres de Nouvelle-Angleterre. Dès les années 1650, la colonie de la baie du Massachusetts affirme sa juridiction sur le Maine, l’intégrant à son système juridique et politique — une décision qu’elle justifie par une interprétation large de sa frontière nord. Parallèlement, le New Hampshire revendique lui aussi des territoires qui se chevauchent, ajoutant à la confusion juridique. Les colons, laissés sans supervision effective, s’approprient les terres en invoquant leur occupation de longue durée et les améliorations apportées comme fondement de leur droit de possession. En 1690, les héritiers de Mason vendent leurs intérêts à Samuel Allen, un marchand londonien qui tente de récupérer les terres par voie judiciaire. Cependant, les tribunaux donnent raison aux colons, qui occupent et cultivent ces terres depuis des décennies, légitimant ainsi une occupation initialement non autorisée.


Le peuplement de Sturgeon Creek

La région de Sturgeon Creek, où s’établit la famille Frye, illustre parfaitement ces dynamiques. De nombreux premiers colons dans cette zone sont d’anciens domestiques ou ouvriers employés par Gorges, Mason ou d’autres propriétaires coloniaux. Lorsque ces derniers meurent ou retournent en Angleterre, leurs employés restent sur place et revendiquent les terres. Dans une pétition de 1652, la veuve de Mason décrit les colons comme étant des « serviteurs ou enfants de serviteurs » des premiers propriétaires. En l’absence de toute application concrète des titres de propriété, les colons se partagent les terres de façon informelle. Avec le temps, le gouvernement local légalise rétroactivement ces divisions.

La ville de Kittery, incorporée en 1647, choisit de formaliser ces revendications issues du squat plutôt que de défendre les droits de propriété d’anciens seigneurs lointains ou décédés. Cette décision ouvre la voie à l’établissement durable de familles comme les Frye, instaurant des modèles de propriété foncière à long terme, d’abord informels, puis reconnus par la loi.

Au milieu du XVIIe siècle, la juridiction sur le sud du Maine — incluant Kittery et la région de Sturgeon Creek — est âprement disputée. Bien que cette région fasse à l’origine partie de la province du Maine, le Massachusetts impose dès le début des années 1650 son autorité, étendant ses lois et ses tribunaux au nord de la rivière Piscataqua. De son côté, le New Hampshire revendique aussi ces terres, ce qui entretient une confusion persistante. Pour Adrian et Sarah Frye, ces juridictions mouvantes ne sont pas de simples abstractions politiques : elles influencent concrètement leur quotidien, notamment en tant que quakers vivant en territoire puritain. Le choix de l’autorité légale qui domine le Maine détermine non seulement la validité des titres fonciers, mais aussi la liberté religieuse, le fonctionnement judiciaire et l’intégration sociale — autant d’enjeux qui font de cette question de juridiction un véritable dilemme à la fois patrimonial et spirituel pour les Frye.


Les quakers dans la région de Kittery

Au milieu du XVIIe siècle, le mouvement quaker — officiellement appelé Society of Friends — commence à s’implanter à Kittery et dans les environs, malgré l’opposition largement répandue des autorités puritaines du Massachusetts. Ce groupe religieux, qui rejette le clergé formel et met l’accent sur l’expérience spirituelle personnelle, est perçu comme subversif par le gouvernement colonial. Dès les années 1650, la colonie du Massachusetts adopte des lois sévères contre les quakers : amendes, emprisonnement, bannissement, voire châtiments corporels.

Réunion quaker au XVIIe siècle, gravure d’Egbert van Heemskerck I (© The Trustees of the British Museum, CC BY-NC-SA 4.0)

En contraste, la région de Piscataqua — comprenant Kittery, Eliot et le secteur de Sturgeon Creek — devient un refuge relatif. Les colons y sont souvent plus tolérants, ou quakers eux-mêmes. Selon l’historien Stackpole, plusieurs familles établies à Kittery adhèrent à la foi quaker ou y sont sympathiques, formant un réseau solidaire face à la persécution religieuse. Les quakers de Kittery tiennent leurs réunions dans des maisons privées, et plusieurs familles influentes se distinguent par leur fidélité à ces croyances.

