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Anciens lieux d’inhumation des canadiens français

En Nouvelle-France, la plupart de nos ancêtres ont été inhumés dans les cimetières paroissiaux à leur mort. Mais ce n'était pas toujours le cas. Examinons les lieux de dernier repos qui apparaissent dans les sépultures de nos ancêtres canadiens-français, dont le cimetière des pauvres, les cimetières de l'Hôtel-Dieu ou de l'Hôpital-général, à l'intérieur de l'église, des tombes temporaires, etc.

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Anciens lieux d’inhumation des Canadiens français

La plupart de nos ancêtres ont été inhumés dans les cimetières paroissiaux  à leur mort. Mais ce n'était pas toujours le cas. Examinons les lieux de dernier repos qui apparaissent dans les sépultures de nos ancêtres canadiens-français, en Nouvelle-France et au Québec.

 

Le cimetière de la paroisse

La très grande majorité de nos ancêtres canadiens-français ont effectivement été enterrés dans le cimetière paroissial. C'était un espace réservé à l'inhumation des défunts, attenant, près ou même sous l'église. La croyance dominante était que plus on était enterré près de l'église, plus on bénéficiait des prières dites à l'intérieur et on accédait plus rapidement aux portes du ciel. Cette idée était également la raison des enterrements intra-muros (dans l'église elle-même).

Sépulture de Marie Godin le 27 octobre 1687 au cimetière paroissial Saints-Anges à Lachine (FamilySearch)

Généralement situé au centre d'une ville ou d'un village, le cimetière était un élément important de la vie religieuse et sociale. Il était entouré d'un mur de maçonnerie ou d'une palissade de pieux, séparant les vivants des défunts. Au temps de la Nouvelle-France, les pierres tombales et les stèles funéraires n'existaient pas, à l'exception de quelques croix simples. Les tombes pouvaient être individuelles ou communes, et elles étaient presque toutes anonymes. Il n'y avait pas de parcelles familiales telles que nous les connaissons aujourd'hui, et la tradition d'enterrer les conjoints côte à côte ne viendrait que bien plus tard.

Ancienne église de Tadoussac (photo d’environ 1898 de William Notman & Son, Musée McCord)

Église et cimetière des Innus à Pointe-Bleue (Mashteuiatsh) (photo d’environ 1892 de William Notman & Son, Musée McCord)

Comme son nom l'indique, le cimetière paroissial était réservé aux paroissiens d'une église déterminée, et les règles catholiques interdisaient l'inhumation de certains individus : ceux de religions différentes, les hérétiques, les enfants non baptisés, ceux aux mœurs douteuses, ainsi que ceux morts par suicide. Des exceptions se produisaient, notamment avec le décès de jeunes enfants ou si un don supplémentaire était fait à l'église. Les autochtones étaient également enterrés au cimetière paroissial s'ils s'étaient convertis au catholicisme.

Jean Baptiste KiȢet, chef algonquin, est inhumé au cimetière paroissial de Trois-Rivières le 27 octobre 1747 (FamilySearch)

Une messe était normalement célébrée pour le défunt ou la défunte, en présence de la famille et des amis. Contrairement à la tradition moderne, la famille ne participait pas à l'enterrement des morts. Il s'agissait d'une simple cérémonie à laquelle assistaient un petit nombre de personnes (c'est pourquoi nous voyons souvent les noms de témoins inconnus ou non apparentés dans les sépultures de nos ancêtres, car il s'agissait souvent de personnes qui travaillaient pour le cimetière ou l'église).

En Nouvelle-France, le coût d'un service funèbre et d'une inhumation coûtait 25 livres. Cela comprenait la messe, l’inhumation au cimetière, les services du bedeau ou marguillier, le cercueil (probablement un cercueil commun utilisé par la paroisse), les chantres de l'église et les garçons de chœur.


 

Croix du premier cimetière de Québec vue du parc Montmorency, Vieux-Québec (photo prise en 2012 par Jean Gagnon, Wikimedia Commons)

Le saviez-vous?

