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Robert Lévesque & Jeanne Chevalier

Découvrez l’histoire de Robert Lévesque (ou Lévèque), charpentier normand, et de Jeanne Chevalier (ou Lechevalier), Fille du roi, un couple pionnier établi à Rivière-Ouelle au XVIIe siècle et à l’origine de nombreuses lignées canadiennes-françaises.

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Robert Lévesque & Jeanne Chevalier

Un charpentier normand et une Fille du roi à Rivière-Ouelle

 

Robert Lévesque (ou Lévèque), fils de Pierre Lévesque et de Marie Caumont, est baptisé le 3 septembre 1642 à Hautot-Saint-Sulpice, en Normandie, France. Son parrain est Robert Lévesque, et sa marraine, Anne Gontier. Située à environ 35 kilomètres au nord-est de Rouen, Hautot-Saint-Sulpice fait aujourd’hui partie du département de la Seine-Maritime. Petite commune rurale, elle compte moins de 700 habitants, appelés Hautotais. [Le nom de famille de Robert apparaît sur les documents généalogiques sous les formes Lévèque et Lévesque, mais il signe Levesque.]

Baptême de Robert Lévèque en 1642 (Archives départementales de la Seine-Maritime)

Localisation d’Hautot-Saint-Sulpice en France (Mapcarta)

Église catholique Saint-Sulpice à Hautot-Saint-Sulpice, vers 1905–1910 (carte postale, Geneanet)

Hautot-Saint-Sulpice, 1900 (carte postale, Geneanet)

Hautot-Saint-Sulpice, 1945 (carte postale, Geneanet)


Arrivée en Nouvelle-France

On ne connaît pas la date exacte de l’arrivée de Robert en Nouvelle-France, mais il s’y trouve en 1674, lorsqu’il est mentionné pour la première fois. Il aurait possiblement mis le pied en terre canadienne le 17 juillet 1671, arrivé à bord du Saint-Jean-Baptiste avec Jean-Baptiste François Deschamps, futur seigneur de La Bouteillerie, en provenance de Dieppe.

 

« Sur la fin du mois de juin 1671, le navire Le Saint-Jean-Baptiste, de trois cents tonneaux, partit encore pour le Canada. Il portait le sieur de La Bouteillerie, jeune gentilhomme du pays de Caux, avec deux charpentiers, deux maçons, quatre manœuvres pour défricher des terres que le roi lui avait données jusqu’à concurrence de mille arpents. Il portait aussi cent hommes, cent-vingt filles, cinquante moutons et brebis, dix ânes et ânesses, des draperies, des couvertures et beaucoup d’autres choses pour la vie et usage de l’homme. » 

 

Robert serait l’un de ces deux charpentiers. Il a alors 28 ans.

Après leur arrivée, Deschamps abandonne sa première concession à cause de la menace iroquoise et obtient, en octobre 1672, une nouvelle seigneurie auprès de l’intendant Jean Talon. Celle-ci est située dans un endroit plus favorable et moins menacé : le futur site de Rivière-Ouelle. Deschamps et sa main-d’œuvre s’y déplacent. Pendant les années suivantes, Robert et ses compagnons travaillent à défricher la terre et à construire le manoir seigneurial. 


Une terre à Rivière-Ouelle

Le 10 novembre 1674, Robert obtient sa propre concession de terre à Rivière-Ouelle. Deschamps, « écuyer et seigneur de la Bouteillerie » lui concède « douze arpents de terre de front sur la rivière Hoüel sur trente de proffondeur ». La terre est bornée par la rivière, une terre non habitée, et celle de Galeran Boucher. Robert reçoit également une parcelle de trois arpents de front sur six arpents de profondeur dans « les prairies du lieu dit la grande anse, avec un droit de pesche au saumon […] au lieu dit la pointe du surouest ».

Robert doit verser à son seigneur six chapons vifs pour la première terre, 20 sols tournois pour la deuxième, un vingtième de tous les saumons pêchés, ainsi que 15 sols en cens pour l’ensemble de la concession. Ces paiements sont dus chaque année à la Saint-Martin. Il s’engage également à faire moudre son grain au moulin seigneurial lorsqu’il y en aura un.