Pour Adrian et Sarah Frye, s’établir dans la région de Sturgeon Creek les place au sein d’une communauté composée d’autres membres de la Society of Friends, offrant un milieu plus sûr et plus solidaire que les villes puritaines plus au sud. Dans cette région, les non-conformistes religieux peuvent vivre plus librement, même s’ils s’exposent encore à des amendes et à des pressions sociales. Le choix de ce lieu d’établissement est sans doute influencé par la disponibilité des terres, mais aussi par la présence d’autres quakers, ce qui leur permet de pratiquer leur foi avec une relative tranquillité.

« Middle Parish of Kittery (aujourd’hui Elliot), 1632–1700 » (Ancestry.ca)


Conflits entre autochtones et colons

Malgré près d’un demi-siècle de paix et d’amitié avec les « Indiens », les habitants de Sturgeon Creek et de la grande région de Kittery connaissent des tensions et des affrontements quasi constants avec les groupes autochtones durant la fin du XVIIe siècle. Ces conflits trouvent leur origine dans l’empiétement des terres, la concurrence pour les ressources et une succession de trahisons et de représailles. À cette époque, les principaux groupes autochtones présents au Maine font partie de la grande Confédération Wabanaki (aussi appelée Abénakie, Abénakise ou Abénaquise).

Couple abénaquis, aquarelle du XVIIIe siècle (Archives de la Ville de Montréal)

L’un des premiers récits de captivité dans la région concerne la famille Frost, de Sturgeon Creek, qui aurait subi une attaque vers 1648–1650, entraînant la capture de l’épouse et de l’enfant de Frost. Toutefois, ce récit repose sur la tradition orale plutôt que sur des documents contemporains, et Stackpole lui-même en remet en question la véracité. Qu’elle soit littérale ou symbolique, cette histoire illustre les relations tendues entre colons et autochtones dans les premières années de l’établissement à Sturgeon Creek.

En juin 1675, la guerre du Roi Philip éclate dans le sud de la Nouvelle-Angleterre, avant de s’étendre rapidement au Maine. La région de Piscataqua, incluant Kittery et Sturgeon Creek, n’est pas épargnée. La maison de Richard Tozier, à Salmon Falls, est attaquée : un enfant est tué, un autre est capturé. Ces assauts s’inscrivent dans une stratégie concertée visant à freiner l’expansion coloniale. Plus tard cette année-là, la violence s’intensifie. Le 7 octobre 1675, un homme et deux garçons sont abattus dans les champs à Berwick. Le 16 octobre, la maison des Tozier est de nouveau attaquée par un groupe d’environ cent guerriers autochtones. Tozier est tué, sa maison est incendiée, et son fils est soit tué, soit capturé. Selon la tradition orale, Richard Nason fils est « tué sur le seuil de sa maison » à Sturgeon Creek, et son fils est emmené au Canada. Deux autres hommes non identifiés sont également abattus à Sturgeon Creek.

Un événement décisif qui incite les hostilités futures est l’incident de Cocheco de septembre 1676, dans l’actuelle Dover, au New Hampshire. Le capitaine Richard Waldron, un dirigeant colonial influent, invite environ 400 Autochtones dans le fort de Cocheco, sous prétexte d’une journée de jeux de guerre et de compétitions amicales. Une fois leurs armes déposées, Waldron les trahit, violant ainsi la trêve. Les forces coloniales séparent alors les « Indiens locaux » des « étrangers ». Environ 200 captifs sont emmenés à Boston : certains sont pendus, d’autres vendus comme esclaves, principalement à la Barbade.