Le plus ancien cimetière catholique au Canada est le Cimetière de la côte de la Montagne à Québec. Il fut établi par Samuel de Champlain en 1608 comme lieu de dernier repos pour quelque 300 colons français et autochtones catholiques. Il est officiellement fermé en 1691, année de la fondation du cimetière Sainte-Anne. Les visiteurs à Québec trouveront aujourd'hui une grande croix et deux plaques commémorant l'ancien cimetière.

Les plus anciens cimetières de Québec étaient le Cimetière de la côte de la Montagne, le Cimetière de la Sainte-Famille (1657), le Cimetière Saint-Joseph (1657), le Cimetière des pauvres de l’Hôtel-Dieu de Québec (1662), le Cimetière Sainte-Anne (1691) et le Cimetière des picotés (1701).


À l’intérieur de la chapelle, église ou cathédrale

Les enterrements d'église intra-muros sont une ancienne tradition chrétienne que les premiers colons ont apportée de France. Ils étaient appelés « ad sanctos », c'est-à-dire proches des saints.

La tradition française voulait que le privilège soit principalement réservé au clergé et aux nobles. En Nouvelle-France, cependant, les inhumations à l'intérieur des murs des églises n’étaient pas réservées à ce groupe d'élites. Elles étaient effectuées pour ceux qui appartenaient aux groupes sociaux les plus puissants (qui pouvaient même inclure des agriculteurs), ceux qui réussissaient le mieux dans leur métier et ceux qui étaient attachés à leur église et à leur communauté. Les corps étaient déposés dans la crypte (ou la cave) située sous le sol de l'église, ou dans une tombe creusée après surélévation du sol ou d'un banc d'église.

L'acte de sépulture de 1698 de Louis de Buade, comte de Frontenac, gouverneur général de la Nouvelle-France, dans l'église des prêtres récollets à Québec (FamilySearch)

Les rites funéraires qui accompagnaient un enterrement ad sanctos étaient généralement plus élaborés et coûteux que ceux pratiqués pour un enterrement au cimetière. La plupart des gens ne pouvaient tout simplement pas se le permettre ou préféraient reposer humblement avec les pauvres ou dans le cimetière paroissial. La pratique des inhumations intra-muros dans les églises a disparu de la plupart des paroisses au milieu du XIXe siècle, principalement en raison de problèmes d'hygiène publique et d'un manque d'espace.

L’acte de sépulture de Louis-Joseph de Montcalm, lieutenant-général des forces françaises en Nouvelle-France, inhumé dans l'église des ursulines de Québec le 14 septembre 1759 (FamilySearch)

Crâne de Montcalm exposé aux Ursulines de Québec (photo prise vers 1930, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Au moins 900 personnes ont été inhumées dans l'enceinte de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. Les laïcs y furent enterrés jusqu'en 1877, après quoi seul l'enterrement du clergé fut autorisé dans la crypte.

Les sépultures peuvent spécifier exactement où une personne a été enterrée dans l'église. Voici quelques exemples :

  • dans les voûtes

  • dans le sanctuaire de l’église

  • près des balustres, sous le cœur

  • sous la cloche

  • sous le marchepied de l’autel

  • au-dessous de la première marche du grand autel

  • sous le sanctuaire

  • dans la crypte

  • dans le caveau

  • sous le banc familial

  • sous le banc seigneurial

  • le long du mur

  • à environ cinq pieds de la balustrade

À juste titre, le bedeau Simon Berguin dit Labonté est inhumé « sous la cloche » de l'église à Les Cèdres le 28 février 1757 (FamilySearch)


Le cimetière des pauvres

Québec, Montréal et Trois-Rivières possédaient tous un cimetière dédié à l'inhumation des pauvres. Le cimetière de Québec ouvra en 1661 et fut agrandi en 1663 puis en 1679. Situé à côté de l'Hôtel-Dieu, il était utilisé par les Augustines de la Miséricorde de Jésus pour y inhumer ceux qui y sont décédés jusqu'en 1857. C'est aussi l’endroit où de nombreux soldats morts pendant la guerre de Sept Ans sont enterrés.

