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Joseph Hinse & Marie Pausé

Venez découvrir l'histoire fascinante de deux frères vivant à Haverhill, au Massachusetts, qui ont été kidnappés et emmenés au Canada en 1696 par les Abénaquis autochtones. Les deux frères Haynes sont devenus connus sous le nom de « Joseph Hinse » et ont choisi de rester en Nouvelle-France. Ils sont aujourd'hui les ancêtres de milliers de Canadiens français.

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Joseph Hinse et Marie Pausé

Venez découvrir l'histoire fascinante de deux frères vivant à Haverhill, au Massachusetts, qui ont été kidnappés et emmenés au Canada en 1696 par les Abénaquis autochtones. Les deux frères Haynes sont devenus connus sous le nom de « Joseph Hinse » et ont choisi de rester en Nouvelle-France. Ils sont aujourd'hui les ancêtres de milliers de Canadiens français.

 

Jonathan Haynes, fils de Jonathan Haynes et de Sarah Moulton, est né le 3 septembre 1684 à Newbury, Massachusetts, au États-Unis.  

Naissance de Jonathan Haynes à Newbury en 1684 (Ancestry)

Localisation de Newbury au Massachusetts (données cartographiques © 2021 Google)


Enlèvement

Quelque années après sa naissance, les parents de Jonathan déménagent leur famille au village de Haverhill, environ 15 kilomètres à l'ouest de Newbury. Le 15 août 1696, lorsque Jonathan Haynes (père) récoltait dans un champs en vue de sa maison, dans West Parish, pendant que ses quatre enfants cueillaient des fèves, un groupe d'Abénaquis attaquent le village. Jonathan et ses enfants sont fait prisonniers : Mary (19 ans), Thomas (16 ans), Jonathan (12 ans) et Joseph (7 ans).  

 

La Nouvelle-Angleterre vit dans la peur

Attaque d'un poste anglais par les Français et les Indiens en 1690, dessin d’un artiste inconnu (Archive.org)

Au cours de la décennie qui a précédée le raid de Haverhill en 1696, il y a eu de nombreuses attaques contre les colons anglais, ainsi qu'envers les villages « indiens ». Ces attaques furent menées dans le cadre de la guerre du roi Philip, puis de la Première guerre intercoloniale (King William's War en anglais) et enfin de la Deuxième guerre intercoloniale (Queen Anne’s War en anglais). En conséquence, les villageois de la Nouvelle-Angleterre vivaient dans la peur constante des attaques de représailles.

« Map of King William's War » (carte de la Première guerre intercoloniale), de Sémhur et Hoodinski (Wikimedia Commons).


Les prisonniers sont apportés à Penacook (l'actuel Concord) au New Hampshire, où ils sont séparés. Un groupe d'Abénaquis apportent le père Jonathan et Thomas dans le Maine, où ils réussissent à s'enfuir. Le 22 février 1698, le père Jonathan et un de ses voisins, Samuel Ladd, sont tués par des autochtones.

Haynes et Ladd, qui vivaient dans la partie ouest de la ville, étaient partis ce matin, avec leurs attelages, composés chacun d’un attelage de bœufs et d’un cheval, et accompagnés de leurs fils aînés, Joseph et Daniel, pour ramener à la maison du foin, qui avait été coupé et empilé l’été précédent, dans leur pré, à l’extrême ouest de la ville. Alors qu’ils revenaient lentement, rêvant peu du danger présent, ils se trouvèrent soudain entre deux files d’Indiens, cachés dans les buissons de chaque côté de leur chemin. Ils étaient sept d’un côté. Avec des fusils présentés et armés, et les pères, voyant qu’il était impossible de s’échapper, ont supplié “quarter”. Le jeune Ladd, qui n’aimait pas l’idée d’être fait prisonnier sans résistance, dit à son père qu’il monterait à cheval et tenterait de s’échapper. Mais le vieil homme lui interdit d’essayer, lui disant qu’il valait mieux risquer de rester prisonnier. Cependant, il lâcha le cheval de son père et lui donna le fouet, il partit à toute allure et, malgré les tirs répétés des Indiens, réussit à atteindre la maison et donna une alarme immédiate et générale.

