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Le métier d’enseignant(e) de la Nouvelle-France au Canada

Plongez dans l'évolution de l'enseignement depuis les premiers jours de la Nouvelle-France jusqu'à l'établissement de l'école formelle et obligatoire. Découvrez comment les forces culturelles, religieuses et sociétales ont façonné ce parcours, et comprenez l'évolution des rôles et des possibilités offertes aux enseignants et aux élèves tout au long de l'histoire du Canada. En outre, nous abordons le chapitre déconcertant des pensionnats indiens, en reconnaissant leur impact significatif sur les communautés autochtones.

 

L’enseignant ou enseignante est une personne qui enseigne ou instruit. Selon l'époque et le lieu, un enseignant pouvait également être appelé instituteur, maître d’école, éducateur ou professeur (institutrice, maîtresse d’école, éducatrice ou professeur au féminin).  

 

L'histoire de l'enseignement au Canada est un voyage fascinant qui remonte aux premiers jours de la Nouvelle-France. À cette époque, les écoles étaient rares et l'éducation était avant tout une affaire de famille. Au fil des siècles, cet humble début s'est transformé en un système éducatif structuré. Nous allons nous pencher sur la transformation du rôle de l'enseignant(e) et du système éducatif canadien, en explorant les étapes clés qui ont jalonné cette évolution.


Dans les premiers temps de la Nouvelle-France, il n'y avait tout simplement pas assez d'enfants pour justifier l'établissement d'écoles primaires ou secondaires telles qu'elles existaient en France. Au contraire, l'éducation s'intégrait à la vie quotidienne. La mère de famille jouait un rôle central dans la transmission des connaissances, puisant dans sa propre éducation en France ou dans ses propres enseignements maternels pour éduquer ses enfants et souvent ceux de sa communauté. Si elle maîtrisait parfaitement les études religieuses, son enseignement ne s'étendait pas forcément à la lecture, à l'écriture ou aux mathématiques. Les compétences essentielles, comme la couture, le jardinage et le défrichage, étaient souvent transmises par d'autres membres de la famille afin d'assurer la productivité des enfants.

« La maitresse d’école », gravure de François-Bernard Lépicié d’après Jean Siméon Chardin, 1740 (Metropolitan Museum of Art, Wikimedia Commons)

« Pupitre », gravure de John Henry Walker, 1850-1885 (Musée McCord)

Des Récollets aux Jésuites : La fondation de l'enseignement primaire

« La France apportant la foi aux Hurons de la Nouvelle-France », peinture attribuée au Frère Luc, vers 1671 (Centre de conservation du Québec, Wikimedia Commons)

Le gouvernement colonial français confia l'éducation formelle à l'Église catholique, créant un programme d'études pour y inclure la religion, les mathématiques, les sciences naturelles et la langue française. Par conséquent, l'éducation à l'époque de la Nouvelle-France était étroitement liée aux enseignements religieux et aux objectifs des autorités coloniales. Dès 1615, les Récollets, un ordre catholique, ont créé des écoles dans le double but d'instruire et d'assimiler les enfants autochtones à la foi chrétienne. Cette démarche s'inscrit dans le cadre de l'ambition des autorités coloniales françaises de transformer les peuples des Premières Nations en loyaux sujets français, un processus appelé francisation. Cependant, ces premières tentatives de scolarisation se sont heurtées à des difficultés considérables, principalement liées aux disparités culturelles et au mode de vie nomade et autosuffisante des communautés indigènes, et n'ont finalement connu qu'un succès limité. Cliquez ici pour en savoir plus sur les pensionnats autochtones en Nouvelle-France et plus tard au Canada. Cliquez ici pour en savoir plus sur les pensionnats autochtones en Nouvelle-France et plus tard au Canada.

En 1635, les Jésuites, un autre ordre religieux, ont établi la toute première école primaire au Québec, ce qui a marqué un tournant dans l'histoire de l'éducation au Canada. Baptisée Petite École, cette institution marqua le début de l'enseignement primaire formel au Canada, s'adressant principalement aux enfants des colons. Elle a également joué un rôle important en attirant au Canada un plus grand nombre de familles françaises qui cherchaient pour leurs enfants une éducation semblable à celle qu'ils recevraient dans leur pays d'origine. Les premières leçons de l'école ont été suivies par une vingtaine de garçons européens et autochtones. À la même époque, des prêtres capucins ouvrent un séminaire en Acadie pour les garçons mi'kmaqs et abénaquis.