Signature de Robert Lévesque en 1674

Vue satellite actuelle de Rivière-Ouelle, montrant en évidence l’ancien système seigneurial (Mapcarta)

Robert travaille également comme charpentier au Séminaire de Québec, à partir du 6 juillet 1675, et reçoit un salaire de deux cents livres.


Jeanne Marguerite Chevalier (ou Lechevalier), fille de Jean Alexandre Jacques Chevalier (ou Le Chevalier) et de Marguerite [Scorinan ou Scoman ou Scorban ?], naît vers 1644, soit à la paroisse Saint-Jacques de Dieppe, soit à la paroisse Saint-Nicolas de l’évêché de Coutances. Ces deux localités se trouvent dans l’ancienne province de Normandie.   

Jeanne Marguerite quitte son pays natal en 1671 pour tenter l’aventure en Nouvelle-France, probablement à bord du navire Le Prince Maurice. Elle figure parmi les Filles du roi.

Un portrait romancé de l’arrivée des Filles du roi à Québec (« Women coming to Québec in 1667, in order to be married to the French-Canadian farmers », aquarelle d’Eleanor Fortescue-Brickdale)


Premières noces de Jeanne Marguerite

Quelques mois après son arrivée à Québec, Jeanne Marguerite épouse en premières noces Guillaume Lecanteur dit Latour. Elle a alors environ 27 ans. Son mari, « habitant de la Durantaye », a environ 25 ans. Le notaire Romain Becquet dresse leur contrat de mariage le 11 octobre 1671. Le contrat suit les normes de la Coutume de Paris.

 

La Coutume de Paris régit la transmission des biens familiaux en Nouvelle-France. Qu’il y ait ou non un contrat de mariage, un couple est soumis à la communauté de biens : tous les biens acquis pendant le mariage en font partie. Au décès des parents, les biens de la communauté sont partagés à parts égales entre tous les enfants, sans distinction de sexe. Si l’un des conjoints décède, le survivant conserve la moitié des biens, l’autre moitié étant répartie entre les enfants. Au décès du conjoint survivant, sa part est également partagée entre les enfants. Des inventaires sont dressés après chaque décès afin de répertorier tous les biens de la communauté.


Guillaume doue à sa future épouse un douaire préfix de 300 livres — la part de propriété réservée à la femme si elle survit à son mari. Pour sa part, Jeanne Marguerite apporte à la communauté des biens d’une valeur de 300 livres. Elle reçoit également 50 livres « que sa Majesté luy a donné en considération de son mariage » en tant que Fille du roi.

Le mariage est célébré huit jours plus tard, le 19 octobre 1671, à la paroisse Notre-Dame de Québec.

Mariage de Jeanne Marguerite et Guillaume en 1671 (Généalogie Québec)

Le couple a trois enfants : Nicolas (1672–1692), Charles Nicolas (1675–1699) et un enfant anonyme (1678— ?). Guillaume Lecanteur dit Latour décède vers 1678.

 

 Veuvage et remariage

Dans l’environnement difficile de la Nouvelle-France, les mariages durant plus de vingt ans sont rares. Lorsqu’un conjoint décède, le survivant se remarie souvent rapidement. Les familles étant généralement nombreuses, élever seul plusieurs enfants représente un défi considérable. Les veuves rencontrent plus de difficultés que les veufs à trouver un nouveau mari, car elles ont souvent plusieurs enfants à charge et peu de ressources. Toutefois, leur jeunesse accroît leurs chances de se remarier. En moyenne, les veuves contractent un second mariage dans un délai de trois ans, tandis que les veufs retrouvent une épouse en moins de deux ans. Dans les premières décennies de la colonie, avant 1680, environ la moitié des veufs et des veuves se remarient dans l’année suivant le décès de leur conjoint.