Deux des Indiens s’avancèrent alors derrière les pères et leur portèrent un coup violent sur la tête. M. Haynes, qui était assez âgé, tomba instantanément, mais pas Ladd. Un autre des sauvages s’avança alors devant ce dernier et leva sa hache comme pour frapper. Ladd ferma les yeux, s’attendant à ce que le coup tombe - mais il ne vint pas - et quand il les rouvrit, il vit l’Indien rire et se moquer de ses peurs. Un autre l’a immédiatement suivi et l’a abattu d’un coup.

Les Indiens, lorsqu’on leur a demandé pourquoi ils avaient tué les vieillards, ont dit qu’ils avaient tué Haynes parce qu’il était si vieux qu’il ne pouvait pas nous accompagner ; et qu’ils ont tué Ladd, qui était un homme féroce et sévère, parce qu’il était « si aigre ».
— Extrait de « The history of Haverhill, Massachusetts, from its first settlement, in 1640, to the year 1860 » (notre traduction)

Thomas est capturé de nouveau. Il demeure prisonnier pendant plus d'un an avant d'être libéré. Le chef indien lui aurait donné une canne ornementale en signe de respect pour sa bonne conduite en tant que prisonnier. Cette canne, longue d'environ quatre pieds et brisée en trois morceaux, se trouverait maintenant à la New England Historical Genealogical Society à Boston.


Arrivée au Canada

Pendant ce temps, Jonathan, Joseph et Mary sont menés au Canada. L'hiver suivant, Mary est rachetée pour 100 livres de tabac et retourne à Haverhill. Jonathan grandit parmi les Abénaquis pendant plus de dix ans. C'est pendant cette période qu'il est baptisé dans la religion catholique par un prêtre missionnaire et devient « Joseph » [l'acte de baptême n'existe plus]. Cela nous indique que son frère Joseph est probablement dans un autre village. Vers 1706, Jonathan (devenu Joseph) gagne sa liberté, mais reste en Nouvelle-France.

« Couple abénaqui », aquarelle du XVIIIe siècle d'un artiste inconnu (Ville de Montréal)


Au mois de mai 1710, deux « Joseph Hins » apparaissent sur des lettres de naturalité accordées par Sa Majesté le Roi Louis XIV à un grand nombres d'Anglais catholiques. Le premier Hins habite au Cap Saint-Ignace, tandis que le deuxième habite la côte de Beaupré. Selon les lettres, les frères Hinse peuvent désormais jouir de tous les droits et privilèges qu'aurait un Français de naissance. Cependant, ils ne peuvent pas quitter la Nouvelle-France sans permission écrite. [Rien n'indique que les frères se soient rencontrés au Canada, ou qu'ils aient même su l'existence l'un de l'autre.]

Extrait des lettres de naturalité française en 1710 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Le nom « Haynes » au Canada français est écrit Hince, Hinse, Hin, Hinsse, Ins, Ince, Inns, etc.


Marie Pauzé, fille de Jacques Pauzé et de Marie Jobidon, est née le 4 novembre 1694. Elle est baptisée le même jour à Montmagny, Canada, en Nouvelle-France. [Pauzé est souvent épelé Posé.]

Acte de baptême de Marie Pauzé en 1694 (FamilySearch)

Mariage

Joseph Hinse et Marie Pauzé se présentent devant le notaire Abel Michon le 2 octobre 1712 pour rédiger un contrat de mariage. Le couple se marie le lendemain à Montmagny. Joseph a 28 ans. Marie a 17 ans. Sur le contrat de mariage, Joseph est « fils de jean Ince Et Engelique inse ». Sur l'acte de mariage, il est « fils de feu Jean Hins et Angélique Holkne de Hevrel (ou Heurel) auprès de Baston ». Selon plusieurs historiens, Hevrel ou Heurel serait Haverhill. [Le nom Angélique serait une erreur ; malgré cette difficulté, les historiens croient que Joseph Hinse est bel et bien Jonathan Haynes de Newbury.]

Le mariage de Joseph Hinse (« Hins ») et Marie Pauzé (« Posé ») en 1712 (Ancestry)


 

Âge légal pour se marier

Pour se marier à l'époque de la Nouvelle-France, un marié devait avoir au moins 14 ans, tandis qu'une mariée devait en avoir au moins 12. À l'époque du Bas-Canada et du Canada-Est, les mêmes exigences étaient en place. L'Église catholique a révisé son code de droit canonique en 1917, changeant l'âge minimum du mariage à 16 ans pour les hommes et 14 ans pour les femmes. En 1980, le Code civil du Québec a relevé l'âge minimum à 18 ans pour les deux sexes. De plus, les mineurs avaient besoin du consentement parental pour se marier. En Nouvelle-France, l'âge de la majorité était de 25 ans. Sous le régime britannique, il est passé à 21 ans. Depuis 1972, l'âge de la majorité au Canada est fixé à 18 ans.