Les pionnières de l'éducation des filles : Les Ursulines et Marguerite Bourgeois

En 1639, les Ursulines, dirigées par Marie de l'Incarnation, sont arrivées à Québec à l'invitation des Jésuites. Trois ans plus tard, elles établissent la première école pour jeunes filles, tant blanches qu'autochtones. Tout comme leurs homologues masculins, les Ursulines ont pour mission principale de convertir les jeunes filles autochtones à la foi catholique.

« Premières religieuses ursulines avec des étudiantes indiennes », aquarelle de Lawrence R. Batchelor, vers 1931 (Bibliothèque et Archives Canada)

« Marie de l’Incarnation enseignant sous un frêne », vitrail de Claude Bettinger dans la Chapelle des Ursulines à Québec

À travers le paysage du Canada ancien, des institutions similaires ont vu le jour, favorisant l'éducation des filles. Des écoles sont ouvertes à Montréal par Marguerite Bourgeois et la Congrégation de Notre-Dame à partir de 1658, et à Trois-Rivières vers 1664. La rareté des enfants à Montréal à cette époque est telle que les garçons ont accès à ces écoles jusqu'en 1666, date à laquelle une école primaire réservée aux garçons voit le jour, grâce aux efforts des Sulpiciens et des frères Charon. À cette époque, l'éducation des filles se limite généralement à ces écoles, car l'enseignement spécialisé et supérieur ne leur est pas accessible. Il existe toutefois des établissements dédiés à l'enseignement ménager à Québec, à Montréal et à l'Île-d'Orléans.

Le système d'éducation étant fermement placé sous la responsabilité de l'Église, c'est à l'évêque qu'incombe le rôle d'établir les écoles, de nommer les éducateurs et d'élaborer les programmes d'études. En 1669, cette responsabilité incombe à l'évêque François de Laval, qui charge la Congrégation de Notre-Dame de répandre l'éducation des filles dans la colonie. Des groupes de religieuses dévouées de la Congrégation, généralement en groupes de deux ou trois, se rendent dans les paroisses les plus peuplées de la Nouvelle-France pour y ouvrir des écoles. Très souvent, elles reçoivent un soutien financier de l'évêque ou des prêtres.

 

« Marguerite Bourgeoys », de Jean-Baptiste Lagacé dans l’Histoire du Canada (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

 

Dès l'année 1700, les fruits de leur travail sont apparents : des établissements d'enseignement fleurissent aux quatre coins de la colonie. De la basse-ville de Québec à Château-Richer, en passant par Sainte-Famille, Champlain, Lachine et Pointe-aux-Trembles, le réseau de ces écoles s'étend loin. Avec le temps, les religieuses étendent leur rayon éducatif encore plus loin, établissant des écoles à Boucherville, à La Prairie, à Saint-Laurent et jusqu'à Louisbourg, en Acadie.


Du Séminaire de Québec à l'Université Laval

Pour la plupart des élèves, l'éducation s'arrête avec la petite école, qui marque la fin de l'apprentissage formel. En général, les enfants ne passent que deux ans dans une salle de classe. À Québec, cependant, les autorités veulent une école secondaire capable de former la future élite du pays. En 1655, les Jésuites fondent une école pour les garçons où ils peuvent choisir d'apprendre les arts (grammaire, latin, grec et humanités, enseignés en latin) ou les sciences (philosophie, physique et mathématiques, enseignées en français). L'année 1660 marque la naissance du Séminaire de Québec, une institution destinée à répondre aux aspirations des jeunes garçons qui se destinent à la prêtrise. Les élèves y apprennent les valeurs religieuses et spirituelles, ainsi que le chant et la prière. C'est dans ce milieu éducatif que les racines de la croissance intellectuelle et spirituelle ont été semées. Le Séminaire deviendra plus tard l'Université Laval.

« Québec A.D. 1800 – Le Séminaire », gravure (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

« Entrée au Séminaire – Quebec », gravure de 1860 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Enfin, dans le but d'étendre la portée de l'éducation aux commerçants et aux artisans, des établissements spécialisés voient le jour dans des endroits clés. Québec, Montréal et Saint-Joachim accueillent ces établissements, où l'on transmet les compétences et les connaissances indispensables à l'exercice de divers métiers. Les Jésuites établissent une ferme modèle dans les terres fertiles du Cap-Tourmente, offrant une éducation pratique dans l'art et la science de l'agriculture. Pour diversifier davantage le paysage éducatif, des institutions dédiées aux mathématiques et à l'hydrographie sont créées à Québec et à Montréal. Ces écoles deviennent des pépinières d'arpenteurs, de cartographes, d'explorateurs et d'officiers de la marine.