 Mariage de Robert Lévesque et Jeanne Marguerite Chevalier

Le notaire Paul Vachon rédige le contrat de mariage entre Robert et Jeanne Marguerite le 21 avril 1679, dans la maison du sieur Charles Letartre, à L’Ange-Gardien. Robert, maître charpentier de 36 ans, sait signer ; Jeanne Marguerite, âgée d’environ 35 ans, ne sait pas signer. Comme à l’habitude, le contrat suit les normes de la Coutume de Paris. Cette fois, Robert appose sa signature accompagnée d’une marque — possiblement une équerre de charpentier — représentant son métier.

Signature de Robert Lévesque en 1679

Le lendemain, avant la cérémonie religieuse, Jeanne Marguerite se présente de nouveau devant le notaire Vachon. Dans un acte notarié, elle renonce à la communauté de biens issue de son mariage avec Guillaume Lecanteur dit Latour. Il semblerait que les dettes de son premier mari soient supérieures à leurs avoirs. L’acte inclut un court inventaire des biens de la communauté, évalués à 40 livres :

  • Une marmite sans couvercle avec sa cuillère

  • Une vieille chaudière de cuivre tout usée avec un poêlon de cuivre

  • Un petit coffre fermant à clé contenant un justaucorps à la soie du défunt

  • Cinq chemises de soie du défunt

  • Le reste des vêtements du défunt « ont esté la pluspart perdu la ou il est decedé et [illisible] pour le faire enterre »

  • Une vieille hache et deux vieilles houes

  • Trois vieilles couvertes

  • Trois serviettes et une nappe  

Robert et Jeanne Marguerite se marient le 22 avril 1679 à L’Ange-Gardien.

Mariage de Robert et Jeanne Marguerite en 1679 (Généalogie Québec)

Le couple s’installe sur la terre de Robert à Rivière-Ouelle. Ils ont au moins six enfants, dont seulement trois atteignent l’âge adulte :

  1. François Robert (1680–1765)

  2. Pierre Joachim (1682–1759)

  3. Joseph (1684–1755), premier enfant baptisé à Rivière-Ouelle

  4. Jean Baptiste (1686–1687)

  5. Jean Baptiste (1688–1688)

  6. Marie Anne (1690–1690)


La vie à la seigneurie

Robert et Jeanne Marguerite figurent au recensement de la Nouvelle-France de 1681, dans la seigneurie de La Bouteillerie (Rivière-Ouelle), avec leurs trois enfants : Nicolas et Charles, issus du premier mariage de Jeanne Marguerite, ainsi que François Robert, âgé de deux ans. Robert est inscrit comme charpentier. Il possède quatre fusils, onze bêtes à cornes et dix arpents de terre « en valeur » (c’est-à-dire défrichée ou cultivée). On retrouve aussi sur le recensement le ménage du seigneur de La Bouteillerie, Jean-Baptiste François Deschamps, ainsi que ceux des voisins Jean Boucher (charron) et Jacques Thiboutot (boulanger).

 

Recensement de la Nouvelle-France en 1681 pour la famille Lévesque (Bibliothèque et Archives Canada)

 

Le 23 octobre 1682, Robert Lévesque, Michel Bouchard et Pierre Dancosse, habitants de la seigneurie de La Bouteillerie, demandent au notaire Gilles Rageot de rédiger un marché d’arpentage avec Jean Rouge, maître arpenteur juré de la ville de Québec. Ce dernier s’engage à produire un rapport d’arpentage des habitations situées dans la seigneurie. Les trois hommes agissent au nom de tous les résidents de la localité.  

Un an plus tard, Robert agrandit sa propriété foncière. Le 29 juillet 1683, il reçoit une nouvelle concession de terre du seigneur Jean-Baptiste François Deschamps, à La Bouteillerie. Cette terre mesure douze arpents de front sur la Rivière-Ouelle, sur quarante arpents de profondeur, et est située entre les terres de Galeran Boucher et Thomas Langlois. Elle comprend aussi des droits de chasse. Robert s’engage à verser annuellement douze sols de cens ainsi que six chapons vifs.


Héros de Rivière-Ouelle

En août 1690, Sir William Phips quitte Boston avec une flotte de 32 navires et 2 000 hommes dans le but de s’emparer de Québec et de piller les villages avoisinants. Rivière-Ouelle est le premier village d’importance visé. Le gouverneur Frontenac avait ordonné à la milice canadienne de défendre les deux rives de la rivière. À Rivière-Ouelle, l’abbé de Francheville prend l’initiative et rallie les habitants pour organiser la défense du village et de la Grande-Anse.