Curieusement, il n'y a pas que les pauvres qui sont inhumés au Cimetière des pauvres de Québec. Plusieurs nobles et personnes qui faisaient partie des classes supérieures ont choisi d'y être enterrés comme une façon de se repentir en fin de vie.

L'enterrement en 1665 d'Augustin de Saffray de Mezy, le premier gouverneur de la Nouvelle-France, qui a demandé d'être enterré au cimetière des pauvres dans son testament (FamilySearch)

À Trois-Rivières, le Cimetière des pauvres a été ouvert en 1700 et a eu sa dernière sépulture en 1834. Situé en face de leur couvent, le cimetière était utilisé par les religieuses ursulines pour les patients décédés à l'hôpital des Ursulines (officiellement appelé Hôtel-Dieu de Trois-Rivières). En 1870, les restes sont exhumés et transférés au Cimetière Saint-Louis.

Couvent des Ursulines à Trois-Rivières, vers 1865 (Musée McCord)

À Montréal, le Cimetière des pauvres était surnommé « La Poudrière », car il se trouvait à proximité d'une poudrière. Inauguré en 1749, il était situé à l'angle des actuelles rues Saint-Jacques Ouest et Saint-Jean. Il a été agrandi plusieurs fois pour faire place à d'autres inhumations. En 1799, il est décidé que le cimetière est trop proche des maisons de la ville et présente un risque sanitaire, marquant la fin des inhumations à La Poudrière. Un nouveau terrain fut acheté pour les sépultures, appelé Cimetière Saint-Antoine. Il était situé dans l’actuel Square Dorchester (Place du Canada). Si vous visitez la Place, remarquez les croix dans le pavé. On estime qu’environ 55000 personnes y sont enterrées.

Les cimetières pour les pauvres étaient également utilisés pour les inhumations de nombreuses personnes réduites en esclaves, noirs et autochtones.

L'acte de sépulture d'une « panis » de 7 ans, sans nom, appartenant à Henry Jeannot dit Bourguignon, inhumée au cimetière des pauvres à Montréal le 28 février 1767 (FamilySearch)


Le cimetière de l’Hôtel-Dieu

« Québec A.D. 1800. L'Hôtel Dieu » (dessin réalisé entre 1850 et 1923, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

L’Hôtel-Dieu n'était pas un établissement d'hébergement, mais plutôt un hôpital. Son nom vient du fait que des religieuses travaillaient à l'Hôtel-Dieu. Elles étaient là pour prendre soin de l'âme, et pas nécessairement du corps, de leurs patients. Au temps de la Nouvelle-France, Québec, Trois-Rivières et Montréal avaient un Hôtel-Dieu.

Outre le cimetière des pauvres, l'Hôtel-Dieu de Québec comptait également plusieurs autres cimetières situés autour de l'hôpital. Les actes de sépulture des défunts indiquaient simplement qu'ils étaient « inhumés dans le cimetière de l'Hôtel-Dieu » ou « dans le cimetière de l'hôpital ». Les religieuses étaient enterrées au cimetière des religieuses.

Dans ces actes du registre de l'Hôtel-Dieu de Québec en 1758, on voit les sépultures d'un soldat français, Joseph Morel dit Bourguignon, et d'un prisonnier de guerre anglais, Thomas [Magrye?] (FamilySearch)

Le catholicisme était la seule religion reconnue en Nouvelle-France. Lorsqu’un « hérétique » était malade ou blessé, il était tout de même soigné à l’Hôtel-Dieu ou à l’hôpital général. S’il mourait, cependant, il n’était pas enterré au cimetière de l’hôpital, mais plutôt quelque part hors de la propriété. L’entrée ci-dessous pour un huguenot français se lit comme suit :