Enseignement rural et éducateurs itinérants

« Le vieux maître d'école », peinture à l’huile de Jean-Jacques Monanteuil, 1850 (Musée de Tessé, Wikimedia Commons)

La majorité des écoles étaient situées dans les centres les plus peuplés, ce qui signifiait malheureusement que les enfants vivant dans les zones rurales avaient peu de chances de recevoir une éducation. Les autorités coloniales ont invoqué les difficultés de l'infrastructure routière et les rigueurs de l'hiver pour ne pas établir de postes d'enseignement dans les zones rurales. Bien que la plupart des familles souhaitaient que leurs enfants reçoivent une éducation de base, elles estimaient également que les travaux domestiques et agricoles étaient plus importants. L'enseignement dans les endroits ruraux suivait un calendrier saisonnier, prévoyant des pauses pendant les saisons cruciales des plantations et des récoltes.

Dans ces zones rurales, la communauté intervenait pour assurer une éducation de base à ses enfants. Dans l'intervalle de leurs fonctions, les prêtres assumaient le rôle d'éducateurs. Les notaires, greffiers, marguilliers et autres commerçants lettrés jouaient également le rôle de maîtres d'école lorsque les circonstances l'exigeaient. Il existait même des éducateurs itinérants qui se rendaient dans les villages de la colonie pour dispenser une éducation rudimentaire aux enfants et même aux adultes qui voulaient apprendre à lire, à écrire, à signer leur nom ou à compter. En échange de leurs services d'enseignement, ces enseignants itinérants comptaient sur la bonne volonté des habitants, s'assurant le gîte et la nourriture lors de leurs brefs séjours dans chaque foyer. Leur modeste équipement pouvait comprendre une ardoise et un petit caillou, un jeu de 26 cartes (une pour chaque lettre de l'alphabet) ou un abécédaire. Certains ont ingénieusement réutilisé des missels usagés ou de vieux journaux comme écritoires.

« Groupe d'écoliers et écolières avec leur institutrice devant l'école de rang de rivière Désert », vers 1910 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)


Former de jeunes gens : Programme d'études et objectifs

« Sœur Grise enseignante au Couvent Notre-Dame du Sacré-Cœur », 186? (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

 À l'époque de la Nouvelle-France, le programme d'études des garçons et des filles, qu'ils soient européens ou autochtones, suivait un cours similaire de lecture, d'écriture, d'art oratoire et de prières en français et en latin. Les filles apprenaient la couture, la broderie et les rudiments de l'agriculture, tandis que leurs homologues masculins pouvaient apprendre les bases de l'arithmétique, de l'agriculture, de la menuiserie et de la maçonnerie. Les cours de religion faisaient partie intégrante de l'éducation des enfants. En fait, l'objectif premier de l'école était de faire des enfants des citoyens catholiques de qualité, dotés de bonnes valeurs morales, et non de les préparer à l'enseignement supérieur. La capacité à lire et à écrire était considérée comme un moyen d'accéder aux textes religieux et de s'engager dans la pratique religieuse. Les enseignants s'appuyaient fortement sur des méthodes éprouvées : mémorisation par cœur, récitation et copie de textes religieux.

Guides et fournitures de l'enseignant

Pendant le Régime français au Canada, l'absence d'imprimerie locale a de profondes répercussions sur l'éducation. Les écoles et les éducateurs se retrouvent entièrement dépendants de la France pour leurs fournitures et leur matériel pédagogique. Un petit livret intitulé L'école paroissiale ou la manière de bien instruire les enfants des petites écoles, imprimé à Paris en 1654, est probablement le premier manuel d'enseignement utilisé au Canada. (Ce n'est qu'en 1851 que le tout premier Guide de l'instituteur canadien a finalement été imprimé.) Le guide de l'école paroissiale définit les compétences nécessaires à un enseignant, les concepts religieux qu'il doit enseigner et les méthodes qu'il doit utiliser pour transmettre ses connaissances.


L'école paroissiale ou la manière de bien instruire les enfants des petites écoles de 1654 (Wikimedia Commons)

Le Guide de l'instituteur de 1851 (Open Library)

La trousse de l'enseignant de l'époque comprenait probablement des textes religieux, tels que des bibles, des catéchismes et divers manuels religieux. Pour écrire, les enseignants et les élèves utilisaient généralement des plumes d'oie, des encriers et du parchemin ou du papier pour les exercices d'écriture. Ces matériaux étant relativement rares et coûteux, les élèves pouvaient partager les ressources ou utiliser des ardoises pour s'exercer à l'écriture et à l'arithmétique. Les enseignants avaient également besoin de bougies ou de lampes à huile, en particulier pendant les mois d'hiver, lorsque les heures de clarté étaient limitées.