Selon l’abbé Henri-Raymond Casgrain, la flotte de Phips jette l’ancre devant Rivière-Ouelle et plusieurs embarcations se dirigent à la rame vers le rivage. Les hommes de Francheville, cachés dans la forêt, attendent l’ennemi. Lorsqu’ils débarquent, les Canadiens ouvrent le feu, tuant et blessant plusieurs soldats. Pris par surprise, les assaillants se replient rapidement vers leurs navires. 

Robert Lévesque est considéré comme l’un des « héros de Rivière-Ouelle », aux côtés de ses beaux-fils Nicolas et Charles Lecanteur. Lorsque Phips atteint Québec, ses troupes sont épuisées et manquent de munitions. Elles sont repoussées par les forces françaises et canadiennes. À la fin d’octobre, Phips bat en retraite vers Boston, marquant l’échec de son expédition.

« La défense de Québec par Mr de Frontenac » (Bibliothèque nationale de France)


Grand propriétaire terrien à Rivière-Ouelle

Le 11 août 1692, Robert et Jeanne Marguerite achètent une terre et une « moitié d’une pointe de terre » situées à Rivière-Ouelle, de Joseph Regnauld [Renaud] et de son épouse Marie Lehoux. La vente comprend « une terre et habitation contenant douze arpents de terre de front size et sittuée audit lieu de la Riviere ouelle et de quarante deux arpents de proffondeur ». Les terres voisines appartiennent à René Hoylet [Ouellet] et Damien Bérubé. Le couple acquiert également « la moitié d’une pointe de terre size au susdit lieu de la Riviere oüelle avec tout ce quelle peut contenir », incluant une maison et des bâtiments de ferme.  

Pour les douze arpents, Robert et Jeanne Marguerite s’engagent à payer six livres et six chapons vifs (ou vingt sols par chapon) de rentes seigneuriales par année à la Saint-Martin, et douze sols de cens. Pour l’autre terre, le couple promet payer trois livres et trois chapons vifs en rente, et six sols de cens. Le prix de la vente s’élève à 2 195 livres, somme qu’ils acquittent dans les deux années suivantes. Avec cette transaction, Robert et Jeanne Marguerite deviennent l’un des plus importants propriétaires fonciers de la région.


Donations de terres et tragédies familiales

Quelques semaines plus tard, le 25 septembre 1692, Robert et Jeanne Marguerite donnent à Nicolas Lecanteur, fils de Jeanne Marguerite et de son premier mari, une terre à Rivière-Ouelle. Ce don vise à « luy facilliter Son advancement et establissement ». Il s’agit de la terre de douze arpents achetée le mois précédent. Malheureusement, Nicolas ne pourra pas en profiter : il décède cinq semaines plus tard, le 1er novembre 1692, de cause inconnue. La terre retourne alors dans la communauté de Robert et Jeanne Marguerite. 

Le décès de Nicolas est le quatrième dans la famille en quatre ans. Robert et Jeanne Marguerite perdent leurs fils Jean-Baptiste et Jean-Baptiste en 1687 et 1688, probablement victimes de l’épidémie de variole qui frappe la Nouvelle-France. Leur fille Marie Anne décède en 1690, dix jours après sa naissance, de cause inconnue.

Le 11 octobre 1698, Robert et Jeanne Marguerite font don de cette même terre à Charles Nicolas Lecanteur, autre fils de Jeanne Marguerite issu de son premier mariage. Dans un tragique cas où l’histoire se répète, Charles Nicolas décède moins d’un an plus tard, le 5 octobre 1699. Une fois de plus, la terre revient à la communauté de Robert et Jeanne Marguerite.


 Décès de Robert Lévesque

Robert Lévesque décède à l’âge de 57 ans, le 11 septembre 1699. Il est inhumé deux jours plus tard au cimetière paroissial Notre-Dame-de-Liesse de Rivière-Ouelle.