  • Marie Madeleine Hinse (1725-1767)

  • Marie Angélique Hinse (1726-1727)

  • François Marie Hinse (1729-1816)

  • Marie Louise Hinse (1731-1814)

  • Clément Hinse (1734-1820)

Joseph et Marie ont au moins dix enfants:

  • Joseph Hinse (1714-1762)

  • Jean Baptiste Hinse (1716-1794)

  • Alexandre Noël Hinse (ca. 1718-1787)

  • Augustin Hinse (1720-1749)

  • Marie Josèphe Hinse (1723-1776)


Joseph est charpentier de métier.

Le 20 août 1716, il reçoit une concession de terre en la seigneurie de la Rivière du Sud par Jean Baptiste Couillard de Lespinay, co-seigneur et conseiller du Roi, et son frère Louis Couillard, co-seigneur.

 

La seigneurie

La seigneurie était un grand terrain concédée par le gouverneur et l'intendant à un seigneur. Le système seigneurial fut implanté en Nouvelle-France en 1627 et aboli en 1854. Dans ce système, le seigneur divisait ses terres entre des censitaires (colons ou habitants), qui pouvaient ensuite défricher les terres et les exploiter, et y construire des bâtiments. Chaque portion de terrain s'appelait une censive. La plupart de ces terrains en forme de trapèze étaient situés le long du fleuve Saint-Laurent ou d'une autre rivière, avec un côté étroit faisant face à la rivière ou à une route.

Image satellite moderne du fleuve Saint-Laurent, montrant clairement les anciennes parcelles seigneuriales (données cartographiques ©2020 Google)

Le locataire censitaire payait un loyer annuel au seigneur et payait également pour que son grain soit moulu au moulin de la seigneurie. En plus de ces paiements, il payait un « cens », un paiement plutôt symbolique qui indiquait que la terre de l’habitant était au bas de la hiérarchie féodale et ne pouvait pas être sous-licenciée. Ces paiements de « cens et rente » signifiaient que l'habitant était propriétaire de sa terre et pouvait donc la donner en héritage, la louer ou la vendre, à condition de payer ses « lods et vente », des taxes équivalant à 1/12 de la valeur de vente. 

Le seigneur n'avait pas beaucoup de responsabilités envers ses habitants. Il était obligé de construire un moulin pour ses locataires, qui devaient à leur tour y moudre leur grain et lui fournir un sac de farine sur 14 produits. Le seigneur avait aussi le droit d'exiger un nombre déterminé de jours de travail forcé (appelé la corvée) de ses habitants et pouvait faire valoir ses droits sur la pêche, le bois d'œuvre et les pâturages communs.


Le 13 décembre 1741, un inventaire est dressé des biens de la communauté de Joseph et Marie, « de la paroisse de St-Thomas ». Trois jours plus tard, ils cessent leurs biens meubles et immeubles à leurs enfants.

Le 7 août 1742, Joseph et Marie vendent une maison située sur le bord de la rivière du Sud (côté du sud) à Joseph Gendron (leur gendre), Augustin Hinse et Jean Hinse.

Joseph Hinse est décédé à l'âge de 60 ans le 28 mars 1745. Il est inhumé le lendemain dans le cimetière de Montmagny.

Sépulture de Joseph Hinse en 1745 (Ancestry)


Marie Pauzé est décédée à l'âge de 86 ans le 25 juin 1781. Elle est inhumée deux jours plus tard dans le cimetière de la paroisse St-Mathieu à Beloeil.

Sépulture de Marie Pauzé en 1781 (FamilySearch)

 

Plaque commémorative à Montmagny (BillionGraves)

 
 


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Bibliographie :

  • Marcel Fournier, De la Nouvelle-Angleterre à la Nouvelle-France (Montréal, Société généalogique canadienne-française , 1992), 141.