Transitions en matière d'éducation : De la Nouvelle-France au Bas-Canada

Après la conquête britannique en 1760, les familles sont restées la principale source d'éducation des enfants. Le pays comptait moins de 50 écoles primaires, ce qui s'est accompagné d'un faible taux d'alphabétisation moins de 20 % pour les hommes et moins de 15 % pour les femmes à la fin du XVIIIe siècle. Conscients de la nécessité d'un changement, les leaders sociaux de la fin des années 1700 ont commencé à plaider en faveur d'un système d'éducation publique.

À cette époque, les autorités britanniques voyaient également dans l'éducation un moyen d'associer l'apprentissage aux valeurs du protestantisme, à la langue anglaise et aux coutumes britanniques. Les familles canadiennes-françaises s'opposent fortement à ces efforts, qui sont finalement contrés par l'Église catholique, dont l'influence est encore forte.

« Montmagny - Pensionnat Notre-Dame-du-Bon-Conseil », 1917 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

En 1801, le Bas-Canada franchit une étape importante en adoptant l'Acte pour l'établissement d'école gratuite et l'avancement des sciences dans cette province. En vertu de cette loi, le gouvernement prenait en charge une partie du salaire de l'enseignant, tandis que les parents payaient des frais de scolarité pour couvrir le reste. Les frais de construction et d'entretien des écoles étaient à la charge de la communauté locale, établissant ainsi un principe fondamental qui perdure aujourd'hui : le partage de l'autorité en matière d'éducation entre le gouvernement central et la communauté locale.  

Au cours de cette période, l'éducation au Canada était principalement le privilège des enfants issus de l'élite ou résidant dans les zones urbaines. Du milieu du 19e siècle au milieu du 20e siècle, les enfants des zones rurales étaient généralement confiés à un enseignant solitaire dans une école à classe unique. Les éducateurs ruraux disposaient généralement de ressources modestes : un bureau, une sélection de livres et de cartes, un tableau noir orné de craies et de brosses, un globe terrestre, une horloge, un dictionnaire et une cloche pour attirer l'attention des jeunes esprits. L'aspect pratique était également présent avec un balai, une boîte à bois ou un seau à charbon pour alimenter le poêle, ainsi qu'une pelle. La plupart des enseignants ruraux ne disposaient pas d'une formation ou de qualifications officielles.

En 1836, des centres de formation connus sous le nom d'écoles normales voient le jour à Québec et à Montréal, puis dans d'autres villes canadiennes à partir de la fin des années 1840. Ces institutions ont pour mission essentielle de former les enseignants et de fixer des normes minimales de qualification. Le terme « normale » provient de l'École normale supérieure de France, où les méthodes d'enseignement acquises deviennent la norme pour toutes les écoles. Si les écoles normales du Québec ont d'abord eu une brève existence, ce n'est qu'en 1857 que trois écoles normales ont été solidement établies.

La femme demeure, au 19e siècle, étroitement associée au domaine privé, à la vie domestique et familiale. Dans cette optique, les pédagogues ne cherchent pas à faire d’elles des femmes savantes mais plutôt des femmes cultivées, ouvertes sur le monde qui les entoure, faisant preuve d’un bon jugement moral, capables de gouverner adéquatement leur maison, d’élever leurs enfants et de faire honneur à leur époux.
— Pôle culturel du Monastère des Ursulines à Québec

« Brevet de capacité accordé à Demoiselle Marie Barbeau le 2 septembre 1857 » (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)


Appel à la réforme

Au milieu du 19e siècle, les leaders sociaux poursuivent résolument leurs efforts en vue de la mise en place de systèmes scolaires intégrés dans l'ensemble du Canada. Parmi eux, trois figures notables s'imposent comme les champions de l'idée d'une éducation publique généralisée : Egerton Ryerson en Ontario, Jean-Baptiste Meilleur au Québec et John Jessop en Colombie-Britannique. Ces défenseurs sont convaincus qu'un système scolaire solide est la clé pour résoudre une myriade de problèmes de société, qu'il s'agisse de réduire la criminalité ou d'atténuer la pauvreté.

Le révérend Dr Adolphus Egerton Ryerson, vers 1850 (Government of Ontario Art Collection, Wikimedia Commons)

Jean-Baptiste Meilleur (image tirée de l’Histoire des Canadiens-Français. 1608-1880 de Benjamin Sulte, Wikimedia Commons)

Au cours du XIXe siècle, un changement sociétal notable s'est produit au Canada : les familles ont commencé à avoir moins d'enfants et, parallèlement, à investir davantage dans l'éducation. Cette évolution souligne la prise de conscience que l'éducation ouvre la voie à une meilleure qualité de vie. Au tournant du siècle, les systèmes scolaires se sont solidement implantés et la fréquentation des écoles est devenue obligatoire dans toutes les provinces, à l'exception du Québec.