Sépulture de Robert Lévesque en 1699 (Généalogie Québec)


Troisièmes noces de Jeanne Marguerite Chevalier

Le 5 avril 1701, Jeanne Marguerite épouse le seigneur de Rivière-Ouelle, Jean-Baptiste François Deschamps, à la paroisse Notre-Dame-de-Liesse de Rivière-Ouelle. Jeanne Marguerite a alors 57 ans ; son troisième mari est d’un âge similaire. Deschamps est veuf de Catherine Gertrude Macart, décédée en 1681.

Mariage de Jeanne Marguerite et Jean Baptiste François en 1701 (Généalogie Québec)


Inventaire des biens de Robert Lévesque et Jeanne Marguerite Chevalier

À la requête de Jean-Baptiste François Deschamps, le notaire Michel Lepailleur de LaFerté dresse l’inventaire des biens de la communauté de Jeanne Marguerite et Robert, le 24 mars 1702. Jean-Baptiste François agit à titre de tuteur des enfants mineurs du couple : François, Joachim et Joseph. Le document, long de onze pages, énumère les biens meubles, immeubles et bestiaux du ménage, ainsi que leur valeur estimée. [La liste ci-dessous est partielle, plusieurs mots étant illisibles.]

Dans la cuisine, on retrouve : une crémaillère avec deux crémaillons brisés, une grosse pelle à feu, deux marmite avec couvercles et cuillères à pot, une petite marmite cassée en deux endroits avec son couvercle, un réchaud de fer, une grande poêle à frire, un vieux gril avec broches, six chaudières (la plupart en cuivre), une passoire de cuivre jaune, des fourchettes d’acier, un petit moulin à poivre, deux vieux sceaux de bois, trente-sept terrines « tant bonnes que vieilles », une lanterne, une table et six chaises en bois de merisier et pin, deux fers à flasquer, une armoire de bois de pins à quatre volets fermant à clé avec deux tiroirs, quatre coffres de bois fermant à clé, deux petites huches, sept plats de différentes grandeurs, treize assiettes, un vieux pot, un vieux gobelet, et trente cuillères, le tout d’étain.

Les outils de charpenterie de Robert Lévesque (image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT)

Parmi les outils, on retrouve : trois haches, une scie et une autre vieille scie de long, deux ciseaux, une plane, quatre vieilles limes, deux marteaux, deux varlopes, un feuilleret et un guillaume, deux paires de bouvets, une hache à bucher, six chaines, un vieux soc et son crochet, trois houes, deux fourches et un croc de fer, deux rasoirs et une pierre, une barre de fer pour une cheminée, une lampe de fer, une paire de sonnailles, deux petites clochettes, un petit cadran, un vieux câble à monter une charpente, des planches de bois, du bois de pin « pour faire 600 madriers » et une barrique de chaux.

Parmi les armes : six vieux fusils et une vieille carabine.

Dans les chambres : un lit de plume couvert de toile avec un traversin, deux rideaux, trois vieilles couvertes (l’une verte et deux blanches), un vieux traversin en toile, quatre vieilles couvertes de poils de chien, une autre couverte, une vielle peau d’ours, dix-sept [illisible] de castor, et un lit garni « qui est celuy dont se sert laditte Dame Chevallier, consistant en [mots illisibles] un lit de plume avec son traversin, deux petits oreillers qu’on a pas jugé devoir estimer et qui n’a esté inseré au present inventaire que pour plus grande exactitude ».

Parmi les vêtements et le linge : douze chemises d’homme, un manteau, quatre nappes, dix-huit serviettes de différentes tailles, six draps de lit de toile et deux paires de souliers.

Dans l’étable : huit vaches, un taureau de deux ans, deux veaux « de l’an passé », deux bœufs au poil rouge, quatre grands bœufs de travail, deux autres jeunes bœufs (un rouge et blanc, et l’autre noir), six cochons, une vieille paire de roues rompues, et trente-trois aunes de toiles.

Parmi les réserves alimentaires : vingt-sept minots de blé froment, quinze minots d’avoine, vingt minots de pois, une barrique de lard, deux barriques vides et deux demi-barriques.  