« Jean Simon dit Sansregret, soldat de la Compagnie de Noyelle, natif de Poitou, est entré en cet Hôtel Dieu le 13e juin 1734 et il est décédé le 31e idem âgé de 34 ans, sans avoir jamais voulu recevoir les sacrements, quoy que les Prêtres et les Religieuses se fussent employés avec beaucoup de zèle pour le gagner ; il fut enterré par nos infirmiers proches des casernes sans honneur et sans prières, et avec l’horreur qu’il inspirait. »

Sépulture de Jean Simon dit Sansregret en 1734 (FamilySearch)

À Montréal, le cimetière de l'Hôtel-Dieu était utilisé pour les inhumations de 1654 à 1672. Il était situé à l'angle actuel des rues Saint-Paul Ouest et Saint-Sulpice.


Le cimetière de l’Hôpital-Général

Semblable à l'Hôtel-Dieu, les hôpitaux généraux de la Nouvelle-France possédaient également leurs propres cimetières. 

À Québec, des terres et des bâtiments sont acquis des Récollets en 1692 afin d'y établir le premier hôpital général de la colonie, situé près de la rivière Saint-Charles. Un an après l'acquisition, la direction de l'hôpital est confiée aux Augustines de la Miséricorde de Jésus, qui dirigent également l'Hôtel-Dieu. Les religieuses ont accueilli les pauvres, les malades, les handicapés et les personnes âgées. L'hôpital possédait sa propre chapelle, Notre-Dame-des-Anges, ce qui faisait que le cimetière de l'hôpital était aussi un cimetière paroissial. La première sépulture a été enregistrée en 1728.

La sépulture d'Elizabeth Bisson en 1734 au « cimetière de la paroisse Notre Dame des Anges de l'Hôpital général » (FamilySearch)

Le mausolée de Louis-Joseph, marquis de Montcalm, au cimetière de l'Hôpital-Général de Québec (photo de Jstremblay, Wikimedia Commons)

Pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763), l'hôpital général servit d'hôpital militaire aux soldats alliés et ennemis. Son cimetière est le lieu de dernier repos d'environ 4 000 soldats morts pendant le conflit, les non-catholiques étant enterrés à l'extérieur de la zone consacrée. La dépouille de Louis-Joseph de Montcalm, commandant des Forces armées françaises en Nouvelle-France, a été déplacée dans un mausolée au cœur du cimetière de l'Hôpital général en 2001. La section dédiée aux soldats tombés est parfois appelée le cimetière des héros.

Les sépultures de deux capitaines et d’un lieutenant pendant le siège de Québec en 1760 (FamilySearch)

Dessin du XVIIIe siècle de l'hôpital général des frères Charon attribué à Étienne Mongolfier (Wikimedia Commons)

À Montréal, le premier hôpital général s'appelle l'Hôpital général des frères Charon. Situé à l’extérieur des murs de la ville à Pointe-à-Callières, il a ouvert ses portes en 1694. En tant que fondation caritative, son objectif principal était de prendre soin des pauvres. La première sépulture inscrite au registre général de l'hôpital remonte à 1725. En 1747, la gestion de l'hôpital est transférée à la Sainte-Marie-Marguerite d'Youville et à l'ordre des Sœurs grises. En plus de son cimetière principal, l'hôpital possédait également son propre cimetière pour les pauvres.

Plan de Ville-Marie (Montréal) en 1717 montrant l'Hôpital général des Frères Charon et l'Hôtel-Dieu (Archives de Montréal)


Le Charnier

Le charnier du Cimetière Sainte-Pétronille, Île-d’Orléans (©2022 The French-Canadian Genealogist)

D'une manière générale, le charnier fait référence à un endroit où plusieurs corps ou ossements sont conservés, y compris des catacombes et des fosses communes. En Nouvelle-France, le charnier, la chapelle des morts et le caveau d'hiver étaient des lieux où les corps étaient temporairement gardés pendant les mois d'hiver, lorsque les tombes ne pouvaient être creusées. Une fois le sol dégelé, le fossoyeur pouvait enterrer les morts. Avant l'utilisation de ces structures, une grande tombe de pauvres était creusée à l'automne. Les défunts y étaient placés et la tombe recouverte de planches de bois.