Les Canadiens français restent l'exception. Malgré l'adoption de pratiques contraceptives par les francophones au milieu du 19e siècle, leur utilisation est nettement moins intense que celle des autres groupes. De même, si davantage d'enfants francophones commencent à fréquenter l'école au cours de cette période, leur taux de scolarisation reste nettement inférieur à la moyenne nationale. Par conséquent, le taux d'alphabétisation des francophones reste très inférieur à la norme canadienne jusqu'au début du 20e siècle. La principale raison du manque d'enthousiasme des Canadiens français pour l'éducation est ancrée dans la survie matérielle et la sécurité grâce au travail de tous les membres de la famille. Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale que la relation entre le système éducatif et la société francophone commence à changer.


La féminisation

Au début des années 1860, le Canada a vu émerger la féminisation de la profession d'enseignant, une tendance profondément influencée par des facteurs sociaux et culturels. Cette transformation a redéfini l'enseignement comme une profession viable pour les femmes, élargissant ainsi leur rôle dans la population active et dans l'éducation. Si cette évolution a ouvert des portes aux femmes, elle a également introduit des défis liés à l'équité entre les sexes et à la représentation des dirigeants dans le système éducatif. À la fin du XIXe siècle, environ 80 % des enseignants étaient des femmes.

« Groupe d'institutrices de L. H. », juin 1897 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)


Les pensionnats autochtones

Entre les années 1870 et 1997, le Gouvernement du Canada a mis en place un système de pensionnats dans le but d'assimiler les enfants autochtones à la culture eurocanadienne. Plus de 150 000 enfants des Premières Nations, Métis et Inuits ont été contraints de fréquenter ces écoles, gérées par diverses dénominations chrétiennes et financées par le gouvernement canadien. Les enfants autochtones ont été séparés de force de leur famille et de leur communauté, soumis à des conditions de vie difficiles, à la suppression de leur culture et à des violences physiques et psychologiques. Le dernier pensionnat indien à avoir fermé ses portes est celui de Kivalliq Hall, à Rankin Inlet (aujourd'hui au Nunavut), en 1997. L'héritage des pensionnats indiens a laissé de profondes cicatrices dans les communautés autochtones, entraînant des traumatismes intergénérationnels, la perte de la langue et de la culture, et des efforts de réconciliation continus au Canada. Dernièrement, la découverte de fosses anonymes sur les sites des anciens pensionnats a mis en lumière l'ampleur de la tragédie et a relancé l'attention sur la nécessité de la vérité, de la guérison et d'une véritable réconciliation.

« L. P. Papineau, abbé et ses élèves à Wikwémikong », vers 1928 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

« Filles Mi'kmaq dans un cours de couture au pensionnat catholique indien Shubenacadie à Shubenacadie, en Nouvelle-Écosse », vers 1929 (Fonds des Affaires autochtones et Développement du nord / Bibliothèque et Archives Canada)

 Un soutien est offert à toute personne touchée par son expérience dans les pensionnats.

La Ligne d’écoute nationale des pensionnats indiens a été mise en place pour fournir un soutien aux anciens élèves et aux personnes touchées. Les gens peuvent accéder à des services de soutien en appelant la ligne de crise nationale 24 heures sur 24 : 1-866-925-4419.


L'évolution de l'enseignement au Canada, depuis l'époque de la Nouvelle-France jusqu'à la mise en place de l'école formelle et obligatoire, témoigne de l'interaction entre la culture, la religion et le changement social. Elle reflète non seulement la croissance du système éducatif, mais aussi l'évolution des rôles et des possibilités offertes aux enseignants et aux élèves tout au long de l'histoire du Canada. Cependant, au milieu de ce récit des progrès de l'éducation, il est essentiel de reconnaître le chapitre profondément troublant des pensionnats indiens, qui ont laissé un héritage traumatisant dans les communautés autochtones. Cette histoire souligne la complexité du système éducatif canadien qui, parallèlement à son développement, est devenu une composante à part entière d'un réseau interconnecté d'institutions, dont les hôpitaux, les entreprises, les prisons et les organismes de protection sociale.

« Une enseignante lit à ses étudiants à la Somerled Daily Vacation School, Montréal, Québec », 1960 (Ministre de la Main-d’œuvre et de l’Immigration / Bibliothèque et Archives Canada)

 

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Bibliographie et lecture complémentaire :