L’inventaire comprend également 306 livres en argent, les dettes du couple (totalisant 511 livres), leurs terres, leurs maisons et documents importants.

La maison en colombage, dans laquelle habitent Jean-Baptiste François, Jeanne Marguerite et ses enfants, mesure quarante-deux pieds de long sur vingt-trois pieds de large et est estimée à 1 500 livres.

Une grange de charpente couverte de paille, mesurant quarante pieds sur vingt, est estimée à 400 livres. Une étable de charpente, close de madriers et couverte de paille, de trente pieds sur dix-huit, est estimée à 250 livres. Sur la même terre, une vieille maison de vingt pieds sur dix-huit, couverte de plancher, est évaluée à 60 livres.

Le mariage de Jeanne Marguerite et Jean-Baptiste François ne dure que quelques années. Ce dernier décède le 15 décembre 1703 et est inhumé le lendemain à l’intérieur de l’église Notre-Dame-de-Liesse de Rivière-Ouelle.


Les dernières volontés de Jeanne Marguerite

Le 20 juin 1711, Jeanne Marguerite et ses fils François Robert, Pierre Joachim et Joseph vendent une habitation à Jacques Bois pour la somme de 100 livres. La terre, située à L’Anse-aux-Iroquois dans la seigneurie de La Bouteillerie, mesure quatre arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent.

Le testament de Jeanne (image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec ChatGPT)

Le 30 janvier 1713, Jeanne Marguerite dicte son testament au notaire Étienne Jeanneau. Le document contient toutes les formules usuelles concernant son état d’esprit et ses souhaits en tant que « bonne cretienne ». Elle demande à être enterrée dans l’église Notre-Dame-de-Liesse « sans aucune pompe ny seremonie funebres et aveq le moindre depense que faire se poura ». Elle ordonne que des messes soient dites pour le repos de son âme, ainsi que pour celui de son second mari Robert Lévesque et de ses enfants décédés. 

Elle lègue les sommes suivantes aux églises de la région :

  • 30 livres à l’église Notre-Dame-de-Liesse

  • 10 livres à l’église Saint-Louis de Kamouraska

  • 20 livres à l’église Bon-Secours de L’Islet

  • 20 livres à l’église Sainte-Anne de Beaupré

  • 10 livres à l’église de Château-Richer 

  • 20 livres à l’église de L’Ange-Gardien

  • 10 livres à l’église Saint-Thomas de Montmagny

  • 10 livres à l’église Saint-Michel de Sillery

Elle donne également un coffre tout neuf à sa petite-fille Jeanne, fille de François Robert.


Décès de Jeanne Marguerite

Jeanne Marguerite Chevalier décède le 24 novembre 1716, à l’âge d’environ 72 ans. Elle est inhumée le lendemain dans le cimetière paroissial Notre-Dame-de-Liesse à Rivière-Ouelle. L’acte de sépulture indique qu’elle a environ 78 ans.

Sépulture de Jeanne Chevalier en 1716 (Généalogie Québec)


Fondateurs de Rivière-Ouelle

L’histoire de Robert Lévesque et de Jeanne Chevalier incarne celle de centaines de familles venues bâtir un nouveau monde en terre d’Amérique. Lui, charpentier normand devenu propriétaire foncier à Rivière-Ouelle ; elle, Fille du roi, veuve deux fois et pilier d’un foyer qu’elle porte à bout de bras. Ensemble, ils affrontent les épreuves de la vie coloniale, élèvent une famille nombreuse et laissent une empreinte durable dans le Bas-Saint-Laurent. À travers leurs choix, leurs pertes et leurs réussites, ils posent les fondations d’une lignée dont les racines plongent dans la mémoire collective de la Nouvelle-France.

Plaque commémorative à la mairie d’Hautot-Saint-Sulpice (photo de Havang(nl), Wikimedia Commons CC0)

Entrée de Hautot-Saint-Sulpice (photo de Havang(nl), Wikimedia Commons CC0)

 

Monument commémoratif au cimetière de Rivière-Ouelle (photo de Gayle Lambert, utilisée avec permission)  

 
 
 


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Bibliographie :