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Jean Valiquet dit Laverdure & Renée Loppé

Nos arbres généalogiques contiennent toutes sortes d'ancêtres : de simples cultivateurs, des familles pionnières, de braves voyageurs et de courageuses « Filles du roi » et « Filles à marier ». Mais ils comprennent aussi des adultères, des ivrognes, des propriétaires d'esclaves et des personnes accusées de crimes horribles. Qu'on le veuille ou non, ils font tous partie de notre généalogie. Voici l'histoire d'une de ces Fille à marier, Renée Loppé, dont le mari, Jean Valiquet dit Laverdure, aurait commis le pire des crimes.

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Jean Valiquet dit Laverdure & Renée Loppé

Attention : cette histoire comprend du contenu que certains lecteurs pourraient trouver dérangeant, y compris un crime contre des enfants. Pour un public averti seulement.

Nos arbres généalogiques contiennent toutes sortes d'ancêtres : de simples cultivateurs, des familles pionnières, de braves voyageurs et de courageuses « Filles du roi » et « Filles à marier ». Mais ils comprennent aussi des adultères, des ivrognes, des propriétaires d'esclaves et des personnes accusées de crimes horribles. Qu'on le veuille ou non, ils font tous partie de notre généalogie.

Voici l'histoire d'une de ces Fille à marier, dont le mari aurait commis le pire des crimes.

 

Marie Renée Loppé, fille de Jean Loppé et de Marie Després, est née vers 1643 à Saint-Jean de Lamothe au Mans, Maine, France (aujourd'hui Saint-Jean-de-La Motte dans le département de la Sarthe). Le nom de famille de Renée est parfois orthographié « Lops ».

Carte postale non-datée de Saint-Jean de La Motte (Geneanet)

Localisation de Saint-Jean de La Motte (Google)

Renée a perdu ses deux parents à un jeune âge. Confrontée à des perspectives limitées en France, elle prend la décision fatidique de quitter son pays en 1658 et de naviguer vers la Nouvelle-France. À l’âge de seulement 15 ans, Renée est devenue « fille à marier », recrutée pour épouser l'un des nombreux hommes célibataires au Canada et fonder une grande famille (du moins, c'est ce que les autorités coloniales espéraient).


Jean Valiquet dit Laverdure, fils du notaire Jean Valiquet et de Nicole Langevin, fut baptisé le 14 juillet 1632 dans la paroisse de St-Vincent au Lude, La Flèche, Anjou, France (aujourd'hui dans le département de la Sarthe). Le Lude est situé dans la vallée de la Loire, à seulement 20 kilomètres de Saint-Jean-de-La-Motte, ville natale de la future épouse de Jean. La commune est célèbre pour son château du Xe siècle, le Château du Lude, actuellement habité par la même famille depuis plus de 260 ans.

Baptême de Jean Valiquet en 1632 (Archives Départementales de la Sarthe)

Carte postale non-datée du Château du Lude et ses jardins (Geneanet)

Carte postale non-datée du Lude (Geneanet)


La Grande Recrue

En 1653, Jean Valiquet fait partie de la centaine de jeunes hommes français recrutés par Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, pour venir en Nouvelle-France. Dans une initiative baptisée « la Grande Recrue », Maisonneuve a parcouru le Maine et l'Anjou pour trouver des jeunes hommes célibataires prêts à défricher des terres et à devenir soldats. Jean et ses camarades ont signé des contrats avec la Compagnie de Montréal, qui leur promet salaire, logement et nourriture, ainsi qu'un passage s'ils choisissent de retourner en France. Armurier et serrurier de métier, Jean signe un contrat de cinq ans comme milicien, au salaire annuel de 80 livres. Avant de partir, il reçut 114 livres d'avance sur salaire. Les objectifs de la Grande Recrue étaient d'augmenter la population de Ville-Marie (aujourd'hui Montréal) et de la protéger des attaques iroquoises.

Le village très peu peuplé de Montréal, de 1645 à 1650 (dessin de P.L. Morin publié en 1884 ; Archives de Montréal)

Jean quitta la France du port de Saint-Nazaire à bord du vaisseau le Saint-Nicolas le 20 juin 1653. Maisonneuve était également à bord, tout comme Marguerite Bourgeoys. Après de graves problèmes de navigation et un court séjour sur l'île Saint-Nicolas-des-Défunts, le Saint-Nicolas arrive à Montréal le 16 novembre. Jean termine son engagement de cinq ans et décide de rester dans la colonie.