L’incident de Cocheco laisse un héritage de profond ressentiment et un désir de vengeance, même de la part des « Indiens locaux », contribuant directement à la reprise des raids autochtones contre les colonies de la Nouvelle-Angleterre dans les années qui suivent. Finalement, les Autochtones obtiennent leur revanche — Waldron est tué par les Wabanakis en 1689.

« Décès du major Richard Waldron » (Wikimedia Commons)

Dans les années 1690, les attaques contre des villages comme Kittery ne sont pas des actes de violence aléatoires, mais le résultat de décennies d’expansion coloniale, de promesses rompues et de représailles pour des torts antérieurs, y compris l’esclavage et le meurtre de captifs autochtones à Cocheco.


La guerre du roi Guillaume

Après une décennie de paix relative, la guerre du roi Guillaume éclate en 1689 et dure jusqu’en 1698 environ. Le conflit fait partie d’un affrontement impérial plus vaste entre l’Angleterre et la France, mais en Nouvelle-Angleterre, il prend principalement la forme de raids autochtones soutenus par les Français contre les colonies anglaises de la frontière, y compris celles de Kittery et de Berwick. Stackpole décrit cette période comme une époque d’alerte constante pour les familles de Kittery. Toute la frontière, de Berwick à York, est assiégée. Les Abénakis et leurs alliés français ciblent les colonies anglaises par des attaques répétées, brûlant les maisons, tuant les colons et capturant des dizaines d’habitants pour les vendre ou demander rançon au Canada.

Image générée par intelligence artificielle par l’auteure avec ChatGPT, juillet 2025

En mars 1690, une attaque majeure a lieu à Salmon Falls et Quamphegan (aujourd’hui South Berwick). Les forces autochtones maîtrisent environ 10 à 12 familles, prennent le contrôle du fort local et s’emparent de plusieurs maisons, dont celle de la famille Love. Des incendies sont allumés et les colonies environnantes sont réduites en ruines. En 1691, les colons de Newichawannock (près du quartier Sturgeon Creek des Frye) continuent de subir des raids meurtriers. David Hamilton et Henry Child sont tués ; tous deux font partie de réseaux familiaux étroitement liés à la communauté de Sturgeon Creek. En 1694, les attaques s’intensifient de nouveau, touchant à la fois Berwick et Kittery, perturbant l’agriculture et la vie quotidienne.

Des garnisons de six soldats sont établies à Lower Kittery et Upper Kittery, notamment dans les maisons voisines des Frost et des Nason. Malgré ces protections, les attaques se poursuivent, entraînant plusieurs meurtres et enlèvements. La famille Frye n’est pas épargnée.   

 Le 6 juillet 1695, des guerriers abénakis alliés aux Français attaquent Sandy Beach et Kittery. Ils incendient des maisons, volent du bétail et emmènent environ 200 captifs au Canada. Parmi eux se trouve « Joseph Frey de Kittery, âgé d’environ 15 ou 16 ans ». Selon la légende familiale, Joseph est capturé alors qu’il joue sur la rive sablonneuse où la branche sud du ruisseau Sturgeon rejoint la rivière Newichawannock. 

 La guerre dévaste les colonies de la frontière de Kittery et des villes avoisinantes. De nombreuses familles doivent abandonner leurs fermes et chercher refuge dans des maisons fortifiées ou des casernes. L’école est suspendue, les déplacements devenant trop dangereux, et les offices religieux sont célébrés sous la protection d’hommes armés pour protéger les fidèles contre les attaques-surprises. L’économie locale s’effondre : les moulins sont incendiés, le bétail tué, les champs laissés en friche par crainte des raids. La population tombe dans une extrême pauvreté. De 1694 à 1697, les colons adressent à plusieurs reprises des pétitions à la Cour générale pour demander une exonération d’impôts et une aide financière pour soutenir les ministres et assurer l’entretien de la ville.