La sépulture de Joseph Bricau à Québec en 1752 ; le « char » dans la marge fait très probablement référence à « charnier » (FamilySearch)

La chapelle des morts était légèrement plus grande que le charnier et pouvait être plus élaborée. Il est probable, cependant, que les deux terminologies aient été utilisées de manière interchangeable. La chapelle était normalement située en bordure du cimetière. Les services funèbres pourraient être exécutés ici plutôt que dans l'église, et dans certains cas, la chapelle pourrait être utilisée comme voûte et vice versa.

Charnier de l'église Saint-Cyrille à Saint-Cyrille-de-Wendover (photo prise en 2018 par Challwa, Wikimedia Commons)

Charnier du cimetière de Sainte-Famille à Île-d’Orléans. (Christian Lemire 2006, © Ministère de la Culture et des Communications)

Charnier de Sainte-Hénédine (photo prise en 2019 par Cantons-de-l'Est, Wikimédia Commons)


Les cimetières pour les victimes d’épidémies

Nos ancêtres ont connu leur juste part d’épidémies et de pandémies : la grippe, le choléra, la variole et le typhus, pour n’en nommer que quelques-unes. Lorsque les taux de mortalité grimpaient en flèche, les cimetières locaux ont tout simplement manqué d’espace. S’il y avait de la place, certains cimetières désignaient des sections séparées pour des fosses communes. Lorsqu’il n’y avait plus de place du tout, les responsables se précipitaient pour trouver de nouveaux lieux de sépulture.

À Québec, une épidémie de grippe en 1700 et 1701 entraîna l’établissement d’un nouveau cimetière près de l’Hôtel-Dieu, à l’angle des rues Hamel et Couillard. En 1702 et 1703, une épidémie de variole ravagea la ville. Beaucoup de ses victimes ont été enterrées dans ce cimetière, ce qui lui a valu le surnom de « cimetière des picotés ». Pour des raisons d’hygiène (et d’odeurs nocives), le cimetière a été fermé en 1857.

En 1832, des craintes fondées se répandent dans tout le Québec que les immigrants arrivant par bateau amènent le choléra sur les côtes canadiennes. Afin d’empêcher la maladie d’atteindre le Québec, une station de quarantaine est ouverte à Grosse-Île. Il est vite devenu évident que les navires transportaient effectivement la maladie redoutée et que le choléra sévissait sur l’île de quarantaine surpeuplée. De nombreuses personnes infectées étaient asymptomatiques et personne ne savait comment le choléra se transmettait d’une personne à l’autre. Certains navires transportant des passagers infectés ont simplement été autorisés à poursuivre leur route vers Québec, provoquant une éclosion. À Grosse-Île, un cimetière est établi au sud-ouest de la Baie du choléra. Le cimetière fut également utilisé lors de l’épidémie de typhus de 1847. La plupart de ces victimes étaient irlandaises ; le cimetière a été surnommé « Cimetière des Irlandais ».

Cimetière de la Grosse-Île, vers 1900. (photo du Studio Livernois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Alors que le choléra ravageait Québec pour la première fois en 1832, un nouveau cimetière est ouvert, officiellement appelé Cimetière Saint-Louis, et officieusement le « cimetière des cholériques ». Il était situé au milieu du carré actuel formé par les rues Grande-Allée Est, de Maisonneuve, de Salaberry et Louis-Saint-Laurent. La partie nord du cimetière était réservée aux Canadiens français, la partie sud aux Irlandais.

Cet acte de sépulture montre la première inhumation commune de 54 victimes du choléra au cimetière Saint-Louis. Tous les morts provenaient de l’Hôpital des Émigrants de Québec. Leurs noms, âges et professions étaient inconnus.