Plaque dans le Vieux-Montréal commémorant La Grande Recrue  (© The French-Canadian Genealogist 2022).


Fonder une famille à Montréal

Mariage de Jean Valiquet dit Laverdure et Renée Loppé en 1658 (FamilySearch)

Le 20 septembre 1658, Jean Valiquet et Renée Loppé comparaissent devant le notaire Bénigne Basset à Montréal pour dresser un contrat de mariage. Jean avait 26 ans; il a pu signer le contrat. Renée avait environ 15 ans et ne savait pas signer. Pour se marier à l'époque de la Nouvelle-France, un marié devait avoir au moins 14 ans, tandis qu'une mariée devait en avoir au moins 12. Trois jours après la signature de leur contrat, Jean et Renée se sont mariés en l'église paroissiale de Notre- Dame. L'une des signatures sur l'acte de mariage est celle de Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, cofondateur de Ville-Marie et gouverneur de l'île de Montréal, et l'homme qui a recruté Jean pour venir au Canada.

Jean et Renée ont eu trois enfants au cours des cinq années suivantes : Mathurin, Marie Nicole et Marie Élisabeth Isabelle.

En 1659, Jean obtient une terre à Montréal d'un arpent et demi de front (face au fleuve Saint-Laurent) sur 15 arpents de profondeur. En plus de défricher et de cultiver des terres, Jean jouait un rôle militaire. En 1663, il est caporal du 19e escadron de la milice Sainte-Famille de Montréal. La milice canadienne servait aux côtés de l'armée pour défendre les villes et les villages. Les miliciens n'étaient pas des soldats professionnels mais on leur apprenait à manier les armes. La milice de Sainte-Famille était composée de 139 miliciens dirigés par un major, répartis en escouades de sept miliciens, chacune dirigée par un caporal. Les caporaux sont élus par les miliciens, signe que Jean avait bonne réputation auprès de ses pairs.

En 1666, la famille Valiquet est inscrite au recensement de la Nouvelle-France vivant à Montréal. L'année suivante, un autre recensement fut effectué, démontrant que Jean possédait 11 arpents de terre « en valeur » mais pas d'animaux.

Recensement de 1666 (Bibliothèque et Archives Canada)

Recensement de 1667 (Bibliothèque et Archives Canada)

Au cours de la décennie suivante, Jean et Renée ont eu cinq autres enfants : Hélène, Françoise, Catherine, Jean et Pierre. Le plus jeune était le seul fils à se marier et à transmettre le nom de Valiquet.

Marie Renée Loppé est décédée à Montréal entre le 14 novembre 1676 et le 20 mars 1679, jour du mariage de sa fille Marie Nicole. Elle serait épargnée du scandale qui allait bientôt suivre.


Le procès de Jean Valiquet

Le 27 octobre 1679, Jean est accusé d'avoir eu une « copulation charnelle » avec une de ses filles et d'avoir tenté de molester les deux autres. Bien que les preuves semblaient circonstancielles, Jean fut condamné à subir la « question extraordinaire » afin d'obtenir un aveu (autrement dit, la torture), puis d'être pendu et étranglé jusqu'à la mort à une potence dressée en la place publique où se tient le marché. Tous ses biens devaient être confisqués.

Une transcription du document de procès est fournie par Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), avec une orthographe modernisée :

« Le Prisonnier », peinture à l’huile de Nikolai Alexandrovich Yaroshenko de 1878 (WikiArt)