Décès d’Adrian et Sarah

On connaît peu de choses sur la vie d’Adrian et de Sarah Frye à la fin des années 1690, bien que leurs noms apparaissent dans plusieurs transactions légales. Le 12 octobre 1692, ils cèdent leur propriété de Frye’s Point à leur fils William, en échange d’un soutien à vie : neuf acres « joignant l’embouchure du ruisseau, sur le côté sud dudit ruisseau… et vingt-sept acres de plus… sur et près de horsidown hill. » Adrian meurt vraisemblablement peu après ; il est désigné comme « feu de Kittery » dans une action en justice du 5 octobre 1708. Sarah est décédée avant le 22 novembre 1709, date à laquelle William est nommé administrateur de sa succession. Lorsqu’il vend ensuite la propriété, William y réserve un « terrain d’inhumation de trois perches de long sur deux perches de large en bordure de la rivière Dover », vraisemblablement le lieu de sépulture d’Adrian et Sarah.  

Alors que l’histoire d’Adrian et de Sarah se termine discrètement sur les rives de Sturgeon Creek, celle de leur fils Joseph prend une toute autre tournure—le menant loin de Kittery, au cœur de la Nouvelle-France.


La nouvelle vie de Joseph parmi les Autochtones

Entre 1695 et 1706, Joseph vit dans une mission autochtone près de Montréal, après avoir été capturé lors du raid abénaquis de 1695. Selon la légende familiale, après sa capture, « il est brutalement maltraité — des lanières de chair sont arrachées des parties les plus charnues de son corps ». Une femme autochtone bienveillante intervient, le rachète avec un mouton et le soigne jusqu’à ce qu’il retrouve la santé. Elle le nourrit de framboises, et sous ses soins, il guérit. Ce détail, transmis par tradition orale, aurait inspiré son nom « dit » Laframboise.

À la mission, Joseph est vraisemblablement baptisé par des missionnaires catholiques et prend le prénom français André, peut-être en mémoire de son père Adrien. Dans divers documents canadiens au cours de sa vie, son nom de famille apparaît sous de nombreuses formes — dérivés de Frye (Fray, Fraye, Frey, Freye) et transcriptions phonétiques comme Franche, Frinche, Frange, Freinch et Freinche.

Image générée par intelligence artificielle par l’auteure avec ChatGPT, juillet 2025


 

Reconstituer l’identité de Joseph Frye

Dans son ouvrage de 1897, True Stories of New England Captives Carried to Canada, l’historienne C. Alice Baker reconstitue minutieusement les parcours des Néo-Anglais enlevés pendant les guerres franco-indiennes. L’un des cas les plus difficiles qu’elle traite est celui de Joseph Frye, un garçon de Kittery, dans le Maine, capturé vers 1695 et mentionné une seule fois dans les archives coloniales de la Nouvelle-Angleterre — dans un document connu sous le nom de pétition Gill et Hutchins.

Déposée auprès de la General Court du Massachusetts le 29 mai 1701, cette pétition est signée par Samuel Gill de Salisbury et Benjamin Hutchins de Kittery, dont les fils ont été capturés par des groupes autochtones et emmenés au Canada. Les pétitionnaires demandent au gouvernement de respecter une promesse antérieure : celle d’organiser des efforts pour le rachat des captifs anglais, dont plusieurs, comme Frye, sont toujours détenus par les Français ou leurs alliés autochtones. La pétition énumère les noms et âges de plusieurs jeunes enlevés dans diverses localités, dont : « Joseph Frey de Kittery, pris vers 1695, âgé d’environ 15 ou 16 ans ». Il s’agit du seul document colonial connu qui mentionne Joseph par son nom. 

On ne retrouve aucune autre trace de lui dans les archives néo-anglaises sous les noms Frye ou Frey. Toutefois, Baker reçoit plus tard une lettre d’une religieuse canadienne affirmant descendre d’un certain André French, présenté comme un fils de Thomas French, diacre à Deerfield. Baker sait que cela est impossible — Thomas n’a pas de fils non répertorié —, mais la religieuse fournit des notes familiales identifiant plutôt cet ancêtre comme André Laframboise, originaire de Boston. En reconnaissant les erreurs et les transformations du nom de famille, Baker finit par établir un lien entre ce « André » et Joseph Frye, fils d’Adrian et de Sarah Frye, quakers établis à Kittery dès 1664.