Inhumation collective de 54 personnes au Cimetière Saint-Louis (FamilySearch)

À Montréal, de nombreuses victimes de l’épidémie de choléra de 1832 sont inhumées au cimetière Saint-Antoine. À cette époque, le cimetière est surnommé le « cimetière du choléra ».

Carte de 1860 indiquant les limites de l’ancien cimetière catholique (dessinée par H. M. Perrault, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Première page du Canadian Illustrated News du 27 mai 1871 : « Déterrer les morts pour faire place aux vivants » (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)


Le cimetière protestant

Le cimetière Saint-Matthews à Québec fut le premier cimetière anglican et presbytérien établi dans la province et il existe encore aujourd’hui. Situé entre les rues Saint-Jean et Saint-Joachim, et la rue Saint-Augustin et la côte Saint-Geneviève, il ne sert plus de lieu de sépulture, mais plutôt de parc urbain. L’ancienne église Saint-Matthews abrite aujourd’hui une bibliothèque.

Le soi-disant « Protestant Burial Ground » a été ouvert en 1771 suivant l’afflux de colons britanniques arrivés après la Bataille de Québec en 1759. Le cimetière a été agrandi en 1778 et fermé définitivement en 1860 en raison d’un manque d’espace. On estime qu’entre 6000 et 10000 personnes y sont enterrées, la majorité dans des tombes anonymes. Il y a plus de 300 pierres tombales encore debout, dont l’une est probablement la plus ancienne pierre tombale de la province. Si vous visitez l’ancien cimetière, un podcast est disponible pour vous guider.

« La pierre tombale incrustée » (photo de 2012 par Malimage, Wikimedia Commons)

L’ancienne église Saint-Matthews, vue depuis la rue Saint-Joachim, dans le faubourg Saint-Jean-Baptiste, à Québec (photo de 2020 par Jean Gagnon, Wikimedia Commons)

À Montréal, le plus ancien cimetière protestant s’appelait le Cimetière Dorchester. Il était également connu sous les noms de Cimetière Dufferin Square et Cimetière Saint-Laurent. Situé à l’angle de la rue Dorchester (actuel boulevard René-Lévesque Ouest) et de la rue Chenneville (actuelle rue Saint-Urbain), le cimetière a été ouvert vers 1797. La dernière inhumation a eu lieu en 1854. C’est aujourd’hui le site du Complexe Guy-Favreau, un édifice gouvernemental.


Le cimetière juif

Le tout premier cimetière juif d’Amérique du Nord est fondé à Montréal en 1776, situé au coin de Saint-Janvier (actuelle rue de la Gauchetière) et de Saint-François-de-Sales (rue Peel). Aujourd’hui, c’est le site de l’Église anglicane Saint George’s.

La toute première sépulture fut celle de Lazarus David, marchand et propriétaire terrien d’origine britannique. La famille David fera don d’un terrain en 1777 pour la construction de la synagogue Shearith Israel.


Le cimetière autochtone

Contrairement aux cimetières chrétiens, les cimetières autochtones et leurs pratiques funéraires varient considérablement en fonction de la culture et de l’histoire de la nation ou de la communauté, ainsi que de l’époque et de l’emplacement géographique. Les cimetières peuvent être situés dans une zone peuplée ou isolée. Dans la plupart des cultures autochtones, les vivants ont l’obligation d’enterrer leurs proches de manière adéquate et dans un lieu approprié, et de les protéger de toute perturbation ou profanation.

Cimetière autochtone près de Yale en Colombie-Britannique (photo de 1887 par William McFarlane Notman, Musée McCord)


Le cimetière du fort

Fort Chambly, vers 1840 (estampe de William Henry Bartlett, Wikimedia Commons)

Les conflits militaires entre la France et l'Angleterre signifiaient que les soldats étaient souvent stationnés dans des forts, combattant dans des batailles loin de chez eux. S'ils sont décédés sur le champ de bataille, leurs corps n'ont peut-être pas été rendus à leurs paroisses. Plusieurs actes de sépulture indiquent qu'un soldat était « inhumé dans le cimetière du fort » (ou « de ce fort »).