«Du vendredi vingt-sept octobre 1679 du matin. Le Conseil assemblé. Absents. Monsieur le gouverneur Messieurs de Tilly conseiller et d'Auteuil procureur général. Jean Valliquet. Vu par la Cour le procès extraordinairement fait à la requête du substitut du procureur fiscal au bailliage et juridiction de Montréal, appelant de sentence de mort rendue audit bailliage à l'encontre de Jean Valliquet dit LaVerdure d'une part, et ledit Jean Valliquet à présent transféré des prisons dudit lieu en celle de cette ville intimé d'autre part, sentence dont est appel datée du septième septembre dernier signée Maugue greffier, par laquelle ledit Valliquet est déclaré atteint et convaincu d'avoir eu copulation charnelle avec l'une de ses filles, et d'avoir attenté de ravir des deux autres, l'honneur et pour réparation condamné d'être pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'ensuive à une potence qui pour cet effet serait dressée en la place publique où se tient le marché, et auparavant d'y être attaché, qu'il serait préalablement mis et appliqué à la question extraordinaire pour avoir s'il se peut par sa bouche la confession desdits crimes, et ses biens confisqués à qui il appartiendrait, ensuite de laquelle sentence est l'acte de la prononciation qui en aurait été faite audit Jean Valliquet lequel aurait dit avoir été mal jugé, et lui demande par ses juges s'il voulait appeler en cette Cour, il aurait dit qu'il demandait du temps pour y penser, comme aussi la déclaration de l'appel qui en aurait été interjeté par ledit substitut en présence duquel ladite prononciation avait été faite, le procès et pièces sur lesquelles ladite sentence est intervenue, le tout contenu dans un même cahier. Interrogatoire subi par ledit Valliquet par-devant le conseiller rapporteur en date du dix-huit du présent mois. Conclusions du procureur général du vingt-quatre du présent mois. Le rapport du sieur Depeiras conseiller, tout considéré. Dit a été qu'avant de passer outre, il sera plus amplement informé; et ce faisant ordonne la Cour que le nommé Laval sera assigné à la requête du procureur général à comparaître par-devant le conseiller rapporteur. »

Le mois suivant, Jean dépose et perd l'appel de sa condamnation. Cependant, en raison de la présentation de circonstances atténuantes et du témoignage de Jacques Milot dit Laval, son compatriote de la Grande Recrue, la peine de Jean fut commuée en bannissement. Il lui était désormais interdit d'approcher l'île de Montréal dans les trente lieues, sous peine de punition corporelle.

Une transcription du document est fournie par Bibliothèque et Archives nationales du Québec :

« […] la déclaration de l'appel dudit substitut, interrogatoire fait audit Jean Valliquet par le conseiller commissaire le dix-huit octobre dernier. Conclusions du procureur général du 24e dudit mois, arrêt du 27e information faite par ledit commissaire du dix-neuvième du présent mois contenant la déposition de Jacques Millot dit Laval. Autres conclusions dudit procureur général du même jour, ouï ledit Jean Valliquet à la chambre le jour d'hier, le rapport du sieur Depeiras conseiller en cette Cour. Tout considéré. Prononcé audit Jean Valliquet à l'issue du conseil les jour et an susdits. La Cour a mis et met l'appel et ce dont était appelé au néant, ordonne qu'il sera plus amplement informé. Et cependant que ledit Valliquet sera élargi des prisons défenses à lui de s'approcher de l'île de Montréal plus près de trente lieues, sous peine de punition corporelle, et que le substitut sera mandé à certain et compétent jour. Et sur la demande dudit Jacques Millot pour son voyage ladite Cour lui a taxé la somme de quatre-vingt-dix livres à prendre sur le fisc des seigneurs de ladite île de Montréal. »

Document du procès de Jean Valiquet en octobre 1679 (BAnQ)

Document du procès de Jean Valiquet en novembre 1679 (BAnQ)


Nous ne savons pas qui s'est occupé des plus jeunes enfants Valiquet après le bannissement de Jean. Marie Nicole, la fille aînée, était déjà mariée. Le fils aîné, Mathurin, mourut un an après le procès, « chez M. de Varennes ». Isabelle, Hélène et Pierre se sont mariés respectivement en 1681, 1684 et 1701. On ne connaît pas le sort de Françoise, Catherine et Jean, mais ils n'ont pas été enregistrés au recensement de 1681. 

Après son bannissement de Montréal, Jean s'est rendu à Québec, où il a travaillé pour Nicolas Marion pendant plusieurs mois. Il s'installe alors à Lauzon. En 1684, il obtient de François Ruette, sieur d'Auteuil, une concession de terre sur la côte de Lauzon, mesurant 6 arpents de front sur 30 arpents de profondeur. Cependant, il abandonna bientôt la terre, devenant volontaire pour combattre les Iroquois lors de la campagne de Labarre.

Jean Valiquet dit Laverdure est décédé à l'âge de 64 ans, démuni, le 20 août 1696, à l'Hôtel-Dieu de Québec.

Inscription de Jean Valiquet au registre de l'Hôtel-Dieu de Québec (FamilySearch)

Dessin de l’Hôtel-Dieu à Québec (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

 

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Article publié le 18 mai 2022.

Sources :

  • « Registres paroissiaux et d'état civil », images numérisées, Archives Départementales de la Sarthe (http://archives.sarthe.fr/), baptême de Jean Valiquet, 14 juillet 1632, Lude (Le), cote 1MI955R2, B 1614-1639 (Suite) > image 119 sur 197.