En s’appuyant sur ce récit familial, la transformation du nom, ainsi que la concordance d’âge, de lieu et d’époque, Baker conclut que Joseph Frye de Kittery et André Frye dit Laframboise ne font qu’une seule et même personne.


La libération d’un captif

Vers 1706, Joseph — désormais connu sous le nom d’André Frye dit Laframboise — est libéré de captivité. À ce moment-là, il est déjà pleinement intégré au monde social et religieux de la Nouvelle-France. En 1707, il réside à Villemarie (Montréal), où il choisit de rester plutôt que de retourner en Nouvelle-Angleterre. Comme de nombreux autres captifs qui demeurent dans la colonie, Joseph se construit une nouvelle vie au sein du régime français, adoptant non seulement une nouvelle langue et une nouvelle religion, mais aussi de nouveaux liens de parenté.  

Le 20 juin 1707, le notaire Michel Lepailleur de LaFerté commence la rédaction d’un contrat de mariage entre « andré fray, anglois de nation, natif de la ville de boston en la nouvelle angleterre, demeurant en cette ville [Villemarie], fils d’andré fray [et] marie fray » et Thérèse Varin, âgée de 18 ans, fille de Marin Varin et de Marie Massard. Cependant, le contrat n’est jamais finalisé, et le mariage n’a pas lieu. Thérèse épouse plus tard Nicolas Dufay dit Lamarche en 1715 et donne naissance à quatre enfants hors mariage avant et pendant leur union.


Un citoyen français

En mai 1710, André « Fray » et plusieurs autres hommes — originaires pour la plupart de la Nouvelle-Angleterre, d’Angleterre ou d’Irlande — obtiennent la nationalité française par ordre de « Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre ».

Extrait des lettres de naturalité de 1710 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)


Marie Louise Bigras, fille de François Bigras et de Marie Brunet, naît le 28 octobre 1694. Elle est baptisée le lendemain dans la paroisse Saints-Anges à Lachine [aujourd’hui un arrondissement de Montréal]. Son parrain est Charles Lemaistre, sa marraine Marie Louise Magnan. Le père, le parrain et la marraine signent l’acte de baptême.

Marie Louise grandit à Lachine, aînée d’une fratrie de treize enfants.

Baptême de Marie Louise Bigras en 1694 (Ancestry)


Mariage et famille

Le 12 octobre 1713, le notaire Lepailleur de LaFerté rédige un contrat de mariage entre « andré fray laframboise, fils de andré fray et marie fray natif de boston nouvelle angleterre, de present habitué de ce païs et naturalisé françois par lettres Royaux », et Marie Louise Brigras, fille de François Bigras, habitant de la Grande Anse, et de Marie Brunet. André a environ 33 ans, et Marie Louise, 18 ans. Les témoins d’André sont ses amis Jacques Laselle, maître-menuisier, et Étienne Gibault, également menuisier. Ceux de Marie Louise sont ses parents et son oncle Michel Brunet dit Létang. Le contrat est rédigé au domicile de Jacques Laselle à Villemarie.  

Le contrat suit les normes de la Coutume de Paris. André doue un douaire coutumier de 500 livres à sa future épouse. Le préciput est fixé à 200 livres-somme que le conjoint survivant pourra réclamer avant le partage des biens de la communauté. François Bigras, Jacques Laselle et Étienne Gibault signent le contrat. André et Marie Louise déclarent ne pas savoir écrire ni signer.