Le 19 août 1756, au Fort Saint-Frédéric, « le corps de Jean Tanguay, milicien de la paroisse de Saint-Valier, fut inhumé avec les cérémonies d'usage, au cimetière de ce Fort, âgé d'environ dix-huit ans ».


Lieux d’inhumations temporaires

Parfois, un acte indiquera un lieu d'inhumation temporaire, généralement en raison de la guerre et de la nécessité d'enterrer les corps rapidement. Voici quelques exemples. 

Après le massacre de Lachine en 1689, de nombreux corps de victimes sont enterrés à la hâte dans et autour du village. En 1694, le curé et plusieurs villageois exhument leurs restes et les réinhument au cimetière paroissial des Saints-Anges.

Un extrait de l'inscription du 28 octobre 1694 au registre de Lachine : « de la nous nous sommes transportés sur l’habitation de defunct Noël Charnois dit Duplessis ou aiant fait fouiller au lieu ou il y avoit une croix de bois plantée nous y avons trouvé les os dudt. Charnois et un peu plus loing avons fait fouiller et avons trouvé les os de defunct André Danis dit Larpenty quy avoient esté tués et bruslés par les Irocquois lesdt. Jour et an que dessus [5 août 1689] » (FamilySearch)  

Un acte de sépulture du 2 juillet 1690 dans le registre de Pointe-aux-Trembles indique qu'un groupe d'hommes, dont le lieutenant Coulombe, le chirurgien Jean Jalot dit Desgroseilliers et le chirurgien Antoine Chaudillon ont été tués par les Iroquois dans le haut de l'île de Montréal. Toutes les victimes y ont été enterrées à la hâte. Plus de quatre ans plus tard, le 2 novembre 1694, leurs ossements sont transportés et inhumés au cimetière de Pointe-aux-Trembles.

Le 21 novembre 1759, le registre paroissial de Saint-Michel indique que six défunts sont inhumés au cimetière, après avoir été temporairement « enterrés dans les concessions pendant le Siège de Québec » depuis le mois de juillet.

La réinhumation en 1759 de six personnes au cimetière paroissial de Saint-Michel (FamilySearch)


Lieux de sépulture inconnus

Enfin, il existe des lieux de sépulture qui n'ont jamais été enregistrés en Nouvelle-France. Certains de nos ancêtres sont simplement disparus du dossier public et ont été présumés morts, leurs corps n'ayant jamais été découverts. Les causes de décès peuvent inclure la noyade, les naufrages, les attaques ennemies ou les accidents loin de chez eux.

Les lieux de sépulture sont également inconnus pour les personnes reconnues coupables de crimes et condamnées à mort. L'exemple le plus célèbre est peut-être l'exécution de Marie-Josephte Corriveau (surnommée « La Corriveau »), une soi-disant sorcière reconnue coupable du meurtre de son mari. Après que son corps ait été publiquement "pendu enchaîné" pendant cinq semaines, le gouverneur Murray a autorisé qu'il soit enlevé et enterré « où bon vous semblera ».

Il est probable qu'un cimetière existait également près de la résidence du bourreau et que les corps des condamnés à mort y étaient enterrés.

Dessin de La Corriveau par Edmond-Joseph Massicotte en 1912 (Wikimedia Commons)

L’ordonnance du gouverneur Murray du 25 mai 1763 permettant l'enlèvement du corps de La Corriveau (Université de Montréal)

 

Cliquez ici pour écouter un épisode d’Aujourd’hui l’histoire intitulé « L’histoire de la mort et de ses rituels » avec l'historienne Catherine Ferland. Cliquez ici pour l’épisode « Les cimetières, aires de repos des morts et espaces des mémoires collectives ».


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Article écrit par Kim Kujawski le 22 juillet 2022.

Bibliographie :


Actes :