  • Université de Montréal, base de données du Programme de recherche en démographie historique, (https://www.prdh-igd.com), entrée pour Jean Valiquet Laverdure et Marie Renee Lops, union 1163.

  • Université de Montréal, base de données du Programme de recherche en démographie historique, (https://www.prdh-igd.com), entrée pour Marie Renee Lops, personne 48035.

  • Fédération québécoise des sociétés de généalogie, base de données Fichier Origine (http://www.fichierorigine.com), entrée pour Jean Valiquet / Laverdure (personne 244025), mise à jour le 14 sept. 2016.

  • Peter Gagné, Before the King’s Daughters: Les Filles a Marier, 1634-1662 (Orange Park, Florida : Quintin Publications, 2002), 207-209.

  • Thomas J. Laforest, Our French-Canadian Ancestors vol. 26 (Palm Harbor, Florida, The LISI Press, 1997), 240-248.

  • Sylvie Tremblay, « Jean Valiquette, un engagé de la Grande Recrue de 1653 », Cap-aux-Diamants, (75), 2003, 56. Numérisé par Érudit (https://www.erudit.org/fr/revues/cd/2003-n75-cd1046317/7324ac.pdf).

  • « Canada, Québec, registres paroissiaux catholiques, 1621-1979 », images numérisées, FamilySearch (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3QSQ-G9MB-DQH5?i=116&cc=1321742&cat=46693), mariage de Jean Valiquet et Renée Loppé, 23 sept. 1658, Montréal > Notre-Dame > Baptêmes, mariages, sépultures 1642-1699 > image 117 of 1937; citant les données originales: Archives Nationales du Québec, Montréal.

  • « Registres journaliers des malades, 1689-1876 », images numérisées, FamilySearch (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:9398-9R9Y-GG?i=552&cat=66831), entrée pour Jean Valiquet, 20 Aug 1696, Index chronologique des malades et des sépultures, 1689-1698 Index alphabetique, 1689-1698 Registres des malades, 1689-1698 Listes des soldats venus de France 1693-1698 > image 553 of 604.

  • « Quebec, Canada, Vital and Church Records (Drouin Collection), 1621-1968 », images numérisées, Ancestry.ca (https://www.ancestry.ca/), mariage de Jean Valiquet Laverdure et Marie Renée Lops, 23 sept. 1658, Montréal (Notre-Dame); citant les données originales : Gabriel Drouin, comp. Drouin Collection. Montréal, Quebec, Canada: Institut Généalogique Drouin.

  • « Recensement du Canada, 1666 », Bibliothèque et Archives Canada (https://collectionscanada.gc.ca/), entrée pour Jean Valliquet, 1666, Québec, instrument de recherche MSS0446, MIKAN no. 2318856, page 136; citant les données originales: Centre des archives d'outre-mer (France) vol. 460.

  • « Recensement du Canada, 1667 », Bibliothèque et Archives Canada (https://collectionscanada.gc.ca/), entrée pour Jean Valiquet, 1667, Québec, instrument de recherche MSS0446, item 2318857, page 167; citant les données originales: Centre des archives d'outre-mer (France) vol. 460.

  • « Fonds Conseil souverain - BAnQ Québec », images numérisées, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://advitam.banq.qc.ca/notice/402534), « Ordre d'assigner Jacques Millot dit Laval dans le procès criminel contre Jean Valiquet dit Laverdure accusé d'avoir eu copulation charnelle avec l'une de ses filles (viol) et d'avoir tenter de ravir l'honneur des deux autres (tentative de viol) et qui est condamné à être pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'en suive à une potence qui sera dressée sur la place publique où se tient le marché après avoir été soumis à la question extraordinaire pour confesser ses dits crimes », 27 oct.1679, cote TP1,S28,P2445, ID 402534.

  • « Fonds Conseil souverain - BAnQ Québec », images numérisées, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://advitam.banq.qc.ca/notice/402535), « Renvoi de l'appel de Jean Valiquet dit Laverdure accusé d'avoir eu copulation charnelle avec l'une de ses filles (viol) et d'avoir tenter de ravir l'honneur des deux autres (tentative de viol) et qui est condamné à être pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'en suive à une potence qui sera dressée sur la place publique où se tient le marché après avoir été soumis à la question extraordinaire pour confesser ses dits crimes; défense au dit Valiquet d'approcher de l'île de Montréal à moins de trente lieues sous peine de punitions corporelles », 21 nov. 1679, cote TP1,S28,P2446, ID 402535.