Le 16 octobre 1713, André et Marie Louise se marient à l’église paroissiale Saint-Joachim de Pointe-Claire. L’acte de mariage décrit André comme « fils d’André Laframboise de Boston et de marie freuin de la meme ville » et Marie Louise comme « fille de François Bigras de La Rochelle et de Marie Brunet de Montréal ». Parmi les témoins figurent Joseph Cuillerier, Pierre Trottier, Jean Pilon, Michel Létang et Michel Brunet.

Mariage d’André et Marie Louise en 1713 (Généalogie Québec)

André et Marie Louise s’établissent à Pointe-Claire, où les registres de baptême indiquent qu’ils ont au moins douze enfants :

  1. Marie Élisabeth (1714–1787)

  2. André Lambert (1717–avant 1779)

  3. Marie Josèphe (1719–1797)

  4. Joachim (1721–1802)

  5. Charles (1722–1723)

  6. Marie Suzanne (1724–1724)

  7. Marie Louise (1725–1804)

  8. Jean Baptiste (1727–?)

  9. Joseph (1728–1804)

  10. Jacques (1730–1806)

  11. Vincent (1732–après 1778)

  12. Marie Angélique (1733–1809)

Le 14 avril 1716, André reçoit une concession de terre de la part du Séminaire de St-Sulpice de Montréal, seigneur propriétaire de l’île de Montréal. Il est décrit comme un habitant, « anglois de nation ». La concession se trouve à la « Grande Anse », là où vit la famille Bigras, juste à l’est de Pointe-Claire. Elle mesure trois arpents de front sur vingt de profondeur. André s’engage à payer une rente annuelle de dix sols et un demi-minot de blé par tranche de vingt arpents. Il est aussi tenu de faire moudre son grain au moulin seigneurial, « sous peine de confiscation ». [On ignore ce qu’il advient de cette terre, car aucun document ne signale que la famille Frye y habite ou la vend.]

Le 15 novembre 1718, André reçoit une autre concession des Sulpiciens, cette fois située à la côte Saint-Rémi sur l’île de Montréal. Cette terre devient la résidence permanente de la famille Fry. Elle mesure quatre arpents de front sur vingt-trois de profondeur. La rente annuelle est la même : dix sols et un demi-minot de blé par tranche de vingt arpents, les seigneurs se réservant aussi le droit de prendre du bois sur la propriété au besoin.

La côte Saint-Rémi fait partie du réseau d’aménagement intérieur planifié de Pointe-Claire, établi vers 1722. Elle est perpendiculairement au fleuve et fait partie d’un aménagement agricole et résidentiel structuré qui allait plus tard influencer le réseau routier de l’Ouest-de-l’Île. Aujourd’hui, le secteur porte le nom de Côte-des-Sources.

Extrait de la concession de 1718 (FamilySearch)

Au cours des années 1720, André et Marie Louise concluent des contrats d’engagement pour leurs deux aînés :

  • Le 3 août 1723, Élisabeth, âgée de neuf ans, est engagée comme domestique par Paul-Louis Dazemard de Lusignan, officier des Compagnies franches de la Marine. [Elle est en réalité à 24 jours de son neuvième anniversaire.]

  • Le 21 février 1725, André, âgé de neuf ans, est engagé comme apprenti taillandier chez Bertrand Trudeau. [Il n’a en fait que sept ans.]

  • Le 29 octobre 1725, Élisabeth, douze ans, est engagée par Charles Viger de Villemarie. [Elle n’a en réalité que onze ans.]


Accusation de voies de fait

À l’automne 1723, André, Marie Louise et son cousin Michel Brunet dit Létang sont accusés de voies de fait par René Aubin dit Saint-Aubin. Selon la plainte, Aubin affirme que sa femme a été battue par Michel, André et Marie Louise lorsqu’elle tenta de reprendre une cavale « prise en dommage » — l’animal était entré dans leur jardin et avait mangé leurs choux.