  • André Lachance, Vivre, aimer et mourir en Nouvelle-France; Juger et punir en Nouvelle-France: la vie quotidienne aux XVIIe et XVIIIe siècles (Montréal, Québec: Éditions Libre Expression, 2004), 124-128.

  • Ernest-L. Monty, « Les deux frères Hins », Mémoires de la Société généalogique canadienne-française, Vol. XVIII — No 3, juillet-août-septembre 1967, 149.

  • Programme de recherche en démographie historique (PRDH), Université de Montréal (https://www.prdh-igd.com), fiche pour Joseph Hinse et Marie Pauze, union 11260.

  • « Fonds Conseil souverain - BAnQ Québec », Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://advitam.banq.qc.ca/notice/400045), « Lettres de naturalité accordées par Sa Majesté », 1 mai 1710 – 31 mai 1710, Cote : TP1,S36,P463, ID 400045 ; citant les données originales : Pièce provenant du Registre des insinuations du Conseil supérieur de Québec (10 mars 1691 au 20 février 1714), volume C, f. 47v-50.

  • « Québec, registres paroissiaux catholiques, 1621-1979 », images numérisées, FamilySearch (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3QSQ-G99W-DC27?i=10), baptême de Marie Posé, 4 nov. 1694, Montmagny > Saint-Thomas > Baptêmes, mariages, sépultures 1679-1785 Abjurations 1787-1869 > image 11 of 584 ; citant les données originales : Archives Nationales du Quebec, Montréal.

  • Ibid., https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3QS7-L99Q-QCC7?i=308, sépulture de Marie Pausé, 26 juin 1781, Beloeil > Saint-Mathieu-de-Beloeil > Index 1792-1876 Baptêmes, mariages, sépultures 1772-1795 > image 309 of 648.

  • « Massachusetts, U.S., Town and Vital Records, 1620-1988 », images numérisées, Ancestry.ca (https://www.ancestry.ca/), naissance de Jonathan Haynes, 3 sep. 1684, Newbury, MA ; citant les données originales : Town and City Clerks of Massachusetts. Massachusetts Vital and Town Records. Provo, UT: Holbrook Research Institute (Jay and Delene Holbrook).

  • « Registres paroissiaux et Actes d’état civil du Québec (Collection Drouin), 1621 à 1968 », images numérisées, Ancestry.ca (https://www.ancestry.ca/), mariage de Joseph Hins et Marie Posé, 3 oct. 1712, Montmagny ; citant les données originales : Gabriel Drouin, comp. Drouin Collection. Montréal, Québec, Canada: Institut Généalogique Drouin.

  • Ibid., sépulture de Joseph Hins, 29 mars 1745, Montmagny.

  • Parchemin, Société de recherche historique Archiv-Histo, « Concession d'une terre située en la seigneurie de la Rivière du Sud; par Jean-Baptiste Couillard de Lespinay, seigneur en partie de la Rivière-du-Sud, conseiller du Roi et son procureur au siège de la Prévôté et Amirauté de la ville de Québec, demeurant en la ville de Quebec, faisant pour lui que pour Louis Couillard, co-seigneur de la Rivière-du-Sud, son frère, à Joseph Insse, habitant, de la seigneurie de la Rivière du Sud. », 20 août 1716, notaire A. Michon.

  • Ibid., « Inventaire des biens de la communauté de Joseph Ainse et Marie Pozé, de la paroisse de St Tomas. », 20 août 1716, notaire A. Michon.

  • Ibid., « Cession de biens meubles et immeubles; par Joseph Ainse et Marie Pozé, son épouse, de la paroisse de St Thomas, à Joseph Ainse (27 ans), Jean-Baptiste Ainse (25 ans), Alexandre Ainse (23 ans), Augustin Ainse (21 ans), Marie-Josèphe Ainse (19 ans), Marie-Madeleine Ainse (17 ans), François-Marie Ainse (13 ans), Marie-Louise Ainse (10 ans) et Clément Ainse (7 ans), leurs enfants », 16 décembre 1741, notaire P.-F. Rousselot.

  • Ibid., « Vente d'une maison située sur le bord de la rivière du Sud du côté du sud; par Joseph Ainse et Marie Pozé, son épouse, de la Riviere du Sud, à Joseph Gendron, Augustin Ainse et Jean Ainse », 7 août 1742, notaire P.-F. Rousselot.