Image générée par intelligence artificielle par l’auteure avec ChatGPT, juillet 2025

Lorsqu’elle est interrogée, Marie Louise nie avoir agressé la femme d’Aubin et explique que le conflit a commencé lorsque celui-ci et sa femme sont venus chez eux pour reprendre de force la cavale. Selon son récit, la femme d’Aubin l’aurait giflée, ce qui aurait incité son mari à intervenir, d’autant plus qu’elle était enceinte de cinq ou six mois à l’époque. Marie Louise admet avoir échangé des jurons avec la femme d’Aubin le lendemain, lorsqu’ils l’ont croisée près du ruisseau, mais insiste sur le fait qu’aucune violence physique n’a eu lieu. Elle affirme qu’ils lui avaient simplement dit de « se retirer chez elle et de les laisser en repos ».

Finalement, le tribunal condamne Michel Brunet dit Létang à payer les frais de justice, taxés à soixante-huit livres et sept sols, et ordonne sa libération de prison. Pour recouvrer les frais, Aubin obtient un droit de recours ainsi qu’une hypothèque sur les biens de Brunet. Cependant, le tribunal renvoie les accusations portées contre André et Marie Louise.

L’affaire comporte un élément personnel particulièrement délicat : l’épouse non nommée de René Aubin dans cette affaire n’est autre que Marie Françoise Bigras, la propre sœur de Marie Louise. Malgré ce grave conflit familial, les deux sœurs semblent s’être réconciliées par la suite. En 1739, Marie Louise agit comme marraine de l’un des enfants des Aubin, signe que leur différend a été résolu.


Parrainages

Tout au long de leur vie, André et Marie Louise agissent fréquemment comme parrain et marraine dans la communauté de Pointe-Claire, un rôle qui reflète à la fois leurs liens religieux et sociaux :24 novembre 1724 : André et Marie Louise sont parrains d’André Jean Baptiste Lépine

  • 1er août 1732 : Marie Louise est marraine de son neveu Joseph Marie Bigras

  • 10 juin 1736 : André est parrain d’André Bonaventure Briquet

  • 12 septembre 1736 : Marie Louise est marraine de sa nièce Marie Rose Calvé

  • 25 novembre 1737 : André est parrain de sa petite-fille Marie Anne Debout

  • 31 mai 1739 : Marie Louise est marraine de son neveu Louis Amable Aubin

  • 7 janvier 1747 : André est parrain de son petit-fils Joseph Robert Pépin

  • 3 février 1748 : Marie Louise est marraine de sa petite-fille Marie Louise Franche

  • 25 novembre 1749 : André est parrain de son petit-fils André Lambert Franche (à Saint-Laurent)


Décès d’André et de Marie Louise

André Frye dit Laframboise meurt le 10 avril 1750 et est inhumé le lendemain dans le cimetière paroissial Saint-Joachim à Pointe-Claire. Son acte de sépulture le décrit comme « anglois de nation », ses parents étant inconnus. L’acte indique qu’il a 96 ans, bien qu’il soit probablement âgé de 70 ans. [La date de son décès est omise sur l’acte de sépulture, mais elle figure dans l’inventaire après décès rédigé quelques mois plus tard.]

Sépulture d’André Frye dit Laframboise en 1750 (Généalogie Québec)

Conformément à l’usage, amis et membres de la famille se réunissent après le décès du père afin de nommer un tuteur et un subrogé tuteur pour les enfants mineurs d’André et de Marie Louise. Le 12 juin 1750, Marie Louise est désignée tutrice, et son fils André Lambert est nommé subrogé tuteur.

Le 13 juin 1750, le notaire Hodiesne dresse l’inventaire des biens du couple, énumérant tous les « biens meubles, ustensiles de ménage et d’agriculture, vaisselle d’étain, titres, papiers, enseignements, et autres choses demeurés après de décès dudit André Franche et qui étaient communs entre lui et ladite veuve ». Les bestiaux suivants sont mentionnés :

  • Deux bœufs de quatre ans (l’un au poil roux, l’autre au poil brun)

  • Deux bœufs de trois ans (l’un au poil roux, l’autre au poil brun)

  • Deux taures de deux ans (l’une rouge et blanc, l’autre noire)

  • Une vache rouge et blanc

  • Deux juments au poil noir, âgées de cinq et huit ans

  • Un petit veau de la présente année

  • Huit cochons

  • Un poulain d’un an

  • Quinze brebis et moutons

  • Neuf poules et un coq 

La valeur totale des biens est estimée à 474 livres, incluant un petit nombre de dettes.   

L’inventaire décrit également la maison familiale à la côte Saint-Rémi : une terre de quatre arpents de front sur vingt de profondeur, sur laquelle se trouvent une vieille maison en pièce sur pièce couverte de paille, dotée d’une cheminée en terre, ainsi qu’une grange couverte de paille mesurant trente pieds de long par vingt-cinq de large. La maison et la grange font face au chemin Royal et sont situées entre la terre des héritiers de Michel Brunet dit Létang et celle de Jean Baptiste Mallet. À cette époque, soixante-quatre arpents de la terre sont déjà défrichés. La terre et les bâtiments sont évalués à 500 livres.

L’inventaire est clos par la cour le 19 juin 1750.

Le 8 juillet 1765, Marie Louise vend sa terre à son gendre Jean Poisson, époux de sa fille Marie Angélique. La propriété vendue mesure deux arpents de front sur vingt-huit de profondeur et est désormais bordée par les terres de Jean Sabourin et de Charles Deslauriers. La vente comprend une petite maison et la « moitié d’une grange », qui semble être située entre la terre vendue et celle de Deslauriers.

Marie Louise Bigras meurt à l’âge de 77 ans le 21 juin 1772. Elle est inhumée le lendemain dans le cimetière paroissial Saint-Joachim à Pointe-Claire. Son acte de sépulture indique par erreur qu’elle est âgée de 80 ans et veuve de « Fontaine dit Laframboise ».

Sépulture de Marie Louise Bigras en 1772 (Généalogie Québec)


Du captif au colon : l’héritage d’André Frye dit Laframboise

L’histoire d’André Frye dit Laframboise et de Marie Louise Bigras traverse les frontières, les cultures et les langues. Arraché à son monde d’enfance au bord de la rivière Sturgeon, Joseph Frye devient André, un homme enraciné dans les terres et les traditions du Canada français. Son parcours illustre les tensions, les adaptations et les alliances qui ont marqué la vie des captifs de la Nouvelle-Angleterre en territoire catholique. Avec Marie Louise, il fonde une famille durablement établie à Pointe-Claire, dont les descendants perpétuent aujourd’hui la mémoire d’un homme jadis oublié. Ensemble, ils laissent une empreinte bien réelle sur le paysage historique du Québec.

 
 


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  • Ibid., « Engagement en qualité de apprenti taillandier de André Fray (9 ans), par André Fray et Marie-Louise Bigras, son épouse, de la côte St Remy, à Bertrand Trutteau, maître taillandier, de la ville de Villemarie », notaire J.-B. Adhémar de Saint-Martin, 21 févr. 1725.

  • Ibid., « Engagement de Marie-Elisabeth Fraye (12 ans), par André Fraye, demeurant au haut de l'île de Montréal, à Charles Vigers, de la ville de Villemarie », notaire J.-B. Adhémar de Saint-Martin, 29 oct. 1725.

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  • Ibid. (https://www-prdh-igd-com.res.banq.qc.ca/Membership/en/PRDH/acte/119247 : consulté le 17 juil. 2025), baptême d’André Lambert Franche, 25 nov. 1749, Po Saint-Laurent (Saint-Laurent).

  • Ludger Beauregard, « Géographie historique des côtes de l’île de Montréal. Cahiers de géographie du Québec », Cahiers de géographie du Québec, 1984, volume 28 (73-74), 47–62. Numérisé par Érudit (https://doi.org/10.7202/021647ar : consulté le 17 juil. 2025).